La 7ème semaine africaine de l’eau s’est tenue à Akanda près de Libreville, du 29 octobre au 2 novembre 2018 et a vu la participation de centaines de délégués dont une trentaine de Ministres des pays du continent. Dans un contexte mondial marqué par les conséquences des changements climatiques, les décideurs africains veulent surtout assurer la sécurisation de la gestion de l’eau et relever les défis de l’assainissement.
Aller “ Vers la réalisation de la sécurité de l’eau et l’assainissement géré de manière sûre pour l’Afrique” c’est le pari pris par la trentaine des ministres et les centaines de délégués du continent réunis à Akanda, au nord de Libreville dans le cadre de la 7ème Semaine Africaine de l’Eau.
Cette rencontre, une première en Afrique centrale intervient dans un contexte marqué par le manque d’eau pour des centaines de millions d’Africains.
Selon le Groupe intergouvernemental des experts du climat (Giec), près de 320 millions de personnes n’ont pas accès à l’eau potable en Afrique subsaharienne et globalement 50% de la population du continent est sous la menace.
Or, l’Afrique s’est aussi engagée à atteindre en 2030, donc dans 12 ans l’Objectif six (6) de Développement Durable (ODD 6) formulé par les Nations unies en 2015 et qui vise l’accès de tous à l’eau, de même que toutes les commodités liées à l’eau doivent être garanties aux populations de la planète.
Pour le Conseil des Ministres Africains en charge de l’eau (AMCOW), dont les travaux au Gabon ont été ajournés, cette rencontre de haut niveau traduit l’engagement politique des Etats à rechercher collectivement des solutions idoines à la problématique de l’eau et l’assainissement en Afrique.
Pour ce faire, la réunion d’Akanda a préconisée une stratégie 2018-2030 qui considère l’eau dans son rapport à l’environnement et à l’agriculture, en associant dans une plate-forme régulière, des partenaires privés, les ONG de même que la jeunesse du continent. C’est dans ce sens que le Ministre Gabonais de l’Eau et de l’Energie M. Patrick EYOGHO EDZANG a invité ses hôtes à « une Gestion Intégrée des Ressources en Eau.(GIRE) » Une gestion qui prenne donc en compte le caractère transversal des problématiques liées à l’eau notamment, environnemental, économique, sanitaire (prévention des maladies) et social (réduction des inégalités).
Une démarche qu’a amorcée le Gabon dont le Président de la République Son Excellence Ali Bongo Ondimba a pris en Afrique le leadership de la cause environnementale, interdisant en 2010 l’exportation du bois en grume et créant en 2017 un réseau de 20 aires marines protégées, soit 9 parcs marins et 11 réserves aquatiques couvrant 26% de l’espace marin gabonais.
Le gouvernement gabonais entend aller plus loin avec la mise en place d’un cadre réglementaire et institutionnel innovant, à travers un Code de l’eau, adossé à une Politique Nationale de l’Eau. Selon le Ministre de l’Eau et l’Énergie, «ce cadre réglementaire permettra entre autres de créer un Fonds de l’Eau à même de faciliter l’autofinancement de ce secteur et de pouvoir légiférer sur le secteur Eau».
En attendant ce fonds le pays recours aux bailleurs traditionnels dont :
- la Banque africaine de développement qui a décidé début octobre, d’appuyer le Gabon avec un prêt de 75,4 millions d’euros (près de 50 milliards de francs CFA) pour réhabiliter et renforcer le réseau de distribution d’eau potable de , du Grand Libreville, qui englobe les communes de Libreville, d’Akanda (nord), d’Owendo (sud) et de Ntoum (périphérie est), dans lobjectif récupérer un gap de de perte en eau potable estimé à 50 000m3 par jour .
- La Banque Mondiale qui appuie également le Gabon avec un prêt de 60 000 000FCFA par un programme de réhabilataion et de construction d’ouvrage hydrauliques en milieu rural afin de pérenniser l’exploitation de la réssource en eau dans cette zone par la mise en place dec structure de gestion par des opérateur locaux ;
Et également par la mise en œuvre de partenarait Publics Privées : notament le contrat signé entre l’Etat Gabonais et le Groupement Fond Gabonais d’Investissements Stratégiques (FGIS) et La Société Eranove pour l’augmentation de la quantité d’eau potable transférer à Libreville par la construction d’une Usine de traitement d’eau potable d’une capacité de 140 000m3par jour.
L’aide octroyée par la BAD s’inscrit dans un vaste projet, d’un coût total de 117,4 millions d’euros, cofinancé avec le fonds chinois « African Growing Together Fund – AGTF » pour 42 millions d’euros, destiné au financement du Premier sous-programme intégré pour l’alimentation en eau potable et l’assainissement de Libreville. La réalisation du projet devrait permettre à faire passer le taux d’accès à l’eau potable aux populations, de 25 % à 85 % en zone rurale, de 45 à 95 % en zone urbaine. Quant à l’assainissement, le taux passera de 10 à 80 % en zone rurale et de 32 à 80% en zone urbaine.
Par ailleurs, lors de cette clôture de la 7ème semaine africaine de l’eau une vidéo a pointé le lien entre bon nombre de maladies et les problèmes d’accès à une eau potable sur le continent. Un continent du reste marqué par une inégale répartition des ressources en eau selon les latitudes.
En effet, si l’Afrique centrale qui abrite le bassin du Congo, deuxième poumon vert après l’Amazonie, est un véritable château d’eau, ce n’est pas le cas du Kalahari (Afrique australe) ou des zones sahélo-saharienne où la sécheresse menace même les principaux points d’eau, même si à l’ère des changements climatiques les certitudes sont bouleversées et que des villes comme le Cap sont venues à manquer d’eau.
Les enjeux sont donc aussi transfrontaliers et devraient amener les pays africains à bâtir des politiques communes, mener des projets communs sinon à coopérer dans la résolution des problèmes d’accès à l’eau et d’assainissement. C’est tout le sens de l’Agenda 2018-2030 dont les programmes et les actions restent à définir.
Plus que géographique et politique, le défi est aussi pour l’Afrique, certainement technique et technologique, vu que même en Afrique centrale les questions d’accès à l’eau et d’assainissement affectent de nombreuses populations des villes et des campagnes.
Pour Fatimatou Sall du Sénégal, l’enjeu de la sécurisation de l’eau et de l’assainissement en Afrique est aussi générationnel. Pour elle, les jeunes étant « la proportion la plus importante de la population africaine, ils doivent être impliqués », via les ONG pour impacter fortement les politiques en la matière. Elle plaide surtout pour un « dialogue intergénérationnel » et une « médiation des connaissances » qui permettraient aux jeunes de prendre leurs responsabilités et de participer pleinement au développement du continent.
Toutefois, l’implication de la jeunesse suppose une jeunesse bien formée, surtout dans les problématiques de développement dans un continent où du fait de l’inadéquation entre les formations et le marché de l’emploi et surtout des difficultés à accéder à l’éducation, de millions de jeunes africains sont au chômage ou sans emploi
Le Conseil des ministres africains de l’eau (AMCOW) a initié la Semaine africaine de l’eau (AWW) en 2008, en conjonction avec la Commission de l’Union africaine (CUA), et d’autres partenaires au développement, pour trouver des solutions aux problèmes de l’eau. Dix
ans après, les problématiques de l’accès à l’eau de sa gestion sont encore une préoccupation des gouvernements et surtout des populations africaines qui manquent encore cruellement d’eau.