SOS Méditerranée: l’ONG touchée, mais pas coulée

L’« Aquarius », le bateau devenu célèbre pour avoir sauvé 30 000 migrants en Méditerranée va rester à quai. SOS Méditerranée a décidé de mettre fin à l’affrètement du navire. L’ONG créée pour venir en aide aux migrants dénonce une campagne de criminalisation à son encontre ce qui l’empêche aujourd’hui de continuer ses opérations de sauvetage. Mais l’équipe ne baisse pas les bras.

Lors de la conférence de presse de ce vendredi 7 décembre au matin, SOS Méditerranée a décidé de mettre fin à l’affrètement de l’Aquarius, mais entend bien continuer sa mission.

Dans la cale d’une péniche des bords de Seine, Frédéric Penard, directeur des opérations de SOS Méditerranée, a le visage blême. Il vient d’annoncer, devant les journalistes, la fin de l’Aquarius. « La décision d’arrêter l’affrètement du navire n’a pas été simple à prendre parce que ce navire est un navire idéal pour le sauvetage, confie-t-il à RFI. C’est pour cela qu’il a été systématiquement attaqué, harcelé, bloqué. Aujourd’hui, il fallait se rendre à la raison : ce navire n’est probablement pas le meilleur outil pour repartir en mer. Et notre énergie, notre détermination, doit être concentrée pour aller au-devant de ces personnes qui, aujourd’hui, meurent encore en mer Méditerranée. »

Voilà deux mois que l’Aquarius n’a plus de pavillon, il est donc immobilisé à Marseille, mais l’équipe ne veut pas baisser les bras, car si « le navire est le symbole de la faillite des pays européens face à la crise des migrants, selon les mots de la directrice France SOS Méditerranée, c’est aussi le symbole de l’espoir d’une mobilisation citoyenne pour des valeurs humaines. »

Silence « complice »

Frédéric Penard poursuit : « On a encore l’espoir qu’il y ait des pays qui aient des valeurs solides. Certains gouvernements ont montré une hostilité manifeste et une grosse majorité de gouvernement, en particulier en Europe, ont fait preuve d’un silence relativement complice, dû aussi en partie au fait que l’Aquarius ait quelque chose de très symbolique. Un nouveau navire nous permettra de partir dans une relation plus posée avec l’état du pavillon et mener notre mission de sauvetage. »

Les équipes de SOS Méditerranée espèrent pouvoir reprendre la mer en 2019. Alors qu’en plein hiver, les départs d’embarcations en direction de l’Europe continuent sans coordination de sauvetage au large de la Libye.

RFI