Les habitants de l’enclave sont pris en étau entre la crainte de l’assaut du régime et une opposition armée dominée par des djihadistes.
Tout au long de l’été, Mariam Shirout, institutrice de la province d’Idlib, n’a pas chômé, dispensant, malgré les bruits de bottes, des cours de rattrapage à ses élèves dans la ville de Maarat Al-Nouman. L’école où elle enseigne a rouvert ses portes il y a quelques jours. Dans l’enclave tenue par des djihadistes et des rebelles du Nord-Ouest syrien, « les gens vivent dans la peur d’une attaque du régime, en continuant d’espérer qu’un accord politique soit trouvé pour l’éviter »,dit la jeune femme, jointe par WhatsApp.
Le sort d’Idlib se discute en bonne partie entre puissances étrangères. L’enclave abrite près de trois millions de civils, et un affrontement militaire, sur un territoire aussi densément peuplé, risque de tourner au bain de sang. « Il n’y a pas de lieu sûr où se réfugier », s’alarme Hossam, un militant civil installé à Idlib. En cas d’offensive, l’ONU redoute aussi un déplacement massif de population. Ankara, soutien des rebelles, et Moscou, principal soutien militaire du régime, désireux de dessiner à sa façon l’après-guerre en Syrie, poursuivent les négociations. Leurs représentants doivent être reçus, vendredi 7 septembre à Téhéran, par ceux de l’Iran, autre acteur-clé du conflit syrien.
Depuis la reconquête du sud de la Syrie par les forces loyalistes en juillet, l’étau se resserre sur Idlib, une région agricole marginale avant la guerre, très tôt entrée en rébellion contre le pouvoir de Bachar Al-Assad. On s’attend à ce que l’accalmie relative des derniers mois vole en éclats à tout moment. Dans la vaste poche, frontalière de la Turquie, l’angoisse monte au fur et à mesure des mises en garde formulées par le camp prorégime, Moscou en tête. Mariam Shirout n’hésite pas à parler de « guerre médiatique », qui pousse les habitants vers un « épuisement » psychologique.