au 19ème siècle, voyant les effets du matérialisme dans le vécu de ses contemporains, Victor Hugo faisait le diagnostic suivant assorti de propositions: “La grande erreur de notre temps, cela a été de pencher, je dis même de courber, l’esprit des hommes vers la recherche du bien matériel. Il faut relever l’esprit de l’homme, le tourner vers la conscience, vers le beau, le juste et le vrai, le désintéressé et le grand. C’est là et seulement là, que vous trouverez la paix de l’homme avec lui-même et par conséquent avec la société.”
En regardant l’école ivoirienne, on pourrait dire que cette citation vient à propos. Car depuis plus de deux décennies, l’école ivoirienne donne l’impression de ne plus être un havre de paix. tout y est sujet à contestation, souvent par la voie de la violence. aucun acteur du système éducatif n’est épargné par cette dynamique. D’où la nécessité de revenir à l’enseignement et à la transmission de valeurs et de l’esthétique. a l’analyse, l’école ivoirienne souffre plus de la confusion qui règne autour de ses missions et valeurs. a pré- vue, malgré les énormes investissements consentis par le gouvernement dans le secteur éducatif, tout laisse croire que l’école continue de dégringoler de son pié- destal d’antan. Le classement PasEC de 2014 la classant en 8è position sur un échantillon de 10 pays africains l’illustre assez bien. aujourd’hui, il a été dé- cidé de baisser les conditions de passage en classes supérieures et de redoublement. La question est de savoir s’il faut s’efforcer de relever le niveau des élèves pour qu’ils répondent aux conditions normales de passage en classes supérieures ou plutôt s’il faut faire le lit de la médiocrité en baissant ces conditions. En réalité, il est impératif pour les responsables en charge de notre système éducatif de faire le diagnostic de notre système éducatif et de répondre aux questions suivantes: Quelle vision faisons-nous de l’école en Côte d’Ivoire? Quelles missions doit-on lui assigner et avec quelles valeurs ? a la première interrogation, nous pouvons répondre en affirmant que tous, nous envisageons que l’école soit le lieu de transmission par excellence du savoir, du savoir-faire et du savoir-être à la jeunesse ivoirienne, pour être sûr d’avoir demain des citoyens capables de faire de la Côte d’Ivoire un pays émergent.
au regard des mutations actuelles, il est impératif que l’école ivoirienne s’assigne des missions précises et plus larges qui sortent du cadre traditionnel. En clair, en plus de l’instruction, l’école doit inculquer véritablement des valeurs morales et culturelles africaines à notre jeunesse, dont la discipline, le respect des aînés et des institutions, l’intégrité et l’amour du travail, des choses que les familles n’arrivent plus à assumer convenablement. En plus, l’école doit pouvoir offrir les armes qu’il faut à notre jeunesse, afin de mieux la préparer à son intégration socio-professionnelle. D’où, la question du contenu pédagogique qui doit allier théorie et pratique. C’est seulement à ce prix, que notre école pourrait redevenir la pépinière de citoyens de valeur, capables de porter la Côte d’Ivoire vers son réel développement socio-économique. Il est clair que pour atteindre cet objectif, il faut s’inspirer d’exemples venus d’ailleurs. toutefois, il faut arrêter d’importer des modèles clés en main qui ne collent pas à nos réalités et qui ne répondent pas aux défis qui sont les nôtres actuellement. NURUDINE OYEWOLE [email protected] Expert-consultant en communication