Mahoua S. Bakayoko est écrivaine Ivoirienne née le 6 mai 1969 à Abidjan . Elle est diplômée des Lettres modernes de l’université Abidjan Cocody en Côte d’Ivoire. Elle a enseigné pendant une décennie au pays avant de rejoindre son époux dans ses fonctions diplomatiques à l’étranger. Mahoua embrasse une carrière de romancière avec à son actif six œuvres. En plus de son amour pour les belles lettres, c’est également une femme engagée pour la défense des droits des femmes et des enfants. Nous avons eu un entretien avec cette femme au parcours inspirant
Islaminfo : Vous êtes la fierté de la communauté des belles lettres en Côte d’Ivoire. Vous avez remporté plusieurs prix et écrit plusieurs ouvrages. D’où vous vient cette énergie ?
Mahoua S. Bakayoko : Je rends grâce à Dieu effectivement pour ces trophées. Une reconnaissance à ma plume qui m’oblige à faire mieux qu’hier. Mon énergie, je l’ai tirée de mon rêve : une vision de l’Afrique dans sa diversité et sa multitude de cultures qui rayonnent dans le monde. Ma force, je l’ai tirée de tous ces combats pour restituer à l’Afrique et aux Africains toute la dignité qui façonne l’humain. Dans vos ouvrages vous ne cherchez pas à recréer le
monde. Vous êtes proches du vécu des hommes, de vos concitoyens.
Pourquoi ce choix de proximité dans l’écriture ?
Je parle à la tête mais aussi au cœur de mes lecteurs. Leur parler du réel, de notre quotidien est catharsis. Se regarder dans nos travers et nos sorties de route pour justement recréer le monde. Notre monde avec nos valeurs, et notre identité profonde mais ouverte sur le monde.
Quelle est la différence entre le professeur de Lettres et l’écrivain ?
Peut-on réellement parler de différence ? Je dirais plutôt, l’un est une variante de l’autre. Nous sommes tous des praticiens de la langue et nous avons pour outil de travail les mots, les phrases. La nuance serait que l’écrivain a, en plus, le pouvoir de créer un support de travail pour l’enseignement qui s’en inspire pour donner l’amour et la connaissance de la langue à ses apprenants. Nous sommes les deux faces d’une même pièce quand l’enseignant fait de son métier un sacerdoce. On a tous en souvenir un enseignant de français qui nous aura profondément marqué dans son enseignement. Comme un beau livre, il reste dans la mémoire.
D’où tirez-vous vos inspirations ?
Vous l’avez dit plus haut, je suis dans le réel. Le vécu de mon époque en général même si je repars régulièrement dans le passé pour mieux exprimer le présent. Je suis de mon temps et j’en tire énormément d’images à exploiter.
Vous vous inspirez beaucoup de l’actualité. Pourquoi ?
L’actualité est un terrain fertile qui nourrit mon imaginaire, je m’en sers donc goulûment.
Quand et comment avez- vous décidé de faire de l’écriture ?
J’ai commencé à publier mes écrits il y a 12 ans. Si mon passage à l’écriture a été déclenchée par une colère provoquée par un fait divers dramatique à Riyadh (Arabie-Saoudite), j’ai toujours secrètement nourri l’idée de partager mon africanité, mon ressenti de femme d’Afrique avec ses émotions et son regard sur le monde.
Qu’ est-ce que l’écriture vous a apporté ?
L’épanouissement ! J’ai trouvé ma place dans la marche de la nation et du monde. Je me sens utile à mon pays et je peux rendre à mon tour à la patrie ce qu’elle m’a donné. Quelqu’un a dit ceci « Le livre fait de nous citoyens de tous les pays, et contemporains de toutes les époques ».
Qu’en pensez-vous ?
Un bon livre c’est comme une émotion forte, ça abat les barrières sociales, les frontières et ça transcende le temps. Le livre fait fi de toutes les colorations pour s’imposer à tous les humains.
Est-ce que parfois vous vous dites « Ça je n’écris pas ou je ne dis pas », pour des raisons religieuses ou simplement culturelles ?
Absolument. Je suis tout de même le fruit d’une éducation très culturelle et celle de ma foi. Évidemment que je ne me censure pas non plus pour plaire à une personne ou à une autre. Si mon écrit passe les tamis de l’utile et de la morale, elle peut alors passer l’étape de l’imprimerie.
Quelles sont les difficultés du métier d’écrivain ?
L’une des grosses difficultés c’est l’éditeur. Quand cette étape est franchie c’est faire lire au grand public. Sans une communication assez soutenue, tu auras beau être la version moderne de la fontaine, ça restera lettres mortes.
Est-ce que l’écriture nourrit son bonhomme ?
En l’état actuel sous nos cieux, impossible de vivre avec uniquement ta plume. Que conseillez-vous aux jeunes désireux d’écrire ?
De lire, de lire, de lire !
Doukouré Ousmane, Directeur général des Éditions Alif-Islaminfo.