La sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne le 31 octobre est la « priorité » du gouvernement, a déclaré Elizabeth II au Parlement, se faisant la voix de Boris Johnson, au moment où les négociations pour parvenir à un accord de Brexit sont dans leur dernière ligne droite.
« La priorité de mon gouvernement a toujours été d’assurer une sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne le 31 octobre. Mon gouvernement prévoit de travailler à la mise en place d’un nouveau partenariat avec l’Union européenne sur la base du libre-échange et d’une coopération amicale », a déclaré la reine de 93 ans, s’exprimant pour le Premier ministre comme il est de tradition à l’ouverture d’une nouvelle session parlementaire.
Concernant les quelque 3,4 millions d’Européens vivant au Royaume-Uni, le gouvernement s’est engagé à ce qu' »ils aient le droit de rester », a déclaré Elizabeth II. Il souhaite en revanche mettre fin à la libre circulation des citoyens de l’UE après le Brexit, avec un système d’immigration à points dont l’entrée en vigueur est prévue pour 2021.
Le programme du gouvernement, qui prévoit également de nouveaux régimes en matière de pêche, d’agriculture et de commerce après la sortie de l’UE, sera débattu ces prochains jours avant un vote programmé pour la semaine prochaine. Il reste cependant très hypothétique, des élections semblant inéluctables pour sortir de la crise politique dans laquelle le Brexit a plongé le pays.
Le Royaume-Uni et l’Union européenne sont engagées dans d’ultimes tractations pour tenter de parvenir à un accord de divorce jugé « possible » avant le 31 octobre par le ministre irlandais des Affaires étrangères.
« Un accord est possible et c’est possible ce mois-ci. C’est peut-être même possible cette semaine, mais nous n’y sommes pas encore », a déclaré Simon Coveney au Luxembourg lundi, à 17 jours du départ prévu du bloc européen.
Les Britanniques et l’UE s’étaient montrés prudents dimanche sur leurs chances d’éviter un « no deal » douloureux pour l’économie, des négociations intensives à Bruxelles pendant le week-end n’ayant pas permis d’enregistrer de percée sur la question clé de la frontière irlandaise.
« Beaucoup de travail »
« Il reste beaucoup de travail à faire » pour sortir de l’impasse, avait estimé Michel Barnier, le négociateur de l’UE sur le Brexit.
« Les discussions sont constructives mais il reste beaucoup de travail à faire », a renchéri lundi un porte-parole de Downing Street.
Des pourparlers techniques se poursuivent mais il reste très peu de temps : les dirigeants européens se réuniront jeudi et vendredi pour un sommet à Bruxelles et tenteront d’éviter une sortie de l’UE sans accord aux conséquences douloureuses ou un troisième report prolongeant l’incertitude sur la voie que suivra le Royaume-Uni après 46 ans dans le giron européen.
Londres et Bruxelles tentent de s’entendre sur la manière d’éviter, après le Brexit, un retour à une frontière physique entre la province britannique d’Irlande du Nord et la République d’Irlande, membre de l’UE, et ainsi préserver la paix sur l’île qui a connu plusieurs décennies de violences.
Depuis que son plan de sortie de l’Union européenne présenté début octobre a été rejeté par les Européens, Boris Johnson a transmis de nouvelles propositions à son homologue irlandais Leo Varadkar, dont très peu de détails ont filtré.
Convaincre le Parlement
S’il parvient à conclure un accord, le chef du gouvernement britannique aura encore la lourde tâche de convaincre le Parlement, très divisé sur le Brexit, entre partisans du maintien de liens étroits avec l’UE et zélateurs d’une coupure nette.
Les députés, qui avaient rejeté par trois fois l’accord négocié par l’ex-Première ministre Theresa May, auront une séance extraordinaire le 19 octobre.
Faute d’accord d’ici là, une loi votée en septembre impose à Boris Johnson de demander un report du Brexit de trois mois. Celui-ci l’exclut catégoriquement, après déjà deux ajournements. Il n’a cependant jamais dit comment il pourrait s’y soustraire.
Cette requête en vue de repousser la date du divorce devra être approuvée à l’unanimité par les Etats membres de l’UE.
Dans cette période nimbée d’incertitudes, le ministre britannique des Finances Sajid Javid a annoncé qu’il présenterait le 6 novembre son « premier budget après la sortie de l’UE ».
« Je serais surpris qu’il y ait un budget à cette date car (le gouvernement) ne sait pas s’il pourra faire passer ses propositions de Brexit à la Chambre des Communes », où le gouvernement n’a plus de majorité suffisante, a observé Jon Trickett, un poids lourd du Labour (opposition travailliste) au micro de la BBC.
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