Abidjan, le 13 Septembre 2018 : la lutte contre la commercialisation et l’utilisation des pesticides frauduleux était au centre d’un atelier organisé à Abengourou conjointement par le Ministère de l’Agriculture et du Développement Rural et CropLife avec la participation du Projet de Gestion des pesticides Obsolètes en Côte d’Ivoire (PROGEP-CI). Cet atelier qui a réuni plus de 90 personnes, membres des Comités Départementaux de lutte contre les pesticides Illégaux (CDLPI) des départements d’Abengourou, de Béttié, Akoupé, Bongouanou, Arrah et de M’Batto a été présidé par Fady Ouattara, Préfet de la Région de l’Indénié Djuablin, Préfet du Département d’Abengourou. Il avait à ses côtés, les Préfets des autres Départements.
Ces comités de lutte ont été créés en 2016 avec l’appui du Projet de Gestion des Pesticides Obsolètes en Côte d’Ivoire (PROGEP-CI) pour sensibiliser les populations à l’utilisation responsable des pesticides et lutter contre les pesticides frauduleux. Les CDPLI sont des instruments de lutte mis à la disposition des préfets pour régler les problèmes liés à la gestion des pesticides dans leurs régions.
Les pesticides permettent de lutter contre les ennemis des cultures afin de garantir les productions agricoles et la sécurité alimentaire. Ils sont utilisés dans l’agriculture, l’hygiène publique, la santé animale et le traitement du bois, etc.
L’Afrique ne consomme que 4% du volume mondial de pesticides dans le monde loin derrière l’Amérique du nord 18,5 et l’Europe 22%. Toutefois, il reste à résoudre les questions épineuses de la proportion des pesticides frauduleux utilisés.
En Côte d’Ivoire, on estime en 2018, que 20% des pesticides utilisés en agriculture sont frauduleux contre 40% en 2012. L’objectif visé est de réduire ce taux à 10% à l’horizon 2020.
Pour atteindre cet objectif, Silué Gnénéyéri, Président du Comité Pesticide de Côte d’Ivoire et Directeur de la Protection des Végétaux et du Contrôle de la Qualité (DPVCQ) au Ministère de l’Agriculture et du Développement Rural invite tous les membres des 108 CDLPI à s’impliquer davantage dans la sensibilisation et la lutte contre les pesticides frauduleux sur l’ensemble du territoire national.
« 90% des pesticides frauduleux entrent par la frontière Est de la Côte d’Ivoire. Le poste frontalier terrestre de Takikro dans le département de Koun-Fao est la plaque tournante de cette fraude » s’est-il indigné. Par ailleurs, Ouangolo au nord, Duékoué à l’ouest sont également cités comme des portes d’entrée des pesticides non autorisés en Côte d’Ivoire.
Yéboué Roger, Directeur Exécutif de CropLife Côte d’Ivoire a expliqué les risques liés à la mauvaise utilisation des pesticides et à l’utilisation des pesticides frauduleux.
« Les produits phytosanitaires doivent être utilisés en respectant scrupuleusement les consignes inscrites sur les étiquettes», conseille Yoboué Roger.
Selon l’expert en produits phytosanitaires, ceux qui sont déclarés obsolètes contiennent souvent des substances interdites ou inconnues dangereuses avec de graves conséquences sur l’homme et l’environnement. Plusieurs pesticides frauduleux ont été identifiés comme cancérigènes ou à effets tératogènes.
Il a décrié certaines mauvaises pratiques agricoles notamment le non-respect des délais de carence après les traitements des cultures, les déviations dans l’utilisation des pesticides telle que l’utilisation des pesticides du coton ou du cacao sur les cultures maraichères, l’utilisation des emballages vides à de conservation des produits alimentaires. Ces comportements exposent les utilisateurs mais aussi les consommateurs à des maladies graves.
Justin Yoboué, représentant le Coordonnateur du PROGEP-CI a présenté la situation des pesticides obsolètes et déchets associés en Côte d’Ivoire. « Environ 30 tonnes de pesticides obsolètes provenant des saisies effectuées par les autorités compétentes ou issues des stocks périmés des sociétés ont été déclarées volontairement par les détenteurs ». L’inventaire des pesticides en cours va permettre de connaitre l’origine et la répartition géographique des pesticides.
Il est à noter que la Côte d’Ivoire fait partie des premiers pays de la sous-région qui se sont dotés d’une réglementation phytosanitaire.
Le Projet de Gestion des Pesticides obsolètes et Déchets Associés en Côte d’Ivoire (PROGEP-CI) va aider à revoir les textes règlementaires qui datent de 1989 afin de l’adapter et proposer au besoin de nouvelles lois notamment une loi du pollueur- payeur afin que les contrevenants supportent les frais de destruction des pesticides saisis.
Placé sous la tutelle du Ministère de l’Environnement et du Développement Durable, le PROGEP-CI est un projet financé par le Fonds pour l’Environnement Mondial (FEM) avec pour agence d’exécution, la Banque Mondiale afin d’aider la Côte d’Ivoire à améliorer la gestion des pesticides par l’inventaire, la collecte et l’élimination de manière écologique, des pesticides frauduleux, interdits et périmés qui sont de véritables poisons pour l’homme et l’environnement.
Banque Mondiale