Cette entreprise de biotechnologie allemande, à l’origine d’un vaccin anti-covid, est dirigée par ce couple de chercheurs.
Le feu vert du Royaume-Uni, premier pays à autoriser mercredi 2 décembre le vaccin Pfizer/BioNTech, consacre dix mois de recherches menées par la surprenante alliance entre le grand laboratoire américain Pfizer et son partenaire, BioNTech, une entreprise de biotechnologie allemande créée il y a douze ans par deux médecins chercheurs d’origine turque. On les surnomme « la dream team du vaccin », les « Curie allemands du Covid ». Mariés, ils sont presque toujours ensemble sur les photos. Ugur Sahin, fils d’ouvrier arrivé de Turquie à l’âge de 4 ans, et Ozlem Tureci, fille d’un médecin ayant quitté Istanbul.
DES RECHERCHES EN MEDECINE MOLECULAIRE
Un couple de scientifiques plus à l’aise dans les laboratoires que dans la conférence de presse où ils présentaient leur vaccin tant attendu contre le Covid. « On ne voit pas de différence d’efficacité du vaccin en fonction de l’ethnicité, du sexe ou de l’âge », a rapporté Ozlem Tureci. « On espère avoir de nouvelles données en janvier, qui nous permettront d’avoir des conditions de transport du vaccin plus souples », a ajouté Ugur Sahin.
Loin d’imaginer se retrouvr un jour sur le devant de la scène, le couple ne voulait pas même pas devenir chef d’entreprise. Mais ils n’ont pas eu le choix, puisque leurs recherches en médecine moléculaire apparaissaient comme trop osées pour l’industrie pharmaceutique.
DES MILLIARDAIRES DANS UN APPARTEMENT MODESTE
Ils sont donc créé ce laboratoire installé à Mayence, près de Francfort, rue de la Mine d’or. L’an dernier encore, dans des réunions de chercheurs, ils promettaient de révolutionner le traitement contre le cancer. Mais en janvier, quand arrive le covid-19, ils mobilisent toutes leurs ressources. Un pari gagnant. « On pense que c’est vraiment le début de la fin de la pandémie, si on peut assurer une diffusion très large de notre vaccin », espère Ugur Sahin.
Désormais milliardaire mais ne posédant qu’un appartement modeste et pas de voiture, le couple de chercheur assure vouloir rester discret. Ugur Sahin refuse même d’être érigé en modèle d’intégration : « J’aurais pu », dit-il, « aussi bien être d’origine espagnole ou allemande ».
DERRIERE LE VACCIN EN TETE DE LA COURSE CONTRE LA COVID-19, UN COUPLE DE SCIENTIFIQUES
L’entreprise allemande BioNTech, fondée par deux chercheurs, mari et femme à la ville, s’est associée à Pfizer pour élaborer un vaccin qui vient de se révéler efficace à 90%.
Il y a deux ans, lors d’un colloque à Berlin, le Dr Ugur Sahin est intervenu avec une prédiction audacieuse. Face à un parterre de spécialistes des maladies infectieuses, il a déclaré que son entreprise était susceptible d’exploiter sa technique à base d’ARN messager — une molécule comportant des instructions génétiques — pour développer rapidement un vaccin en cas de pandémie mondiale.
À l’époque, le Dr Sahin et son entreprise, BioNTech, étaient peu connus hors du petit monde des start-up des biotechnologie européennes. Fondée par le Dr Sahin et sa femme, la Dre Özlem Türeci, BioNTech travaillait principalement sur des traitements anti-cancéreux. La société n’avait jamais commercialisé de produit, et le Covid-19 n’existait pas encore.
Pourtant, l’intervention du Dr Sahin à Berlin s’est révélée prophétique.
Lundi, BioNTech et Pfizer ont annoncé qu’un vaccin contre le coronavirus mis au point par l’équipe du professeur Sahin s’était révélé efficace à plus de 90% pour prévenir la maladie chez un groupe de volontaires n’ayant aucune trace d’infection préexistante. Un résultat suffisamment probant pour placer les deux laboratoires en tête de la course contre une épidémie qui a déjà tué plus de 1,2 million de personnes dans le monde.
“C’est peut-être le début de la fin de l’ère du Covid”, a déclaré le Dr Sahin mardi lors d’une interview.
BioNTech a commencé à travailler sur ce vaccin en janvier. Un article de la revue médicale The Lancet avait convaincu le Dr Sahin que le coronavirus, qui était alors en train de contaminer plusieurs régions chinoises, prendrait vite les proportions d’une pandémie mondiale. Les chercheurs de la société, dont le siège est à Mayence, en Allemagne, annulèrent leurs vacances pour se lancer dans ce qu’ils nommèrent le projet Lightspeed, ou vitesse de la lumière.
“Il y a peu d’entreprises sur la planète qui ont à la fois la capacité et l’expertise requises pour réagir aussi vite que nous”, expliquait le Dr Sahin dans un entretien le mois dernier. “Plus qu’une bonne occasion, cela nous semblait être un devoir, parce que j’ai réalisé qu’on pouvait être parmi les premiers à proposer un vaccin”.
Après avoir identifié plusieurs candidats vaccins prometteurs, le Dr Sahin a compris que BioNTech aurait besoin d’aide pour les tester rapidement, obtenir l’approbation des régulateurs et en commercialiser la version la plus efficace. BioNTech et Pfizer travaillent déjà ensemble sur un vaccin antigrippal depuis 2018; en mars, les deux entreprises se sont mis d’accord pour collaborer sur un vaccin contre le coronavirus.
Depuis lors, une amitié est née entre Dr Sahin, qui est turc, et Albert Bourla, le PDG grec de Pfizer. Les deux hommes confiaient récemment, lors d’interviews, qu’ils se sentaient liés par leur double identité de chercheurs et d’immigrants.
“Nous avons réalisé qu’il est d’origine grecque, et que je viens de Turquie”, expliquait le Dr Sahin, sans mentionner le vieil antagonisme qui oppose les deux pays. “Dès le début, il y avait une dimension très personnelle”.
source :
https://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/coronavirus/vaccin/vaccin-contre-le-coronavirus-le-couple-a-lorigine-de-la-reussite-de-biontech_4204427.html