Les batailles qui se jouent lors des élections de mi-mandat ne concernent pas seulement des sièges au Congrès, des postes de gouverneurs ou des milliers de mandats d’élus locaux. Cette année, 155 initiatives populaires sont soumises au vote dans 37 États, selon le site BallotPedia. Un nombre de scrutins conforme à la moyenne des élections précédentes.
Les sujets sont divers mais plusieurs thèmes émergent, miroirs des préoccupations qui traversent le pays. Ainsi, des questions sur le droit de vote et le redécoupage de la carte électorale, qui ont été au cœur de plusieurs polémiques lors de ces élections, devraient être tranchées dans une quinzaine d’États. L’une des initiatives les plus spectaculaires vise à redonner leur droit de vote aux anciens détenus de Floride. En effet, une loi particulièrement sévère interdit jusqu’à présent à toute personne condamnée, y compris celle ayant purgé sa peine ou libérée sur parole, de recouvrer ses droits civiques.
Comme l’indique Fox News le vote de mardi pourrait donc rétablir ce droit pour un million et demi de personnes, modifiant substantiellement la nature de l’électorat. Alors qu’une approbation de 60 % est nécessaire, les derniers sondages indiquent que 69 % des électeurs s’apprêtent à voter « oui » à cette proposition, une proportion qui monte à 93 % chez les Afro-Américains, dont la communauté est particulièrement affectée par cette loi, rappelle le New York Times.
La santé est aussi au cœur des préoccupations dans quatre Etats. Dans l’Idaho, le Montana, le Nebraska, et l’Utah les électeurs devront décider si la couverture santé Medicaid, dont bénéficient les familles les plus pauvres, doit être étendue à davantage de personnes modestes, privées d’assurance faute de ressources suffisantes. Trente-quatre Etats ont déjà adopté cette extension de l’ObamaCare, la réforme du système de santé voulue par Barack Obama et que l’administration Trump s’efforce de saper depuis deux ans. Fustigeant un gaspillage des dépenses publiques – Medicaid est en majeure partie financé par des fonds fédéraux -, les républicains se prononcent généralement contre cet élargissement, même si certains Etats rouges l’ont adopté.
Limiter le droit à l’avortement
Dans le Montana, cette bataille a pris une tournure particulière : alors que l’extension actuellement en vigueur s’achèvera en juillet 2019, le texte soumis au vote propose de financer son maintien par une taxe supplémentaire sur les cigarettes. L’industrie du tabac s’est donc mobilisée, investissant 17,5 millions de dollars pour faire capoter la mesure. Si la proposition est rejetée, près de 100 000 personnes perdront leur couverture santé en juillet, explique le site d’informations spécialisé dans la défense des politiques publiques Thinkprogress.
Le Michigan, le Missouri, le Dakota du Nord et l’Utah pourraient eux rejoindre la trentaine d’Etats qui dans le pays ont légalisé l’usage de la marijuana à des fins récréatives (neuf Etats) ou médicales (21 Etats). Après la Californie et le Vermont, qui ont légiféré sur ces questions ces derniers mois, 2018 se profile comme l’année de la marijuana, raconte Vox.
Enfin, le droit à l’avortement, sujet toujours central pour une grande partie de l’électorat conservateur, sera discuté dans trois Etats. Ces sept dernières années, 400 mesures visant à limiter le droit à l’avortement ont été adoptées dans 33 Etats à majorité républicaine. Cette fois, en Alabama, dans l’Oregon et en Virginie occidentale, l’intention est de limiter l’accès à l’interruption volontaire de grossesse. Les résultats dans l’Oregon seront observés à la loupe par les militants anti-avortement, pour qui une victoire dans cet Etat réputé libéral compterait double, explique USA Today. Elle pourrait les inciter à rouvrir le débat sur la loi de 1973, qui a légalisé l’avortement, en tablant sur le soutien de la Cour suprême désormais à majorité conservatrice.
Le texte mis au vote mardi prévoit d’interdire l’utilisation des fonds publics pour financer le droit à l’avortement, sauf pour des raisons médicales mettant en danger la mère ou l’enfant, et en cas de viol ou d’inceste. L’Oregon est l’un des sept Etats qui remboursent tous types d’IVG par le biais de Medicaid. En août la gouverneure démocrate, engagée dans une réélection difficile, a signé une loi garantissant l’accès à l’avortement à toutes les femmes, sans discrimination.
lemonde.fr