Je vous salue tous. Je suis heureux de vous retrouver ici, aprĂšs le lundi 9 aoĂ»t dernier, au Palais de la Culture, oĂč c’Ă©tait plus bouillonnant. Kplohourou (Eric KahĂ©) , ça va ? Je ne parlerai pas beaucoup. Chers amis, j’ai Ă©coutĂ© votre discours et je vais faire quelques commentaires, quelques petits commentaires.
D’abord, je vous remercie de me souhaiter la bienvenue mais ne pleurez pas trop sur moi ! Parce que, dans les pays du tiers monde, quand on s’engage Ă faire de la politique et qu’on veut changer quelques petites choses, par ci par lĂ , la prison est souvent la cage Ă laquelle on passe.
Ici, pour mener une vie paisible et tranquille, il faut t’exercer Ă ne rien voir, ne rien entendre et ne rien dire. Mais quand vous et moi, on a dĂ©cidĂ© de voir, d’entendre et de dire, la prison n’est pas loin. La prison est notre voisine, qui quelque fois nous prend mais qui peut aussi ne pas nous prendre.
Je vous salue, vous tous qui avez fait la prison et il y en a beaucoup. Je salue Danielle Claverie, parce que c’est une dame. C’est toujours difficile quand on apprend qu’une dame est arrĂȘtĂ©e que quand c’est un homme. Mais, cette fois lĂ , c’est dans le bon sens. Donc je vous salue et puis je salue KahĂ© Ăric, qui a fait une dizaine d’annĂ©es Ă l’extĂ©rieur. Notre ami Anaky Kobenan, qui est en encore au dehors, il y a mĂȘme soro guillaume qui n’est pas de notre mouvance aussi mais qui est dehors. Quand un ivoirien est dehors, il faut militer pour qu’il ait la libertĂ© de venir. Quelque soit ce qu’il pense, ce qu’il fait, moi sur ce plan lĂ , j’agis pour les libertĂ©s de tout le monde. Et je pense que dans un pays, oĂč on a pas encore atteint le niveau des libertĂ©s pour chaque citoyen d’aller et venir, de dire oĂč de ne pas dire, c’est que la dĂ©mocratie n’est pas encore totalement installĂ©e.
Moi j’ai des amis français avec qui j’ai fait l’Ă©cole et s’ils Ă©taient des ivoiriens, compte tenu de ce qu’il disent, de ce qu’ils profĂšrent et Ă©crivent, ils auraient pu faire peut ĂȘtre dix fois la prison. Mais ils sont tranquilles, nous causons, nous nous tĂ©lĂ©phonons mais c’est la diffĂ©rence et c’est ce gap lĂ , sur le plan de la lutte, qu’il faut qu’on comble. Et vous qui ĂȘtes engagĂ©s politiquement, c’est ce gap lĂ qu’il faut qu’on comble. Moi j’ai Ă©tĂ© PrĂ©sident de la RĂ©publique pendant 10 ans mais aucun homme politique n’a Ă©tĂ© en prison, mĂȘme pas ceux qui portaient les armes contre la RĂ©publique. Mais c’est ça aussi la diffĂ©rence. C’est ça la diffĂ©rence !
Je pense que quand on aura compris, que ce n’est pas en mettant les gens en prison, qu’on rĂšgle les problĂšmes qu’il soulĂšvent, nous arriverons Ă la dĂ©mocratie. Les gens soulĂšvent les problĂšmes, vous les jetez en prison. Ăa rĂšgle quoi ? Ăa ne rĂšgle rien du tout ! Mais c’est un combat qui est difficile. Parce qu’on a envie de rester avec ses parents, ses amis, ses camarades, on a envie de vivre une vie relativement paisible, mais quand on vous jette en prison ou on vous menace de vous jeter en prison, c’est une maniĂšre de vous pousser Ă fuir le pays. C’est difficile mais c’est un combat incontournable. C’est difficile mais si on veut que notre pays soit prospĂšre et libre dĂ©mocratiquement, nous sommes obligĂ©s de passer par lĂ .
Aujourd’hui dans le monde, Ă part la Chine qui est un cas singulier dans le monde Ă cause de la lutte de Mao TsĂ©-Toung, et du succĂšs qu’ils ont, la Chine est le seul pays, Ă parti unique, qui ait des performances Ă©conomiques qui Ă©galent, et dans certains domaines, dĂ©passent les USA. Mais Ă part ça ? Regardez la carte du monde, tous les pays dĂ©veloppĂ©s sont des pays dĂ©mocratiques parce que la libertĂ© de s’exprimer, la libertĂ© de parler, la libertĂ© d’aller et venir est en rapport avec la libertĂ© d’entreprendre. Or sans la libertĂ© d’entreprendre qui a Ă©tĂ© posĂ© comme principe, depuis le 18Ăšme siĂšcle, il n’ya pas de dĂ©veloppement Ă©conomique. Et c’est prĂ©cisĂ©ment sur ça que la Chine a jouĂ©.
Et moi depuis que je suis revenu, le 17 juin 2021, c’est un autre point de rĂ©flexion ! Je constate et c’est dommageable que Abidjan soit devenu une ville si Ă©touffĂ©e et si Ă©touffante. C’est trop rempli ! C’est trop rempli ! MĂȘme pour faire 5 KM et aller saluer un copain, tu mets peut ĂȘtre une heure d’embouteillages, surtout Ă Cocody. Je ne savais pas que Cocody Ă©tait devenu si rempli, il n’y a pas de diffĂ©rence entre les quartiers rĂ©sidentiels et les autres quartiers.
Et c’est pourquoi, et je pense que HouphouĂ«t Boigny avait fait le transfert de la capitale Ă Yamoussoukro, mais je ne sais pas pourquoi il s’est arrĂȘtĂ© en si bon chemin. Quand je suis arrivĂ©, j’ai entrepris de mettre en place, les bĂątiments pour accueillir les nouvelles institutions Ă Yamoussoukro. On m’a arrĂȘtĂ© en 2011, l’AssemblĂ©e Nationale devait ĂȘtre achevĂ©e en 2012. Elle est lĂ bas, bĂątiment immense et elle est devenue un Ă©lĂ©phant blanc. J’ai fait construire l’hĂŽtel des parlementaires Ă Yamoussoukro. LĂ j’ai pris deux dĂ©cisions : Construire un hĂŽtel pour les dĂ©putĂ©s, comme ça quand ils siĂšgent, ils ont un lieu oĂč habiter et la deuxiĂšme dĂ©cision, j’ai fait prolonger l’autoroute de Singrobo Ă Yamoussoukro. L’hĂŽtel des dĂ©putĂ©s a Ă©tĂ© construit avec l’aide de la Chine parce qu’ils ont presque tout fait. L’hĂŽtel nous est revenu Ă 22 milliards, et nous nous n’avons dĂ©pensĂ© que 6 milliards. Mais l’autoroute, nous avons empruntĂ© de l’argent aux banques arabes et c’est lĂ dessus qu’on a pris un peu pour faire le pont de jacqueville, parce que j’Ă©tais en visite Ă jacqueville et ils m’ont demandĂ© un pont. Et lĂ je suis tombĂ© des nues, comme la famille YacĂ© m’avait reçu, j’ai demandĂ© aux enfants Yace : Mais je pensais que votre pĂšre ne voulait pas de pont. Ils m’ont dit c’est faux ! Papa demandait, Ă chaque fois, un pont mais on ne faisait que lui demanderd’attendre. Et quand je suis revenu Ă Abidjan, j’ai envoyĂ© Patrick Achi, qui Ă©tait Ministre des Infrastructures Ă©conomiques, voir les banques arabes pour leur demander d’ajouter aux prĂȘts sollicitĂ©s une marge pour construire le pont de jacqueville. Ils ont acceptĂ© et ils ont choisi une sociĂ©tĂ© Ă©gyptienne qui a fait le pont alors que pour l’autoroute c’Ă©tait une sociĂ©tĂ© tunisienne.
Je viens d’arriver et je trouve Abidjan invivable. Et je n’envisage pas aller rendre des visites parce qu’il n’y a pas de plaisir Ă tirer avec les embouteillages Ă tout coin de rue.
VoilĂ on a du travail Ă faire ! Mais je vais revenir Ă nos problĂšmes politiques.
Au cours de la rĂ©union du ComitĂ© Central, de ce qu’Ă©tait le FPI, j’ai proposĂ© et cela a Ă©tĂ© acceptĂ© par le ComitĂ© Central, j’ai proposĂ© de quitter le FPI et de laisser Ă Affi N’guessan, qui est venu prendre en otage notre Parti que nous avons crĂ©Ă© avec la sueur et les emprisonnement. Parce que nous l’avons nommĂ©, il est venu prendre le Parti en otage. Et il me donne des conditions. Il dit que s’ il doit me rendre la prĂ©sidence, il faut qu’il soit premier Vice-PrĂ©sident avec pleins pouvoirs. Moi ? (Rires dans la salle). J’ai entendu beaucoup de blagues mais des blagues comme ça, je n’ai jamais entendu. C’Ă©tait donc la chose Ă faire, demander au ComitĂ© Central de lui laisser ça. C’est nous qui crĂ©ons, donc on va crĂ©er autres choses. Puisque nous savons crĂ©er et donc bientĂŽt, dans un mois, un mois et demi, on fera un congrĂšs constitutif d’un autre parti avec des objectifs. Lui fera ses objectifs lĂ bas.
Donc je pense que c’est une occasion, pour ce congrĂšs Ă venir, de tout reprendre Ă la base. J’appelle donc tous les ivoiriens qui veulent s’engager Ă nos cĂŽtĂ©s dans le combat pour la dĂ©mocratie, qui n’est pas achevĂ©. J’appelle tous les ivoiriens qui sont dĂ©sireux de reprendre ces combats Ă mes cĂŽtĂ©s, avec nous, comme ça on va mettre sur pied ensemble ce nouveau dispositif politique. C’est comme quelqu’un qui m’a appelĂ© hier nuit, je veux ĂȘtre membre fondateur. J’en ai ri. (Rires dans la salle). Les ivoiriens sont attachĂ©s Ă des petites expressions comme ça. En 1990, quelqu’un me disait, il n’y a pas de cartes de membres fondateurs, mĂȘme si le prix est Ă©levĂ©, je vais acheter (Rires dans la salle).
Bon voilĂ , je voudrais vous dire Merci, Claverie, Assoa Adou, mon petit StĂ©phane KiprĂ©, Kplohourou Ăric KahĂ©, voilĂ ce que je voulais dire. Je vous remercie beaucoup d’ĂȘtre venus. Je suis trĂšs sensible Ă l’honneur que vous me faites en venant me saluer.
Mais sachez que moi je continue le combat. Si je suis fatiguĂ©, un jour, je dirai je suis fatiguĂ© et j’irai au village (Rires) mais en attendant, je vois des gens plus jeunes, et il faut qu’on reparte pour leur laisser les armes du combat. N’est ce pas ? AprĂšs, on ira s’asseoir Ă Gagnoa (Rires). Juste un dernier mot avant de nous quitter. En politique, il ne faut jamais faire du chantage, sinon on vous fait ce qu’on a fait Ă Affi.
Je vous remercie !
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