Cette série de trois articles a pour but de partager quelques conseils pour ceux et celles, mariés ou non, qui veulent apprendre comment rater son mariage et être sûr d’être malheureux dans sa vie de couple sur cette Terre. Ils sont basés sur nombre d’exemples réels et quelques lectures, et n’ont évidemment pas vocation à être exhaustifs, donc nous invitons les lecteurs et lectrices à partager d’autres conseils qui seraient utiles à cette fin.
Commençons par deux conseils primordiaux dans ce premier article, très connus car très communs si vous jetez un œil attentif autour de vous. Tout d’abord avoir la conviction que le mariage est la clé du bonheur immédiat et permanent. C’est une conviction bien ancrée dans les esprits des célibataires, beaucoup moins dans les esprits plus avertis des hommes ou femmes mariés. Mais c’est une conviction qui, sans cesse alimentée par la culture moderne, et le culte de la passion amoureuse clé de tout bonheur dans l’idéal hollywoodien, semble incontournable, même dans les esprits les moins romantiques. On cherche sa moitié, celui ou celle qui, dès lors que l’on obtient son amour, nous fera oublier toute épreuve dans cette vie et nous fera vivre une idylle romantique, un bonheur d’amour et d’eau fraîche qui nous transportera sans difficulté tout le long de notre vie.
A cela nous rajoutons notre second conseil, qui relève d’une conviction très répandue également: l’amour véritable ne s’obtient qu’au prix d’efforts considérables, et d’une chance incroyable. Il ne faut ménager aucun effort pour trouver cette perle rare, unique, il faut s’en remettre à ce destin si imprévisible pour mettre sur son chemin celui ou celle qui seul, pourra nous rendre heureux, et une fois trouvé(e) il ne faut alors ménager aucun effort pour séduire et conquérir sa moitié au risque de la perdre et être condamné au malheur pour le restant de ses jours.
Revenons sur Terre. Et revenons à la révélation. Les premiers fruits du mariage, tels que rapportés dans la Sourate Ar-Roum, verset 21, sont la Sakina, que l’on pourait traduire approximativement par la sérénité, la Mawadda, que l’on pourrait traduire par l’amour, et la Rahma, que l’on pourrait traduire par la Miséricorde. Donc oui, grâce à Allah, beaucoup de bonnes choses au Menu ! Mais le bonheur immédiat et permanent, toutes nos excuses, n’y figure pas. Et rendre une seule personne en charge de vous fournir le bonheur permanent sur Terre est à vrai dire en contradiction avec votre foi.
Le bonheur permanent est cité dans le Coran en termes explicites. Dans le verset 108 de la sourate Hud, on apprend, sans détour, que ce sont ceux qui demeurent éternellement au Paradis qui y goûtent. Désolé donc de décevoir les romantiques, point de Paradis sur Terre et point de bonheur permanent et immédiat, fraîchement servi par celui ou celle qui partagera votre vie. Mais beaucoup de joies, de plaisir, de moments de bonheur aussi à celui ou celle qui cherche dans cette relation bénie à satisfaire son Créateur, à suivre la tradition de son Prophète bienaimé, à rendre sincèrement une personne heureuse en l’aidant, dans son quotidien, à trouver sa voie vers le Paradis. Et évidemment beaucoup de bonheur aussi dans la descendance pieuse de ce mariage légitime. Quelques épreuves aussi, quelques déceptions, quelques moments de faiblesse, de lassitude, de tristesse ou de colère, qui testent notre patience et notre comportement de croyant.
La deuxième conviction erronée est de rendre quasi-inaccessible le mariage réussi dans l’idéal de nos célibataires. Et de renforcer ainsi un peu plus les statistiques de célibat à mesure que les années passent. Le mariage réussi est une faveur d’Allah, et Allah donne très facilement Ses Faveurs infinies à celui qui les demande avec conviction et humilité, et saisit ensuite ces faveurs qui lui sont offertes avec satisfaction et sérénité.
Combien de questions se posent donc aujourd’hui les jeunes femmes ou jeunes hommes avant de s’engager dans un mariage. Combien également de questions se posent les parents qui rendent également cette épreuve si difficile. L’Islam n’impose aucune condition sur le prétendant autre qu’une pratique satisfaisante de la religion, et un comportement satisfaisant. De même en matière d’épouse, point de complexité, cherchez celle dont vous agréez le comportement et la pratique. A cela on rajoute le naturel de l’attraction physique… et on s’engage ! Trop facile vous allez me dire. Trop idéaliste. Je me défendrai avec conviction. Génération après génération, les deux dernières générations de l’humanité faisant exception, l’institution du mariage a toujours été liée à d’autres considérations (on se marie dans sa tribu, dans son clan, on marie pour sceller une paix, ou augmenter les chances de réussite sociale de son enfant, etc.) et les mariages n’en étaient pas pour autant malheureux ! Car le vrai travail commence une fois la relation formellement établie.
Le bon musulman à la conviction qu’Allah honore Ses promesses. Et Allah nous promet la réussite si on a un bon comportement, si on fait preuve de générosité, de bienveillance, et dans le cas d’espèce si l’on cherche sincèrement à rendre son partenaire heureux. Ce n’est donc pas une alchimie qui ne prend que si tous les ingrédients sont parfaitement réunis, presque par magie. C’est un travail de tous les jours, une épreuve dans notre foi, qui nous rendra sereins, aimés et bénis de la tendresse de son partenaire au simple prix d’une foi ferme et solide et d’un comportement exemplaire. Et si l’on voit parfois des imperfections dans sa moitié, que l’on remercie Allah, car Lui Seul est Parfait, et en nous offrant ces exemples d’imperfections dans notre quotidien, il nous rappelle à quel point nous devons-nous repentir, et nous en remettre à Sa seule Miséricorde pour goûter au bonheur permanent.