L’attaque d’Aramco est un « avertissement » dit Rohani

Le président iranien a souligné que l’Iran ne voulait pas déclencher un conflit dans la région et a accusé les États-Unis et la coalition emmenée par l’Arabie saoudite au Yémen d’être à l’origine des tensions. La France, par la voix de Jean-Yves Le Drian ce matin sur CNews, indique sa volonté d’avancer prudemment et juge la revendication des rebelles houthis « relativement peu crédible ».

L’attaque de drones contre des installations pétrolières saoudiennes, revendiquée par les rebelles chiites Houthis yéménites, est « un avertissement », a déclaré le président iranien Hassan Rohani, selon des agences de presse iraniennes.

Il a souligné que l’Iran ne voulait pas déclencher un conflit dans la région et a accusé les États-Unis et la coalition emmenée par l’Arabie saoudite au Yémen d’être à l’origine des tensions. Les États-Unis pensent que les attaques contre les installations pétrolières saoudiennes venaient du sud-ouest de l’Iran, ont déclaré mardi des responsables américains.

Prudence de la France, la revendication des Houtis jugée peu crédible

La France, elle, joue la prudence. La revendication par les rebelles houthis du Yémen des attaques du week-end dernier contre des installations de la compagnie pétrolière saoudienne Aramco est « relativement peu crédible » mais il faut attendre les résultats de l’enquête internationale lancée par les Saoudiens, a déclaré jeudi matin Jean-Yves Le Drian.

« Les Houthis (…) ont annoncé que c’était eux qui avaient provoqué cette intervention, c’est relativement peu crédible », a dit le ministre français des Affaires étrangères sur CNews.

« Puisqu’il y a une enquête internationale, attendons ses résultats », a-t-il poursuivi, rappelant que la France avait envoyé ses propres experts sur place.

Sept experts français des explosifs, de la défense sol-air et des trajectoires de missiles sont en cours de déploiement en Arabie saoudite, a précisé Yasmine-Eva Farès-Emery, porte-parole du ministère des Armées.

Le ministère saoudien de la Défense, qui a présenté mercredi à la presse des débris de drones et de missiles utilisés lors des attaques de samedi contre les sites d’Abkaïk et de Khouraïs, a affirmé que ces éléments prouvaient de façon « indéniable » qu’il s’agit d’une agression iranienne.

« Je n’ai pas d’avis particulier avant qu’il y ait des résultats », a dit Jean-Yves Le Drian.

Il a ajouté que l’enquête internationale initiée par les Saoudiens serait rapide.

« Il faut tout mettre en oeuvre pour qu’il y ait une désescalade » dans cette région où « les risques de conflictualité sont majeurs » et où « la moindre étincelle peut provoquer un embrasement », a martelé le chef de la diplomatie française.

Il a observé que l’Assemblée générale annuelle des Nations unies qui s’ouvre cette semaine à New York fournirait une occasion d’y travailler.

Emmanuel Macron a prévu de rencontrer à cette occasion ses homologues américain Donald Trump et iranien Hassan Rohani – si ce dernier obtient un visa nécessaire pour se rendre au siège new-yorkais des Nations unies. « J’espère que le bon sens va revenir », a dit à ce sujet le ministre français.

Jean-Yves Le Drian a par ailleurs préconisé d’en revenir à l’accord de juillet 2015 qui encadre le programme nucléaire iranien en échange d’une levée des sanctions internationales.

Les Etats-Unis s’en sont retirés en mai 2018 et ont rétabli leurs sanctions contre la république islamique; l’Iran a commencé au printemps dernier à se dégager d’une partie de ses engagements pris dans ce cadre et a mis en demeure les autres signataires du Plan d’action global commun de 2015 (PAGC, ou JCPOA en anglais) de le préserver.

Le ministre français s’est également dit incapable de dire à ce stade ce que ferait la France en cas d’intervention saoudienne ou américaine contre l’Iran. « Je ne fais pas des projets sur des hypothèses qui ne sont pas aujourd’hui sur la table », a-t-il dit.

latribune.fr