Mesdames et Messieurs comme vous le constatez, l’entrée de la politique et des politiciens dans nos affaires et les tentatives de fragilisation, sinon de caporalisation de notre communauté, ne date pas d’aujourd’hui, encore moins du fait des Musulmans. Bien au contraire. Ainsi la dérive politico-religieuse dont certains parlent tant n’est pas du côté où ils veulent faire croire.
C’est pourquoi justement, le Conseil National Islamique a vu le jour afin de permettre à la Mosquée de jouer pleinement son rôle, et aux Imams d’être les garants moraux de la société.
Aujourd’hui, huit ans après sa création, le CNI peut légitimement affirmer que l’intégrité des Imams est presque préservée. Car, ils ont malgré les menaces, les intimidations, les atrocités et
tortures, tenu bon. Mais, honorables Imams, il reste beaucoup encore à faire pour préserver totalement notre intégrité morale et affirmer notre indépendance sans complexe et notre disposition à promouvoir la justice et la vérité en tout temps et en tout lieu. En effet, tous les ivoiriens, tous les habitants de ce pays doivent trouver dans nos Mosquées et chez nos Imams, le réconfort, la compassion quand ils en sont injustement privés. Tous ceux qui exercent des responsabilités dans ce pays, quelles que soient leurs obédiences religieuses et politiques, doivent
trouver chez nous, le langage de la vérité et de la sincérité. Cette vocation, ce sacerdoce ne sera pas facile à exercer dans un contexte de haine, de jalousie, de l’arbitraire et de mensonges et de faux dont notre pays connaît une surproduction depuis un certain moment. Les événements d’octobre et de décembre 2000 sont justement le résultat de cette industrie du mensonge et d’hypocrisie.
Dans cette tragédie nationale, les musulmans ont payé le prix le plus élevé par :
– La perquisition et la destruction systématique des Mosquées et des écoles coraniques
– Des actes de vandalisme et de vols dans les domiciles des Imams et des musulmans
– Les intimidations, les interpellations, les incarcérations, les tortures des guides religieux, arrêtés en pleine prières dans nos Mosquées et l’assassinat de l’Imam adjoint de la grande Mosquée de
Divo par les forces de l’ordre, paix à son âme, notre regretté frère Abdramane BAMBA.
– La découverte de nombreux musulmans parmi les victimes du charnier de Yopougon
– La chasse aux cadres musulmans dans l’administration publique se poursuit
– L’exploitation systématique des manifestations politiques pour « casser » du Musulman ou tout ce qui lui ressemble.
Mesdames et Messieurs,
Ce qui est arrivé aux musulmans au mois d’octobre et décembre 2000 est inégalé sous les cent huit ans de la colonisation française, et les quarante ans du pouvoir du PDCI. Ce ne sont pas des égratignures comme le soutiennent les tenants du pouvoir actuel ou une vue de l’esprit. J’ai été témoin oculaire de cette tragédie humaine ce jour, que dis-je, de cette bêtise humaine, du
26 Octobre 2000.
Honorables Imams, mesdames et messieurs ce qui est arrivé en octobre et décembre aux Musulmans de Côte d’Ivoire n’est ni le fruit du hasard et encore moins des bavures policières. C’était
planifié, programmé, et prémédité, non par un homme ou un parti politique, mais par un système nourri à la sève du complexe de supériorité, de la haine, de la jalousie et de l’arbitraire. Nous en
sommes d’autant plus convaincus que l’indifférence affichée, la banalisation des crimes aussi odieux et les tentatives de négation parfois de justification même de ce qui est arrivé, viennent confirmer la thèse du génocide dont nous avons fait cas exactement, le 18 octobre 2000. C’est à dire une semaine avant la découverte du charnier de Yopougon.
Fort de ce qui précède, chers frères et sœurs le Conseil National Islamique va proposer au prochain Conseil Consultatif Extraordinaire des Imams :
– la création d’un observatoire de la laïcité dans notre pays. Cet observatoire devra publier chaque année un état du respect de la laïcité dans notre pays aussi bien par les hommes politiques que les institutions républicaines
– l’instauration d’une journée du martyr et du souvenir au sein de la Communauté Musulmane, afin d’une part, d’honorer la mémoire de nos frères et sœurs morts sur le champ de la haine gratuite et d’autre part, de rappeler à la conscience collective les méfaits de la haine, du tribalisme et de la xénophobie
– la transformation de la mosquée de NIANGON en musée où seront exposées les photos et d’autres documents relatifs aux atrocités subies par notre communauté à travers tout le pays. A suivre …