L’homme a percé le secret des éléments de la nature pour tirer avantage de leur fonctionnement ou se prémunir contre leurs dommages. Il a domestiqué les animaux qui lui étaient utiles, et éliminé en partie ou confiné dans les forêts ceux qui pouvaient le menacer. Il a réquisitionné les ressources aquatiques, végétales et minérales à son profit et projette de conquérir une planète du système solaire ou une exoplanète qui deviendrait une annexe de la Terre ou un refuge de secours à ce qui resterait de l’humanité au cas où le réchauffement climatique rendait la vie telle qu’on la connaît impossible.
Or voici qu’un insignifiant micro-organisme apparu en Chine a changé en quelques semaines la physionomie de la Terre comme si elle avait été frappée par une catastrophe venue de l’espace à l’image de celle qui a mis fin à l’existence des dinosaures. Il a tué plusieurs dizaines de milliers de personnes, et le chiffre est malheureusement appelé à se multiplier. Il a aussi contraint les êtres humains à s’isoler les uns des autres, réduisant au minimum leurs relations sociales et les préparant au sort de la molécule qui perd sa raison d’être parce que les atomes qui la constituent ont été brusquement séparés.
De fait, il est en train de démanteler le cadre de vie que les hommes ont construit au fil des millénaires. Ce cadre de vie va de la hutte des derniers « natives » que la déforestation n’a pas encore délogés de l’Amazonie, à la station spatiale internationale où sont confinés des cosmonautes de diverses nationalités des mois d’affilée pour habituer l’humain à vivre dans des conditions extraterrestres. Les premiers ne se sont pas éloignés du mode de vie caractérisant le néolithique, quand les seconds se rapprochent du rêve de posséder un jour une autre planète.
Avant le coronavirus l’humanité était confrontée à un autre problème de survie collective, celui induit par le réchauffement climatique. Mais ce problème n’a pas encore atteint la dimension d’un péril imminent, d’un danger immédiat justifiant un branle-bas de combat universel toutes affaires cessantes partout dans le monde : les êtres humains ne tombent pas encore comme des mouches dans les rues, les villes côtières ne sont pas encore envahies par des vagues océaniques gigantesques et la peur d’une fin de monde dantesque ne s’est pas encore emparée des esprits… Donc la planète peut encore attendre.
Chose étrange, on s’est aperçu au bout de deux mois de mise en quarantaine de la région la plus touchée par le coronavirus en Chine que la pollution qui l’enveloppait habituellement s’était sensiblement réduite. Un répit bienvenu pour la planète si, dans la foulée de la lutte contre la pandémie, l’expérience devait se renouveler dans d’autres contrées.
La Bible et le Coran affirment qu’« un seul homme juste eut suffi pour sauver Sodome ». Aujourd’hui il faut la coopération disciplinée de tous les individus à l’intérieur de chaque nation pour sauver l’humanité et, à l’avenir, la coopération sincère de tous les Etats pour sauver la planète.
Il faut les sauver conjointement car si l’humanité ne pourra pas survivre à de profondes et durables perturbations climatiques, la planète, elle, peut continuer sa ronde dans l’espace avec les autres espèces animales et végétales ou, au pire, devenir comme Mars qui semble avoir abrité des conditions favorables à l’apparition de formes de vie il y a des millions ou des milliards d’années. Le système solaire connaîtrait alors un vide et un silence définitifs.
La fin de la vie sur terre ne semble pas de nature à exercer la moindre influence sur l’univers où elle ne représente pas l’équivalent d’un grain de sable dans une étendue de désert aux proportions de notre galaxie. Mais quel sens aurait l’univers sans l’homme ? Qui s’en inquiéterait ?
OUMMA