Dans un rapport publié le 9 septembre et intitulé « Éradiquer les virus idéologiques»: la campagne chinoise de répression contre les musulmans du Xinjiang, l’ONG Human Rights Watch apporte de nouvelles informations concernant la détention arbitraire, la torture, les contrôles et les mauvais traitements infligés aux musulmans chinois.
Le rapport se base principalement sur des entretiens avec 58 anciens résidents du Xinjiang, dont 5 anciens détenus et 38 membres de la famille de détenus.
Un homme qui a passé des mois dans des camps d’éducation politique rapporte à Human Rights Watch: « J’ai demandé [aux autorités] si je pouvais prendre un avocat et on m’a répondu : ‘Non, vous ne devriez pas avoir besoin d’un avocat puisque vous n’êtes pas inculpé. Aucun besoin de vous défendre contre quoi que ce soit. Vous êtes dans un camp d’éducation politique. Tout ce que vous devez faire, c’est étudier.’ »
« Personne ne peut bouger, vu qu’ils vous surveillent sur les caméras vidéo, et au bout d’un moment, une voix sort des haut-parleurs, vous informant que maintenant vous pouvez vous détendre pendant quelques minutes. Cette voix vous houspille aussi si vous bougez… on était observé, jusque dans les toilettes. Dans le camp d’éducation politique, on était toujours sous tension », témoigne également Rustam, un ex-détenu qui a passé plusieurs mois dans des camps d’éducation politique.
« J’ai résisté à leurs mesures… Ils m’ont mis dans une petite cellule d’isolement… Dans un espace de 2 mètres sur 2, on ne m’a donné ni à manger ni à boire. Mes mains étaient ligotées dans mon dos et j’ai dû rester debout pendant 24 heures sans dormir », confie Nur, un autre ex-détenu d’un camp d’éducation politique.
A l’intérieur de ces camps, selon les informations de HRW, les personnes sont contraintes d’apprendre le chinois mandarin, de faire l’éloge du parti communiste chinois et de mémoriser des règles applicables principalement aux musulmans turcophones.
Ainsi, les détenus ne seraient pas autorisés à quitter les camps sans avoir appris plus de 1000 caractères chinois, ou avant qu’ils ne soient considérés comme des Chinois suffisamment loyaux. Ceux qui résistent ou considérés en « échec d’apprentissage », sont punis.
Des cas de décès ont également été signalés. Ils seraient notamment dus à de la maltraitance physique, psychologique ainsi qu’à des conditions de vie difficiles et une surpopulation.
« Au Xinjiang, le gouvernement chinois est en train de porter atteinte aux droits humains à une échelle telle que le pays n’en avait pas connu depuis des dizaines d’années », a déclaré à l’issue de ce rapport Sophie Richardson, directrice de recherches sur la Chine auprès de la division Asie de Human Rights Watch.
« La campagne de répression au Xinjiang est un test crucial pour savoir si les Nations Unies, ainsi que les États que ces abus préoccupent, sanctionneront une Chine de plus en plus puissante afin d’y mettre fin », a t-elle également ajouté.
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