La campagne en vue des législatives du 6 mars a pris fin hier. Dans un de ses discours, Moïse Lida Kouassi s’est lancé dans le communautarisme et le régionalisme en appelant des populations à ne pas voter pour le candidat Abdoulaye Kouyaté.
(…), Il faut rendre le « tabouret. Les dida (ethnie de Lakota) vont donner le tabouret à leur propre fils. Toi, va chez tes parents, ils vont te donner un tabouret, tu vas parler en leur nom là-bas ». Ces propos sont de Moïse Lida Kouassi, candidat aux élections législatives dans la circonscription électorale de Lakota. Il les a tenus, lors d’un meeting de campagne. L’ancien Ministre de Laurent Gbagbo faisait inéluctablement allusion à son adversaire politique Abdoulaye Kouyaté qui n’est pas originaire de la localité. Cette sortie de Lida Kouassi est hasardeuse et maladroite. En lieu et place de projets solides et réalistes, Lida a venté le communautarisme, a surfé sur la fibre ethnique. Il a suscité la haine, l’angoisse et le rejet de l’autre. Cette pratique a déjà fait des victimes. Mais l’ancien collaborateur de Laurent Gbagbo n’en a rien à faire. Il a encore remué le couteau dans la plaie lors de la campagne.
Le danger qu’ignore l’ex-ministre
Le rejet de l’autre (racisme) tel un virus, mute et chaque mutation le rend plus dangereux. En prononçant ses vilaines paroles, le candidat met ces joutes à Lakota sur fond d’hostilité. Par ces propos, il pousse peut-être sans le vouloir, ceux qu’ils rejettent à cultiver en retour la haine contre d’autres personnes. La Côte d’Ivoire est cosmopolitique. À l’Assemblée nationale, on est député de la nation et non député d’une circonscription.
L’homme coutumier des faits
Libéré le 6 août 2018 en même temps que Simone Gbagbo, l’ancien Ministre du Front populaire ivoirien(Fpi), Lida Kouassi, a tenu le 14 août 2018, c’est-à- dire 8 jours après, pratiquement ces mêmes propos que les observateurs de la scène politique ont jugé sectaires: « Je ne comprends pas pourquoi des personnes sont parachutées dans certaines localités pour être des élus de la nation alors que le président Félix Houphouët- Boigny nous a appris la géopolitique. Je ne peux pas comprendre, c’est personnel, le Pdci-Rda nous a dirigés pendant 42 ans. À Lakota, chaque fois que le Pdci-Rda voulait un candidat, pour le représenter et représenter le peuple dida à l’Assemblée nationale, il trouvait un dida pour être le candidat du Pdci. Si on est Houphouëtiste on doit s’inspirer de cela. Aujourd’hui, celui qui parle au nom des Dida de Lakota à l’Assemblée nationale s’appelle Kouyaté Abdoulaye. Je trouve inadmissible que celui qui parle au nom des Abbey à l’Assemblée nationale s’appelle Adama Bictogo, que celui qui parle au nom des Agni d’Aboisso s’appelle Sylla », avait dit l’homme. Ces propos nous ont été rapportés par le confrère Jeune Afrique dans sa parution du 18 août 2018.
Le Fpi ne doit s’en prendre qu’à lui-même
Depuis la défaite à la présidentielle de 2010 suivie de la chute de son mentor, Laurent Gbagbo, le 11 avril 2011, le Fpi avait décidé de ne plus prendre part aux élections. Il s’était lancé dans un boycott tous azimuts. La vie d’une nation aussi grande comme la Côte d’Ivoire, ne saurait s’arrêter pour attendre le bon gré des pseudos mécontents. C’est ainsi que les élections ont continué à s’organiser et ceux qui le voulaient en ont pris part. Lida devait plutôt s’en vouloir d’avoir abandonné son peuple 10 années, que de venir paraître comme un défenseur. Quand on aime un peuple, on ne l’abandonne pas.
Yapi coulibaly
Le jour le 4555 du vendredi 5 mars 2021