Combinaison aquatique honnie sur nos plages, depuis un certain été 2016 inflammable qui en a fait l’épouvantail du littoral hexagonal, le burkini fait aussi des vagues ailleurs, notamment au Liban où un certain nombre de stations balnéaires refoulent, souvent sans prendre de gants, les baigneuses qui l’arborent.
Au pays du cèdre aussi, le Oui sonore au bikini s’accompagne d’un Non strident au burkini, ainsi que le clamait haut et fort le propriétaire libanais d’une plage privée en juin 2017 !
« Le seul maillot de bain féminin accepté socialement est le bikini », martelait-il alors, arc-bouté sur ses positions, dans un entretien à Spoutnik Arabic. Au même moment, Noura Zaïm, une habitante de Beyrouth, était expulsée comme une malpropre de la plage attenante au Miramar Hotel Resort, un complexe hôtelier situé à Tripoli, la cité phare du gouvernorat du Nord du Liban.
Profondément meurtrie par cet ostracisme inique qui s’est déroulé sous les yeux atterrés de son époux et écarquillés de son petit garçon d’un an et demi, cette jeune mère de famille dénonça aussitôt sur Facebook une croisade anti-burkini liberticide et passionnelle, à ce point poussée à l’extrême qu’elle venait de frapper dans une région à majorité musulmane… Relaté sur le géant des réseaux sociaux, le récit de sa mésaventure mortifiante se propagea largement, suscitant un vif émoi.
Un an plus tard, sur la plage plus hospitalière du Waterland Hotel and Resort, à Zgharta, au nord du Liban, les femmes revêtues de la combinaison de la discorde sont désormais les bienvenues pour profiter, elles aussi, des joies simples de la baignade. Ainsi, en a décidé la direction de ce complexe hôtelier, dans un effort louable pour ne plus exclure celles qui sont traitées comme des pestiférées sur le sable fin.
Hélas, l’enthousiasme déclenché par cette bonne nouvelle fut de courte durée, voire même refroidi par une certaine restriction : en effet, cette autorisation ne sera valable que deux petits jours par semaine, tous les mardis et vendredis, conférant un caractère exceptionnel à cette mesure et le statut de baigneuses à part aux principales concernées.
Les vagues houleuses déclenchées par le burkini ont déferlé cette fois-ci sur la Toile, avant de s’abattre sur une décision décriée pour ses effets pervers. « Pourquoi les femmes qui portent des burkinis ne sont-elles accueillies que deux jours par semaine ? », ont tempêté plusieurs internautes.
« Oh, donc juste mardi et vendredi … alors si nous y allons le lundi, nous serons expulsées ! », s’est emportée une Libanaise, furieuse de cette décision discriminatoire qui ne dit pas son nom, tandis qu’un utilisateur de Facebook laissait éclater son indignation : « C’est pas assez que les pays européens interdisent le burkini ? Il faut aussi que le Liban s’y mette à présent et applique les mêmes méthodes ? Sérieusement, LAISSEZ les gens libres de porter ce qu’ils veulent !!! ».
Devenue un véritable sport national sur le Vieux Continent, et particulièrement en France, au mépris des libertés individuelles garanties par la Constitution, force est de constater que la chasse au burkini est également ouverte au Liban, à la consternation d’un grand nombre de baigneuses.
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