ALASSANE OUATTARA ET L’EGLISE CATHOLIQUE DE COTE D’IVOIRE: ‘‘Histoire secrète d’un malentendu’’ (PREMIERE PARTIE)

 

 

Volontairement ou involontairement, les religieux par leur intrusion dans les débats politiques donnent l’impression que les divergences entre les hommes politiques, sont d’ordre religieux, voire communautaires. Où est la vérité ? Pour le savoir, suivons l’histoire secrète du Malentendu entre Alassane OUATTARA et l’Eglise Catholique depuis 1990.
Les observateurs de la scène politique ivoirienne notent une tension permanente entre Alassane OUATTARA et l’Eglise Catholique. Cette tension augmente, en général, à la veille des échéances électorales. Comme si, les fondements de cette tension étaient politiques.
Dans l’histoire de la Côte d’Ivoire, a-t-on vu une telle tension entre un chef de l’Etat et l’Eglise catholique ?
De mémoire d’Ivoiriens, jamais on n’a vu une telle tension permanente entre la hiérarchie catholique et HOUPHOUËT-BOIGNY, BEDIE, GUEI et Laurent GBAGBO.
Bien entendu, de temps en temps, il y a eu quelques coups de colère. Mais pas plus.
Tandis qu’avec Alassane OUATTARA, la tension reste permanente depuis sa nomination d’abord comme Premier Ministre, opposant ensuite et avec son élection comme Président de la République.
A l’analyse, ce qui se passe aujourd’hui entre ADO et la hiérarchie catholique, semble prendre, ses racines, d’une part, dans les conséquences de l’ébranlement de la toute Puissante ‘‘Maison de Felix HOUPHOUËT-BOIGNY’’ basée sur trois piliers : la France, le PDCI et l’Eglise.
Et d’autre part, dans l’évolution de l’organisation de la communauté musulmane, après la mort d’HOUPHOUËT-BOIGNY.
D’abord, c’est la France de Mitterand qui proclame en 1990 l’ouverture démocratique qui sonne le glas du parti unique et crée chez Houphouët un sentiment d’arrogance des blancs. Ensuite, c’est le PDCI, traversé par une atmosphère de succession entre les courants Bédié et Yacé, ce qui le perturbe intimement. Et enfin l’Eglise catholique qui traîne les pieds vis-à-vis de la Basilique construite par ses soins. Pour Houphouët, cette attitude de l’Eglise est de l’ingratitude. Tandis que dans la rue l’opposition de gauche le traine dans la boue et le traite de ‘‘voleur’’. Le vieil homme de Yamoussoukro est démoralisé et déçu de ce qu’il considère comme de l’ingratitude après tout ce qu’il a fait pour ses ‘‘amis’’ et ‘‘alliés traditionnels’’ en quarante (40) ans pour leur offrir la Côte d’Ivoire. Dans cet environnement délétère, le pauvre parent absent dans les tractations relatives à l’après Houphouët est bel et bien la communauté musulmane marginalisée depuis le pouvoir colonial. Car naturellement, elle est aussi inquiète pour son avenir au moment où tout le monde s’acharne sur ‘‘le vieux’’. Elle se pose des questions sur son avenir après HOUPHOUËT-BOIGNY, d’autant plus qu’à la faveur de la présence d’un musulman à la Primature depuis 1990, elle est de plus en plus indexée par les adversaires politiques d’ADO. La communauté musulmane ne veut pas être le mouton de sacrifice de l’après HOUPHOUËT-BOIGNY, d’autant plus qu’elle se souvient des remous révélés par Jeunes Afrique, Confidentiel à cause de la nomination pour la première fois d’un musulman (Amara ESSY), comme Ministre des Affaires étrangères.
Aussi, met-elle la pression pour son organisation car elle ne peut compter sur personne, et encore moins sur ADO encerclé et entouré de toute part de 1990 à 1993. Elle a vu juste. Car après le départ d’ADO, elle a dû faire face seule à BEDIE d’abord, GUEI, et ensuite Laurent GBAGBO.

DES DIVERGENCES POLITIQUES AUX DERIVES ET AMALGAMES RELIGIEUX
Dans la guéguerre entre Ado et ses adversaires politiques et religieux, par ricochet, la communauté musulmane a souffert le martyr. Ainsi, selon les archives du CNI, le 08 mars 2011, l’Imam Koudous, Président du Conseil National Islamique (CNI) a écrit une lettre détaillée aux Grands Commandements sur les exactions enregistrées par son organisation :
« Mon Général,
Je viens par la présente note, porter à votre connaissance les faits suivants :
1. La perquisition de la Mosquée de BANCO 2, sise à Yopougon, le jeudi 03 mars 2011, juste après la prière de 16 heures ;
2. Les vandalisassions et l’incendie de la Mosquée Lem, ainsi que le siège du CNI à Yopougon le Vendredi 04 et le samedi 05 mars2011 ;
3. L’immolation par le feu de deux fidèles devant la Mosquée, tirs à balles réelles sur plusieurs, et disparition de personnes arrêtées dans les Mosquées ;
4. L’arrestation des personnes présumées musulmanes dépouillées de leurs biens personnels puis violentées par des éléments en tenue et par des jeunes militants politiques ;
5. La tentative de perquisition des Mosquées d’Aghien-2 plateaux, de la Mosquée de la Riviera Golf et de la Radio islamique AL BAYANE.
En ma qualité de guide religieux, je puis vous assurer que de tels agissements sont susceptibles d’attirer la colère divine sur leurs commanditaires et exécutants mais aussi une grande frustration chez vos concitoyens musulmans dans un pays déjà en crise.
Connaissant donc votre sens de responsabilités, du devoir, de la justice et de la crainte de Dieu, je vous prie de bien vouloir aider à mettre fin à ces pratiques qui n’honorent pas notre pays.
Que le Seigneur Tout Puissant vous éclaire. » (A suivre…)