A l’instar de John Kennedy qui se plaisait à dire sur le ton de la dérision « Je suis l’homme qui a accompagné Jacky à Paris », tant son épouse lui faisait alors de l’ombre à chacune de ses sorties officielles, le nouveau Premier ministre du Pakistan, Imran Khan, 65 ans, pourrait fort bien faire sienne cette citation passée à la postérité…
Propulsé au sommet du pouvoir, à l’issue de sa victoire aux élections générales du 25 juillet, le nouvel homme fort d’Islamabad, qui a longtemps arpenté les terrains de cricket en tant que joueur professionnel, a été éclipsé par sa moitié lors de la cérémonie d’investiture qui a eu lieu samedi 18 août, sous les ors du palais présidentiel.
Pour sa première apparition publique depuis qu’elle a uni son destin, en début d’année, à celui du 22e Premier ministre du Pakistan, Bushra Bibi peut se targuer d’avoir attiré tous les regards, à la fois de l’assistance triée sur le volet mais aussi de ses concitoyens, dans une cybersphère agitée par les remous de la polémique.
Enveloppée dans un niqab blanc d’où seul son regard filtrait, la troisième épouse d’Imran Khan, issue d’une famille conservatrice et influente du Penjab et connue pour avoir été la « guide spirituelle » de son célèbre époux, a fait crépiter les flashes. Si de nombreux internautes ont encensé leur « First Lady », saluant l’incarnation d’une « porteuse de joie pour le Pakistan », d’autres, moins élogieux, lui ont reproché vertement son choix vestimentaire.
Tandis que son mari, pleinement habité par la fonction suprême, prenait l’engagement solennel de « faire preuve d’une foi sincère et de fidélité envers le Pakistan » et d’œuvrer toujours « dans l’intérêt de la souveraineté, de l’intégrité du pays », Bushra Bibi, bien malgré elle, lui volait la vedette en dehors de la prestigieuse enceinte du pouvoir.
Première à dégainer sur Twitter, la journaliste et activiste Sameera Khan déplora : « Elle a parfaitement le droit de porter ce qu’elle veut, mais en tant qu’épouse du dirigeant du Pakistan, elle représente toutes les femmes pakistanaises ». Et d’enfoncer le clou : « Quand la communauté internationale considère le Pakistan comme un Etat régressif qui opprime les femmes, ce n’est pas la meilleure représentation des femmes pakistanaises que l’on puisse donner à voir ». « Nulle part dans le Coran, il n’est stipulé que la femme doit être couverte de la tête aux pieds », a-t-elle ajouté.
A ces mots, un twittos, dénommé Azfar, s’est empressé de riposter : « Et alors ? Elle devrait enlever son voile et laisser tomber quelques centimètres de son décolleté comme toi, juste pour se conformer au monde occidental ? Est-ce que c’est là la représentation de la liberté et de la société progressiste ? ».
Sa réponse du berger à la bergère a momentanément clos le débat houleux qui était en train d’enflammer les réseaux sociaux, occultant l’essentiel : l’intronisation d’Imran Khan, dont la victoire inaugure une nouvelle ère politique au Pakistan.
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