Jeudi 29 octobre 2020, à 15 heures, les cloches de plusieurs églises, cathédrales et Basiliques se sont mises à sonner de manière régulière et coordonnée à travers toute la France, comme pour annoncer l’ouverture des portes du royaume céleste, à ces trois personnes, sauvagement assassinées dans la Basilique Notre-Dame de Nice. Selon le livre de Mathieu, dans le nouveau testament, à 15 heures le voile du temple se déchira. Au même moment, les tombeaux se sont ouverts et les corps des Saints défunts ressuscitèrent et sortirent des sépulcres. La terre trembla, les rochers se fendirent et te ciel s’assombrit de manière très inquiétante. Il y avait des ténèbres sur toute la terre, de midi à quinze heures. C’était l’heure à laquelle, Jésus avait remis son âme entre les mains de son père. Avant de quitter physiquement ce monde corrompu par le péché, Jésus avait demandé à Dieu, de « pardonner » à toutes ces personnes qui l’avaient condamné à mort et crucifié, parce qu’elles ne savaient pas ce qu’elles faisaient. Ainsi, depuis plus de deux mille ans, le cœur des hommes est encore et toujours rempli de méchanceté, d’hypocrisie et d’ignorance. Une fois encore, l’obscurantisme, l’endoctrinement et le fanatisme religieux viennent de montrer à quel point notre humanité reste toujours prisonnière de ses vieux démons qui l’incitent à toujours tuer, afin de satisfaire les ambitions politiques des hommes. Pendant des siècles, pour la conquête du pouvoir, les hommes ont instrumentalisé la religion en amenant d’autres hommes à s’entretuer au nom d’un idéal religieux, qui devait leur garantir le pouvoir.
Condamnations et consternations à travers le monde
Ce jeudi 29 octobre 2020, jour de la commémoration de la naissance du prophète Mahomet, une série d’assassinats a été planifiée par des fanatiques musulmans, visant les français, en représailles aux propos du professeur Samuel Paty qui avait expliqué à ses élèves, l’importance de la notion de liberté d’expression en France. Cet enseignant avait été lâchement assassiné par un islamiste. Aujourd’hui, ce sont trois personnes qui se font tuer par un autre islamiste au sein de la Basilique Notre Dame de Nice et blessant plusieurs autres. Comment des personnes qui croient en Dieu et en sa miséricorde, peuvent-elles froidement assassiner leurs semblables en train de prier ce même Dieu, dans un lieu de culte ? Ce même jour, à Sartrouville, toujours en France, c’est un père de famille de confession musulmane qui appelle la police pour l’avertir que son propre fils, musulman et radicalisé, était sorti de la maison, dans le but de commettre un ou plusieurs actes d’assassinat. A Avignon, c’est un autre islamiste, qui tenait un pistolet en main, qui a été abattu par les forces de l’ordre avant qu’il ait le temps de passer à l’acte. A Lyon, un jeune islamiste afghan a été arrêté en pleine rue avec un long couteau d’au moins 30 cm et s’apprêtait à passer à l’acte. Toujours dans la même journée, presque au même moment, en cette journée sainte pour les musulmans du monde entier, c’est un autre islamiste qui a tenté d’assassiner un agent de la sécurité du Consulat général de France en Arabie Saoudite en le blessant grièvement. Avec autant de faits dans la même journée contre des Français, comment ne pas penser à des actions planifiées et coordonnées par une quelconque cellule islamiste, financée par une ou plusieurs personnes, ou des organismes terroristes ayant les mêmes intérêts. En France et partout en Europe, ces actes et surtout ces assassinats dans cette Basilique catholique à Nice ont suscité une série de condamnations et de consternations à travers le monde entier. Erdogan ne cache pas ses positions islamistes.
Parmi celles-ci, le communiqué de la Turquie condamnant ces assassinats de Nice passe difficilement auprès des Européens et encore moins chez les Français.
Comment comprendre ce communiqué turc, quand on sait les propos virulents du Président Erdogan envers le Président Macron et la France ? Comment comprendre ce communiqué, quand Erdogan appelle directement tous les musulmans du monde au boycott des produits français dans le monde musulman ? Dans le journal français La Croix, Pierre Razoux, historien français, spécialiste des conflits contemporains et les relations internationales, explique très bien la stratégie manipulatrice de Recep Tayyip Erdogan, qui comme à son habitude, manipule la fibre sensible de l’islam politique pour pousser à bout les musulmans du monde entier, suite à la volonté du Président Macron de respecter la liberté d’expression, lors de son hommage au professeur Samuel Paty.
Cette prise de position de la France, patrie des droits de l’Homme et des libertés individuelles et collectives et de la laïcité, exprimée par son président, devient donc une véritable opportunité politique pour Erdogan qui tente de se positionner comme l’ultime défenseur de l’islam au Moyen-Orient et dans le monde. Erdogan ne cache pas ses positions islamistes, qu’il exploite à des fins politiques, afin de satisfaire, ses ambitions d’hégémonie au Moyen-Orient. Macron lui donne donc, dans « l’affaire des caricatures du prophète Mahomet » l’occasion en « enfourchant son cheval de bataille préféré : celui d’une France « islamophobe », « persécutant » ses citoyens musulmans », selon le journal La Croix. Ainsi, pour l’historien et analyste politique Pierre Razoux, Erdogan « mobilise les foules islamistes acquises au dogme des Frères musulmans pour apparaître comme le héraut populiste de l’islam politique, face aux monarchies arabes », complétement absente du débat politique sur ce sujet.
Propos du président turc considérés comme inacceptables
Ainsi, pour le journal La Croix, « de leur côté, les monarques affaiblis, comme Mohammed VI au Maroc, Abdallah en Jordanie ou le nouvel émir au Koweït, laissent faire Erdogan pour caresser dans le sens du poil leur opposition islamiste et acheter ainsi un peu de paix sociale ». Voilà pourquoi, Recep Tayyip Erdogan se donne toutes ces libertés pour séduire les islamistes du monde entier, face à l’absence de prise de position des musulmans modérés dans le monde, condamnant l’islamiste. Les relations entre la Turquie et la France se sont progressivement dégradées depuis bientôt un an, en raison notamment des désaccords sur la Syrie, la Libye et la Méditerranée orientale où la Turquie est opposée à la Grèce et désormais dans le Haut-Karabagh. Mais les tensions ont été exacerbées la semaine dernière lorsque Erdogan, a accusé Macron de mener une «campagne de haine» contre l’islam, et a mis en cause son «état mental». Ces propos du président turc sont considérés comme inacceptables, surtout venant d’un chef d’Etat, de surcroît d’un pays officiellement dit laïc. Le chef d’État turc, qui cherche à se poser en défenseur de l’islam pour polir son image sur le plan national, prend de grands risques politiques en prononçant des propos qui peuvent engendrer des actes dramatiques de fanatiques incontrôlables, comme celui de Nice. L’autre risque que prend Erdogan, c’est de voir son image associée à celles d’assassins islamistes. D’ailleurs, depuis ses propos belliqueux contre la France, la haine de la France et des Français a envahi les réseaux sociaux dans certains pays musulmans. Dans ces cas, on peut comprendre le revirement et le communiqué de la Turquie condamnant les assassinats islamistes de Nice. En effet, les propos violents de Recep Tayyip Erdogan contre la France et son président peuvent être interprétés diversement par des personnes mentalement fragiles et qui peuvent les pousser à passer à l’acte, au nom de ces propos venant d’un dirigeant politique de premier plan, auquel ils peuvent s’identifier idéologiquement.
Les musulmans avaient le droit de tuer des millions de Français
Cependant, Erdogan et ces assassins islamistes n’ont pas les mêmes objectifs. L’un cherche à se positionner politiquement dans le monde arabe, même s’il n’est pas arabe lui-même. Tandis que ces assassins islamistes sont dans des combats idéologiques et religieux, qui ne sont pas les réelles motivations d’Erdogan. Aujourd’hui, en France et en Europe, les condamnations de ces assassinats de Nice par la Turquie créent d’énormes polémiques parmi les analystes politiques. Comment désormais ces islamistes dans le monde, comprendront-ils le fait que la Turquie change subitement de ton en condamnant avec une très grande fermeté ces assassinats islamistes de Nice? «Nous condamnons fermement l’attaque sauvage qui a été commise aujourd’hui à l’intérieur de l’église Notre-Dame de Nice (…) et présentons nos condoléances aux proches des victimes (…). Il est clair que ceux qui ont commis une telle attaque sauvage dans un lieu de culte sacré ne peuvent s’inspirer de quelque valeur religieuse, humaine ou morale que ce soit.», a déclaré le ministère turc des Affaires étrangères dans un communiqué. Ce communiqué a de quoi dérouter bon nombres d’islamistes qui pouvaient comprendre autre chose dans les propos d’Erdogan. Par contre, l’ex-Premier ministre malais Mahathir Mohamad a ouvertement écrit dans un tweet que «les musulmans avaient le droit de tuer des millions de Français pour les massacres passés». Par contre, le Pape François, garant de l’église catholique, a annoncé prier «pour les victimes et leurs proches, pour que cesse la violence, pour que l’on puisse de nouveau nous regarder comme des frères et sœurs et non pas comme des ennemis, pour que le peuple français bien-aimé puisse réagir uni au mal avec le bien». (…) «C’est un moment de douleur dans une période de confusion. Le terrorisme et la violence ne peuvent jamais être acceptés», a-t-il dit.
Par Macaire DAGRI
Source : Fraternité Matin n° 16758 du lundi 02 novembre 2020 page 23