Trois leçons pour un meilleur développement du monde des affaires en Afrique

Création d’entreprises, obtention du permis de construire, raccordement à l’électricité, transfert de propriété, obtention de prêts, protection des investisseurs, paiement des impôts et taxes, commerce transfrontalier, exécution des contrats, règlement de l’insolvabilité, coût de facteurs de production des biens et des services… Tels sont les indicateurs de mesure du climat des affaires définis par les instituts ou agences de notation. Toutefois, un regard croisé sur ces différents indicateurs nous livre trois leçons essentielles dont la mise en œuvre apparaîtrait comme des leviers d’attractivité des investissements en Afrique.

Première leçon : recherchons la bonne gouvernance, mettons en place un système judiciaire fiable et les investisseurs afflueront à nos portes !

Le facteur essentiel de la bonne gouvernance pourrait regrouper une bonne partie des indicateurs utilisés dans les divers classements : l’endettement, la diversification économique, la modernisation de la bureaucratie… Avec des marchés pourtant faibles, le Botswana (2,3 millions d’habitants seulement), l’île Maurice (1,2 million) se retrouvent généralement bien lotis grâce aux choix opérés par des leaders économiquement visionnaires et éclairés.

Le système judiciaire, même s’il n’est pas généralement intégré comme indicateur dans les classements, apparaît à notre sens comme pilier fondamental dans l’amélioration et le développement du climat des affaires. L’on comprend dès lors ce que gagneraient des Etats qui entreprendraient des réformes institutionnelles pour réduire la corruption, améliorer la gestion des finances publiques, renforcer le cadre judiciaire afin de disposer d’une bonne note souveraine.

Deuxième leçon : accroissons la couverture infra-structurelle!

La Banque africaine de développement a révélé que l’absence d’infrastructures réduit le taux de croissance du PIB par habitant de 2,6%. Sur le Continent, les déficits en infrastructures se chiffrent entre 130 et 170 milliards de dollars. Les deux premiers marchés, le Nigeria et l’Éthiopie, y affichent des performances remarquables grâce à leurs efforts en matière d’infrastructures dans les secteurs de l’énergie, des transports et de l’immobilier. En revanche, de nombreux pays font traîner des projets infra-structurels à longueur d’année, sans se rendre compte que les lenteurs administratives accroissent le coût de construction et constituent un frein à la croissance, et partant, au développement.

Troisième leçon : accélérons l’intégration régionale

Certains pays africains disposent d’un potentiel naturel des plus recherchés et enviables, mais ils sont minés par des conflits complexes et interminables. Le débat sur leur attractivité économique n’a pas encore commencé. La lueur d’espoir ne pourrait se dessiner sans un mouvement global impulsé par l’Union africaine, notamment avec l’application de l’Agenda 2063 et le regain de dynamisme tant souhaité au sein des sous-régions.

Cette troisième leçon apparaît moins dans les classements internationaux. Pourtant, les échanges commerciaux intracontinentaux se révèlent plus bénéfiques que le commerce extra-continental. Les gains sont immédiats et faiblement soumis aux fluctuations diverses.

En 2050, l’Afrique comptera 2 milliards d’habitants. Pour que chaque habitant de ce continent dispose d’une richesse moyenne annuelle de 4 000 dollars, seuil caractéristique d’un pays à revenu intermédiaire, il faudra dès aujourd’hui enregistrer un taux de croissance annuel à deux chiffres dans 75% de pays africains. En l’absence d’une telle performance, nos enfants découvriront, comme nous, un vaste fossé entre la poignée des pays tutoyant le sommet des classements d’attractivité économique et le reste de la classe, englué dans les profondeurs du fait des pratiques qui rebutent les investisseurs.

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