Après de nombreuses tractations entre les services diplomatiques français et algériens, Djamel Beghal, décrit comme l’un des maîtres à penser du terrorisme en France, a été expulsé vers l’Algérie, après sa libération prévue ce lundi 16 juillet.
Fin du suspense. Djamel Beghal sera bel et bien expulsé vers l’Algérie. « Il est parti vers 5 h 30 en vue d’être reconduit à la frontière », a précisé une source syndicale à l’Agence France-Presse (AFP).
Jusqu’à la dernière minute, la décision de son expulsion n’avait pourtant pas été confirmée par la diplomatie des deux pays. Signe de l’embarras que suscite la libération de Djamel Beghal, l’ensemble des autorités concernées par l’affaire se sont d’abord terrés dans le silence. L’ambassade d’Algérie en France n’a plus répondu, depuis que notre requête lui a été soumise. Interrogé sur l’expulsion de Djamel Beghal, le Quai d’Orsay a abattu la carte « pas de commentaires » lors de son point presse ce jeudi 12 juillet. Même mutisme du département de la Justice en France, et de son équivalent algérien.
Emprisonné depuis 2013, le mentor d’Amedy Coulibaly et des frères Kouachi, les auteurs des attentats de Charlie Hebdo et de l’Hyper Cacher en janvier 2015 en France, est sorti ce lundi 16 juillet du centre pénitentiaire de Vézin, près de Rennes, dans le Nord-Ouest.
Le quotidien Le Monde, avait déjà rapporté, mercredi dernier, que les autorités algériennes s’apprêtent à l’accueillir. Un laissez-passer consulaire aurait été délivré à Djamel Beghal alors même que l’Algérie s’était montrée réticente par le passé à l’idée de voir revenir cet ex-membre du Groupe islamique armé algérien (GIA).
Une expulsion en suspens
En France, Djamel Beghal avait été condamné en 2005 pour terrorisme, après avoir planifié un attentat contre l’ambassade américaine à Paris. Puis une deuxième fois en 2013, pour un projet d’évasion de Smaïn Aït Ali Belkacem, également un ancien du GIA, et condamné à perpétuité pour les attentats de Paris en 1995.
Considéré comme une des figures de l’islamisme radical en France, c’est par son biais que Chérif Kouachi et Amedy Coulibaly auraient fait connaissance, alors même que Beghal séjournait en prison. Assigné à résidence en 2009, il a ensuite reçu plusieurs fois leur visite.
En juin dernier, la ministre de la Justice Nicole Belloubet avait déclaré sur la radio France Inter : « Nous travaillons avec les Algériens pour qu’ils accueillent Beghal qui n’a plus la nationalité française, puisqu’il y a eu une déchéance de nationalité à son encontre ». « Ce n’est pas acquis au moment où je vous parle », nuançait-elle toutefois. Si le pays refusait de l’accueillir, Djamel Beghal devrait être assigné à résidence, avait par ailleurs affirmé Nicole Belloubet.
Mise en liberté avant l’heure
Djamel Beghal a pu échapper à la loi contre le terrorisme votée en 2016 qui supprime les crédits automatiques de peine. Il bénéficie donc de 22 mois de réduction de peine, valables pour tout justiciable. Sa sortie était initialement prévue le 5 août mais la chambre d’application des peines de la cour d’appel de Rennes lui a accordé une réduction de peine supplémentaire exceptionnelle de 20 jours, « sous condition suspensive de l’expulsion vers l’Algérie ».
Ce natif de Bordj Bou Arreridj, entre la Kabylie et les Hauts-Plateaux, est arrivé en France à l’âge de 21 ans, en 1987. Il avait été naturalisé français en 1995 à la suite de son mariage avec une bretonne convertie, Sylvie Guéguen. Il a été déchu de sa nationalité française en 2007, ce qui motive aujourd’hui son expulsion.
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