À PROPOS DU DROIT DE MOURIR DANS LA DIGNITE

Depuis quelques années, le monde, essentiellement occidental, est traversé par un débat sur l’éthique de la mort de nos jours. Nul n’ignore qu’avec le progrès de la médecine et de la pharmacologie, les hommes vivent de plus en plus longtemps. Cette longévité prolongée n’est pas sans conséquence. De nouvelles maladies, souvent incurables pour le moment, sont enregistrées. Ce qui a pour conséquences de faire assister à des fins de vie douloureuses pour les malades et insupportables pour les proches. Or, l’issue, c’est-à-dire la mort du malade est inéluctable. C’est ainsi que certaines personnes, leurs proches ou des soignants en sont venus à réclamer une « mort digne ». Ils en appellent alors à l’euthanasie ou à l’aide au suicide.

D’où, la notion du « droit de mourir dans la dignité ». Cette question éthique est l’objet d’un débat qui traverse le monde entier. Il existe même une Fédération des Associations pour le Droit de Mourir dans la Dignité qui est représentée dans plusieurs pays. En France, malgré un activisme de l’Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité, aucun gouvernement n’a encore accepté de légaliser l’euthanasie. Quand bien même ces voisins tels que la Belgique et la Suisse la pratiquent. Ainsi, en août 2014, Nicole Boucheton, alors vice-présidente de l’Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité, atteinte d’un cancer en phase terminale, s’est exilée en Suisse pour « mourir dans la dignité ». Dans un texte posthume, Nicole Boucheton explique les raisons de son exil : « je suis atteinte d’un cancer du rectum. Lors du diagnostic, le seul traitement curatif était chimio, tomo-thérapie puis chirurgie : colostomie.

J’ai refusé la chirurgie car trop mutilante : l’anus artificiel qui me condamnait à une vie dans des conditions que je juge, pour moi-même, dégradées et inacceptables. Alors j’ai pris contact avec une association suisse afin d’y pouvoir faire un autre choix, celui d’un départ rapide puisque ma seule issue était la mort ». Le débat est émotif et ne laisse personne indifférent. Que recouvre vraiment l’expression « Mourir dans la dignité » ? Pour ceux qui s’opposent à l’euthanasie, il faut élargir plutôt le débat aux conditions de fin de vie de l’être humain de nos jours. Car, la fin de vie dépasse ces deux seuls gestes d’euthanasie et d’aide au suicide, même si les demandes se font de plus en plus nombreuses. Face à cette question existentielle, quelle réponse peut apporter l’islam ? La question qui est posée est à trois niveaux. Premièrement, nul n’a le droit de mettre fin à la vie humaine comme le souligne Allah au verset 32 de la sourate 17 (le voyage nocturne) : « Et, sauf en droit, ne tuez point la vie qu’Allah a rendu sacrée. » Deuxièmement, souffrir avant de mourir est-il anormal voire indigne ? Même si nul ne le souhaite, la réponse est non. Car, d’un point de vue spirituel, la maladie est une source d’expiation des péchés. Or, après la mort, l’homme a rendez-vous avec Son Créateur pour traiter essentiellement de ses actes sur terre, donc des péchés qu’il a commis durant son existence.

Avoir l’opportunité de s’en être débarrassé avant la mort, n’est-ce pas une chance, au lieu d’y voir une indignité ? Troisièmement, il y a la question de l’assistance aux personnes âgées ou aux malades. En réalité, la dynamique du monde actuel, nous éloigne des formes de solidarités auxquelles Allah nous astreint et qui humanisent notre vivre ensemble. Chers frère et sœurs, sortons des égoïsmes dans la quête insatiable de l’avoir, à laquelle nous invite le modèle régnant. Il faut le savoir, le plus important, ce sont nos actes de bienfaisance et non nos acquis matériels et financiers. Que faisons-nous pour porter assistance aux autres ? Car, ce sont ces actes qui donnent sens à notre vie et qui sont le capital véritable sur lequel nous seront interrogés par Le Créateur. Ne l’oublions pas, Allah nous dit au verset de la sourate 17 (Le Voyage nocturne) : « Marquez de la bonté envers les père et mère : si l’un d’eux ou tous deux doivent atteindre la vieillesse auprès de toi ; alors ne leur dis point : « Fi !  » et ne les brusque pas, mais adresse-leur des paroles respectueuses…Et donne au proche parent ce qui lui est dû ainsi qu’au pauvre et au voyageur (en détresse). Et ne gaspille pas indûment, car les gaspilleurs sont les frères des diables ; et le Diable est très ingrat envers son Seigneur. » En clair, la problématique de la mort est liée à la foi en Dieu. Mourir dans la dignité, devrait être plutôt se préparer à aller à la rencontre de Son Créateur en ayant une foi pleine en Lui, qui constitue le véritable gage de notre dignité et de notre sérénité. Qu’Allah nous accorde une fin heureuse. Amine.