Affaire Khashoggi : Trump réaffirme son soutien à Riyad envers et contre tout

Le texte débute et s’achève sur une formule de campagne électorale, « L’Amérique d’abord ! », qui ne laisse guère de doute sur la vision géopolitique du président américain. Entre les deux slogans, le long communiqué publié mardi 20 novembre par la Maison Blanche confirme que les Etats-Unis souhaitent demeurer un « partenaire inébranlable » de l’Arabie saoudite, en dépit du meurtre de Jamal Khashoggi, un journaliste saoudien critique du régime, tué dans les locaux du consulat de son pays à Istanbul le 2 octobre.

Dans une déclaration jalonnée de nombreux points d’exclamation et de multiples détours, M. Trump semble laisser planer le doute sur l’implication du prince héritier Mohammed Ben Salman (« MBS ») dans l’assassinat et le démembrement de M. Khashoggi, afin de préserver une alliance qu’il estime « dans l’intérêt des Etats-Unis, d’Israël et d’autres partenaires dans la région ». « Nos agences de renseignement continuent de vérifier toutes les informations, mais il se pourrait très bien que le prince héritier ait eu connaissance de cet événement tragique – peut-être et peut-être pas », écrit le président américain.

« Rien d’absolument certain »

« Cela étant dit, il se peut que l’on ne sache jamais toutes les circonstances de ce meurtre », ajoute-t-il, défiant les conclusions de la CIA, rapportées par la presse américaine, selon lesquelles le prince héritier aurait bien autorisé le meurtre du journaliste. Selon des enregistrements obtenus par les services de renseignement américains, un membre de l’équipe impliquée dans la disparition de M. Khashoggi aurait demandé à l’un de ses supérieurs, par téléphone, de « dire à [son] patron » que la mission avait été accomplie. Selon le New York Times, la personne en question était le prince héritier.

Devant la presse, mardi, M. Trump a assuré que « la CIA n’a rien trouvé d’absolument certain ». Il s’est borné à rappeler que les Etats-Unis avaient décidé des sanctions financières à l’encontre de dix-sept Saoudiens impliqués dans le meurtre.

Visiblement soucieux de mettre un terme à cette affaire, le président américain réitère donc sa confiance dans le « royaume saoudien, allié important dans notre combat contre l’Iran ». Seul ennemi véritablement pointé du doigt, l’Iran occupe une place de choix dans le communiqué, dont les premières phrases résument les multiples dangers que représente, aux yeux de M. Trump, ce pays qualifié de « plus grand soutien du terrorisme ».

Dans un « monde très dangereux », justifie-t-il, l’alliance avec l’Arabie saoudite – « qui a accepté de dépenser des milliards pour lutter contre le terrorisme islamique, qui se retirerait volontiers du Yémen si les Iraniens acceptaient de quitter ce pays » en guerre – est d’autant plus indispensable. Cette analyse est défendue par son beau-fils et conseiller Jared Kushner, qui a développé des liens étroits avec « MBS ». Le président des Etats-Unis ne cache pas que les liens économiques avec l’Arabie saoudite ont joué un rôle dans sa décision d’exonérer le royaume de sanctions.

Ne pas perdre « sa voix morale »

La position de M. Trump est loin de faire l’unanimité, y compris dans son camp. Proche du président, le sénateur républicain de Caroline du Sud, Lindsey Graham, a estimé qu’il n’est pas dans l’intérêt du pays de perdre sa « voix morale » sur la scène internationale. Selon lui, la décision d’infliger des sanctions sévères à l’Arabie saoudite et à la famille royale pourrait trouver un « large soutien bipartisan » au Congrès.

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