Depuis plusieurs années, une bonne frange de la jeunesse africaine soutenue essentiellement par des opposants politiques des pays qui utilisent le Franc CFA, s’insurge contre cette monnaie et son fonctionnement faisant encore intervenir les techniciens et services français. La contestation enfle davantage et se radicalise de plus en plus en vue d’une révolution totale à l’égard de ce qu’ils considèrent prosaïquement comme un « vestige postcolonial ».
Face à ces néo-révolutionnaires aux méthodes pas toujours responsables, l’ensemble des dirigeants des pays de l’UEMOA ont décidé, sous le leadership du Président Alassane OUATTARA, d’entreprendre sur la question des échanges francs et fructueux avec les autorités françaises contemporaines dont les engagements pour un nouveau type de rapports avec les anciennes colonies sont forts perceptibles. Mieux, ils associent l’ensemble des dirigeants des pays de la CEDEAO à cette nouvelle aventure monétaire dont les desseins convergent vers un meilleur développement des pays africains. Résultats, une nouvelle monnaie dénommée ECO est lancée et entrera en vigueur dans les pays de l’UEMOA à compter de juillet 2020, en attendant son extension aux autres pays de la CEDEAO.
Dans cet élan, la fin du Franc CFA dans l’espace UEMOA vient d’être actée à Abidjan par le Ministre français de l’Economie et son homologue béninois, président en exercice du Conseil des ministres de l’Economie de l’UEMOA. Entre autres, cet acte prévoit, dès janvier 2020, la fermeture du Compte Spécial du Trésor français qui recevait la moitié des réserves de change des pays utilisateurs du Francs CFA, le retrait total des techniciens français des tables de la BCEAO et consacre surtout le maintien de la parité avec l’Euro. Ces deux derniers aspects suscitent quelques inquiétudes et divergences d’opinions.
Certaines personnes doutent encore de la capacité effective des cadres africains à gérer efficacement la nouvelle monnaie en dehors d’un droit de regard extérieur bien que la France soit régulièrement informée sur les évolutions de la politique monétaire, de la situation économique et de l’inflation . Le fait que la France soit informée de ces situations est également perçu par d’autres radicaux comme une forme de maintien sous tutelle de l’ancienne puissance coloniale. Quant à la parité de change fixe avec l’Euro destinée à favoriser la stabilité économique et monétaire, les investissements et la protection contre l’inflation, elle est vue comme étant pénalisant pour les exportations des pays africains.
Elle est aussi appréhendée comme étant faite pour arranger les intérêts économiques de la France dans cette partie de l’Afrique tandis que la puissance coloniale la conçoit comme une garantie forte, supplémentaire et sans contrepartie définie en vue de renforcer l’attrait des investisseurs et juguler une éventuelle crise financière et économique dans la région concernée. En tout état de cause, un consensus total sur le sujet s’annonce quasi impossible. Le plus important est de faire bouger progressivement les lignes, en vue de la mise en place de systèmes monétaires réalistes et efficients tenant compte de nos aptitudes et des évolutions du monde. L’Afrique en sortira plus grandie et ses populations pourront enfin jouir des fruits de leurs efforts et de leurs nombreuses ressources naturelles et humaines. Plaise à Allah d’inspirer chacun, dirigeants, autorités politiques et citoyens lambda dans nos actions individuelles et collectives en faveur du bonheur de tous !