Le président sud-africain, Cyril Ramaphosa, reçoit pour trois jours son homologue nigérian, Muhammadu Buhari. Une visite d’État principalement consacrée aux échanges commerciaux entre les deux poids lourds du continent, même si les violences xénophobes du mois dernier en Afrique du Sud ont été au cœur des échanges ce jeudi matin.
Lors d’une conférence de presse conjointe ce jeudi matin, les deux présidents ont réitéré leur détermination à développer les échanges commerciaux ainsi que les investissements entre les pays. Mais également à lutter contre les violences xénophobes.
« Au cours de nos discussions et à travers divers engagements de haut niveau, nous avons eu l’occasion de réfléchir à la violence publique qui a eu lieu en Afrique du Sud il y a quelques semaines », a écrit le président Ramaphosa sur Twitter.
Lors de son discours, le président sud-africain, Cyril Ramaphosa, a exprimé ses vifs regrets pour la violence qui a visé des étrangers dans son pays. « Nous condamnons toutes les formes d’intolérance et n’hésiterons pas à agir contre toute forme de violences », a ajouté le chef de l’État sud-africain.
Condamnation également du président nigérian. Muhammadu Buhari a exigé que des mesures soient prises : « Nous appelons au renforcement et à l’application des mesures de sécurité nécessaires pour éviter que ce genre d’incident ne se répète. Des incidents qui sapent non seulement les relations bilatérales qui sont solides, mais également ce que nous défendons : forte et prospère. »
Une Afrique forte et prospère, le ton est donné pour cette visite. Cette dernière vague d’attaques xénophobes a provoqué de vives tensions entre Pretoria et Abuja et pèse sur les relations entre les deux principales économiques du continent. Deux pays qui sont déjà en compétition pour être la première puissance économique du continent.
Échanges en baisse
« Nos liens économiques continuent de se développer.Le Nigeria représente 64% du commerce total de l’Afrique du Sud avec la région de l’Afrique de l’Ouest et est l’un de nos principaux partenaires commerciaux sur le continent », a écrit sur Twitter le président sud-africain.
Ces incidents xénophobes pèsent sur ces échanges, y compris commerciaux. Lors des dernières violences en septembre, plusieurs centaines de commerces détenus pas des étrangers ont été pillés à Johannesburg et Pretoria. Près d’un millier de Nigérians ont quitté l’Afrique du Sud. Et au Nigeria, plusieurs grandes enseignes sud-africaines, comme le géant des télécoms MTN ou le distributeur Shoprite, ont été prises pour cible en représailles. À plusieurs reprises Abuja a demandé des compensations pour dédommager ses citoyens en Afrique du Sud, ce qui a toujours était refusé par Pretoria.
Dans ce contexte, il est important de rappeler aussi que l’Afrique du Sud et plus récemment le Nigeria ont signé l’accord sur la Zone de libre-échange continentale africaine qui a pour but de doper le commerce entre les pays du continent. Cet accord est censé entrer en vigueur dans moins d’un an. L’Afrique du Sud ne peut pas espérer développer ses échanges commerciaux si elle ne met pas fin à ses attaques xénophobes sur son propre territoire.
rfi