Apple et Foxconn pointés du doigt pour les conditions de travail en Chine

Jusqu’à 100 heures supplémentaires par mois pour certains ouvriers, 55% des effectifs sous statut intérimaire… Le fabricant d’iPhone et le sous-traitant Foxconn sont accusés de ne pas respecter le droit du travail chinois dans une usine d’assemblage au Sud de Pékin, selon un rapport publié dimanche. Apple dénonce ce lundi des « allégations fausses ».

Nouvelles accusations à l’encontre d’Apple et de son sous-traitant taïwanais Foxconn. Les deux géants sont suspectés de ne pas respecter le droit du travail en Chine, notamment dans la plus grande entreprise d’assemblage d’iPhone, basée à Zhengzhou (Sud de Pékin). China Labor Watch (CLW), une organisation à but non lucratif qui étudie les conditions de travail dans les usines chinoises, a publié son rapport dimanche, alors qu’Apple doit présenter sa nouvelle génération d’iPhone mardi en Californie lors de sa keynote annuelle.

Pour étudier les conditions de travail, CLW a envoyé des enquêteurs sous couverture dans l’usine de Foxconn. L’un d’entre eux y a travaillé pendant quatre ans. Première découverte : Foxconn recourt allègrement aux intérimaires. Ils représentaient 50% de la main d’œuvre en août, quand la loi chinoise impose un maximum de 10%. Sur la totalité de l’année 2018, les intérimaires constituaient 55% de la main d’œuvre, selon le rapport.

L’intérêt pour Foxconn et donc, Apple ? Recourir à des intérimaires coûte moins cher. Les intérimaires « ne perçoivent pas les avantages des employés à temps plein, tels que les congés maladie, les congés payés et les diverses assurances — qui offrent une couverture médicale, une assurance chômage et une pension », liste le CLW.

« 100 heures supplémentaires par mois pendant les pics de production »

Autre fait notable : l’usine abuse des heures supplémentaires afin de maintenir la cadence. Selon CLW, « certains travailleurs effectuent au moins 100 heures supplémentaires par mois, pendant les pics production. Le droit du travail chinois limite les heures supplémentaires mensuelles à 36 heures ». Foxconn, qui recourt à des dizaines de milliers de travailleurs temporaires pour répondre à la demande d’iPhone au cours des périodes de fêtes, a déclaré que les heures supplémentaires étaient réalisées sur la base « du volontariat ».

La réalité est toute autre, selon CLW. Les travailleurs doivent avant tout obtenir l’autorisation de ne pas faire d’heures supplémentaires. Si leur demande est refusée et que le personnel refuse d’effectuer des heures supplémentaires, les réfractaires sont susceptibles de passer à côté d’opportunités professionnelles.

« Nous avons examiné les affirmations de China Labor Watch et la plupart des allégations sont fausses, écrit Apple dans un communiqué de presse publié ce lundi. Nous confirmons que tous les travailleurs étaient indemnisés de manière appropriée, y compris les salaires et primes liées aux heures supplémentaires. Les heures supplémentaires sont réalisées sur la base du volontariat et il n’existe aucune preuve de travail forcé. »

Apple reconnait néanmoins que le pourcentage d’intérimaires « dépassait (ses) normes » et dit travailler « étroitement avec Foxconn pour résoudre ce problème ».

Heures sup et travail de nuit pour des stagiaires

Jeudi dernier, le quotidien britannique The Guardian dévoilait que des centaines d’écoliers de 16 à 18 ans avaient été enrôlés par Foxconn pour fabriquer des assistants vocaux Alexa de l’américain Amazon durant plus de deux mois. Des heures supplémentaires et du travail de nuit étaient notamment imposés aux jeunes stagiaires. Si les étudiants de 16 à 18 ans sont autorisés à travailler en Chine, ces derniers n’ont pas le droit de rester à leur poste ni la nuit ni en heures supplémentaires, précise le journal.

« Il est arrivé par le passé que le laxisme d’une partie de l’encadrement local a engendré ce type de pratiques… Ce n’est pas acceptable et nous avons pris immédiatement des mesures pour éviter qu’elles se reproduisent », a affirmé vendredi Foxconn dans un communiqué.

Foxconn, le plus gros employeur privé en Chine, fait travailler plus d’un million de personnes dans le pays. L’entreprise avait été déjà montrée du doigt il y a plusieurs années à la suite de soupçons de suicides d’employés liés aux conditions de travail, et au recours à des stagiaires mineurs dans ses usines. Le groupe, officiellement nommé Hon Hai Precision Industry, avait admis en 2012 avoir employé illégalement des enfants de 14 ans dans une usine chinoise.

latribune.fr