Au nom d’Allah, Le tout Miséricordieux, le très Miséricordieux
Le pèlerinage n’est pas qu’un voyage vers la maison sacrée d’Allah pour faire le pourtour de la Kaâba, le parcours entre Safa et Marwa et pour se tenir debout sur Le Mont Arafat, c’est avant tout un voyage de cœurs et d’âmes.
Allah, Exalté soit-Il, dit :
( Ô notre Seigneur, j’ai établi une partie de ma descendance dans une vallée sans agriculture, près de Ta Maison sacrée [la Ka’ba], – Ô notre Seigneur – afin qu’ils accomplissent la Salat. Fais donc que se penchent vers eux les cœurs d’une partie des gens. Et nourris-les de fruits. Peut-être seront-ils reconnaissants ? ) Sourate Ibrahim. Verset 37.
A l’occasion du pèlerinage du hadj qui arrive, Ajib.fr partage ces extraits du livre intitulé « Les objectifs du pèlerinage » de son auteur Abdurrazzaq Al-Abbad AL-BADR.
Chacun d’entre nous a besoin, alors qu’il s’apprête à accomplir le pèlerinage vers la Maison Sacrée d’Allah, qu’on lui rappelle ses buts grandioses afin que nous puissions effectuer ses rites en concrétisant ses finalités et en accomplissant ses objectifs.
Nous demandons à Dieu qu’Il nous accorde à tous de Le remercier pour Ses bienfaits, de L’adorer d’une manière correcte et qu’Il nous rende aptes à saisir tout bien qui Lui plaît et dont Il est satisfait.
Premier objectif : l’unicité d’Allah (« tawhîd »)
Le premier des objectifs grandioses du pèlerinage, le plus grand et le plus magnifique d’entre eux est de mettre en application l’unicité d’Allah (exalté soit-il) et se désavouer et se défaire de ce qui s’y oppose – c’est-à-dire du polythéisme. Ceci est assurément le plus noble et le plus grand des objectifs, car l’unicité est la raison même pour laquelle Allah (exalté soit-il) nous a créés et nous a donné vie.
C’est à travers les rites majestueux du pèlerinage, ses symboles admirables et ses actes de culte bénis qu’apparaissent de manière éclatante le statut supérieur de l’unicité, son haut rang ainsi que le fait qu’il constitue une fondation sur laquelle s’édifie la religion d’Allah (exalté soit-il) et sur laquelle repose toute adoration par laquelle le croyant se rapproche d’Allah (exalté soit-il). Et ceci est tellement vrai que tout acte d’obéissance ou toute adoration qui ne repose pas sur l’unicité d’Allah et sur le rejet du polythéisme ne sera pas acceptée d’Allah (exalté soit-il). C’est pour cela que Jâbir (qu’Allah soit satisfait de lui) a dit, lorsqu’il a décrit le pèlerinage du prophète (paix et benediction soient sur lui) : « Il a alors élevé sa voix en proclamant l’unicité d’Allah : « Je réponds à ton appel, ô Allah, je réponds à Ton appel. Je réponds à Ton appel, point de divinité digne d’adoration en dehors de Toi, je réponds à Ton appel. Les louanges, les bienfaits T’appartiennent ainsi que la Royauté. Point de divinité digne d’adoration en dehors de Toi[2]. »»
Ces quelques paroles au poids énorme représentent pleinement l’unicité et le culte exclusif d’Allah (exalté soit-Il), de même que le rejet du polythéisme. A l’opposé de cela, les polythéistes avaient pour habitude d’élever leur voix en proclamant des paroles pleines de polythéisme et d’associationnisme comme cela est rapporté dans « Sahîh Muslim », dans lequel Ibn cAbbâs (qu’Allah soit satisfait de lui) a dit :
« Les polythéistes disaient :
– « Je réponds à ton appel, point de divinité digne d’adoration en dehors de Toi […] »,
– Ce sur quoi le messager d’Allah (paix et benediction soient sur lui) disait : « Cela suffit, cela suffit ! Arrêtez-vous ! »
– Puis ils ajoutaient : « […] Sauf un associé que Tu possèdes, lui et ce qu’il possède ». Ils disaient cela en tournant autour de la Maison [Sacrée][3]. »
Ainsi, sa parole « Point de divinité digne d’adoration en dehors de Toi », est répétée à deux reprises dans la Talbiyah : une première fois immédiatement après sa parole : « Je réponds à Ton appel », et une seconde fois après avoir dit : « Les louanges, les bienfaits T’appartiennent ainsi que la Royauté. » La première fois suggère qu’en répondant à cet appel, on ne Lui attribue aucun associé, et la seconde suggère qu’il n’y a aucun associé en dehors de Lui qui mérite d’être loué, qui comble de bienfaits et qui possède la royauté.
Ainsi, s’il est établi que la louange toute entière appartient à Allah, que les bienfaits proviennent tous de Lui, que la royauté toute entière est la Sienne et qu’Il n’a aucun associé dans tout cela de quelque manière que ce soit, il nous est donc obligatoire de Lui vouer l’adoration de manière exclusive : aussi bien en ce qui concerne la Talbiyah que la soumission, l’assujettissement, l’amour, l’obéissance et la servitude… Et comment est-il possible d’attribuer un associé à Allah (exalté soit-Il) et adorer autre que Lui, alors que cet associé ne possède même pas la pellicule d’un noyau de datte dans cet univers, qu’il ne détient aucune part de la royauté d’Allah (exalté soit-Il) et qu’il n’est pas capable de nuire ni de pourvoir quelque bien, et n’a pas la capacité d’octroyer ni même de priver ? Allah est bien au-dessus de ce qu’ils Lui associent. En fait, toute chose est sous Son contrôle et Il n’a pas d’associé. Et ceci fait partie des preuves les plus claires pour mettre en évidence la nullité du polythéisme, et le fait que ses adeptes comptent parmi les gens les plus sots et les plus éloignés du chemin de rectitude.
Par ailleurs, le prophète (paix et benediction soient sur lui), lorsqu’il est arrivé au Mîqât[4] et s’est mis en état de sacralisation, a proclamé l’unicité d’Allah en disant :
« Ô Allah ! Voici un pèlerinage sans ostentation ni exhibition[5]. » Puis, Il a continué sa route en direction de la Mecque en répétant incessamment ces paroles majestueuses d’unicité qui réunissent les sens du monothéisme, de sa pleine réalisation et le rejet de ce qui s’y oppose. Il (paix et benediction soient sur lui) la répétait ainsi sur son chemin vers la Mecque et ensuite durant ses déplacements entre les différents lieux de culte.
Ensuite, on remarque que le Tawâf[6] autour de la Maison Sacrée, la marche entre les monts As-Safâ et Al-Marwah, la station près du mont cArafah, la veillée à Muzdalifah et tous les autres rites du pèlerinage constituent tous des actes d’obéissance et d’adoration qui reposent sur l’unicité. Il est obligatoire pour tout pèlerin de rechercher à travers toutes ces œuvres et l’ensemble de ces actes d’obéissance le seul visage d’Allah (exalté soit-Il), car Allah n’accepte l’œuvre d’un individu que lorsqu’elle Lui est exclusivement dédiée . Ainsi, Allah (exalté soit-Il) a dit, comme rapporté dans un hadith qudsî[7] :
« Je Me passe totalement d’associés. Et Quiconque accomplit une œuvre en M’y associant autre que Moi, Je le laisse avec son polythéisme[8]. »
Et il incombe à celui qu’Allah (exalté soit-Il) a honoré par la prononciation de ces paroles grandioses – la Talbiyah – de bien avoir ses significations à l’esprit, de bien comprendre ce qu’elles impliquent et de passer sa vie à mettre en pratique l’unicité à laquelle celle-ci appelle, qui exige de vouer le culte exclusivement pour Allah (exalté soit-Il), de ne demander qu’à Allah, de ne demander le secours qu’auprès d’Allah, ne remettre ses affaires qu’à Allah, de ne faire de sacrifice que pour Allah, de ne faire de vœu d’adoration que pour Allah et de ne pas accorder la moindre part d’adoration pour autre qu’Allah.
[Allah dit] :
( قُلۡ إِنَّ صَلَاتِي وَنُسُكِي وَمَحۡيَايَ وَمَمَاتِي لِلَّهِ رَبِّ ٱلۡعَٰلَمِينَ ١٦٢لَا شَرِيكَ لَهُۥۖ وَبِذَٰلِكَ أُمِرۡتُ )
« Dis: « En vérité, ma prière, mes actes de dévotion, ma vie et ma mort appartiennent à Allah, le Seigneur de l’univers. A Lui nul associé ! Et voilà ce qu’il m’a été ordonné[9]. » »
Pour cela, il est nécessaire de s’accrocher fermement à l’unicité, la mettre scrupuleusement en application, observer ses exigences, s’éloigner de tout acte de polythéisme qui pourrait l’invalider ou s’y opposer, et faire preuve d’une vigilance sans faille afin de ne pas emprunter les voies et causes qui pourraient y mener. En vivant de la sorte et en mourant ainsi, on sera ressuscité de la même manière par la permission d’Allah (exalté soit-Il).
Références
[2] Cf. « Sahîh Muslim » (1218). Cette formule est appelée la « Talbiyah ». En translittération : « Labbayk Allâhumma labbayk, labbayk lâ sharîka laka labbayk, inna_l-hamda wa_n-nicmata laka wa_l-mulk, lâ sharîka lak. »
[3] Cf. « Sahîh Muslim » (1185).
[4] NdR : le Mîqât est le lieu vers lequel tout pèlerin doit obligatoirement se mettre en état de sacralisation. Chaque Mîqât est différent selon le lieu de provenance des pèlerins.
[5] Rapporté par Ibn Mâjah dans « As-Sunan » (2890).
[6] NdR : le Tawâf, appelé parfois « circumambulation » ou « circonvolution » est une adoration qui consiste à tourner sept fois autour de la Kacbah (Maison Sacrée) en faisant des invocations, en glorifiant Allah et en y touchant la pierre noire ou en la saluant lorsque cela n’est pas possible.
[7] NdR : un hadith dit « Qudsî » est un hadith dans lequel le prophète (m) rapporte le sens de la parole de son Seigneur sans forcément que ce soit exactement les mêmes termes.
[8] Rapporté par Muslim (2985).
[9] S. 6, v. 162-163.
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