A peine a-t-elle été postée sur les réseaux sociaux britanniques qu’elle est aussitôt devenue virale… La vidéo montrant des lycéens de confession musulmane en train de prier dehors, dans le froid, devant leur établissement scolaire, sous la surveillance étroite d’un vigile, a créé un puissant électrochoc visuel de l’autre côté de la Manche.
Suscitant un immense émoi parmi leurs coreligionnaires, les images de huit jeunes musulmans contraints, vendredi 3 décembre, d’accomplir la Salat Al-Jumu’ah dans le vent glacial qui faisait grelotter la ville d’Oldham, auront aussi contribué à jeter un gros pavé dans la mare du rectorat du Grand Manchester.
Une mare gelée par l’indifférence, le mépris ou, pire encore, l’islamophobie d’une enseignante fulminante qui, ce jour-là, leur a refusé l’accès à la salle de prière qui leur est pourtant dédiée, en leur claquant la porte au nez, et d’une école qui, jusqu’à présent, fermait les yeux sur cette ostracisation qui ne dit pas son nom.
Sous le poids de ces images choc et de l’indignation qu’elles ont soulevée, la glace a rompu et le silence dans lequel s’était murée l’administration de la Oldham Academy North school en a été brisé, laissant place à l’expression d’un grand mea culpa public.
« Nous aimerions vous présenter nos sincères excuses », a déclaré le porte-parole de l’établissement secondaire avec solennité, avant d’insister : « Nous sommes fiers de notre diversité et n’avons jamais, et n’empêcherons jamais les étudiants de prier ni ne leur demanderons de prier à l’extérieur. »
« Nous disposons d’une salle de prière depuis longtemps, les enseignants nous permettaient d’y accéder. Mais ce n’est pas la première fois que nous en sommes violemment refoulés », a tenu à préciser l’un des lycéens musulmans qui, jusqu’alors, avaient préféré taire le rejet humiliant qu’ils subissaient, se disant plus en proie à l’incompréhension qu’à la colère.
« Lorsque nous avons été mis au courant de cette injustice, nous avons réagi promptement. Après avoir longuement parlé avec le chef d’établissement et son équipe éducative, nous nous réjouissons qu’il se soit excusé auprès des étudiants musulmans qui en ont été victimes et qu’il ait écrit à leurs parents afin de les rassurer. Il était temps que l’école prenne conscience de la gravité de ce qu’il s’est passé », a indiqué le responsable du Conseil des mosquées d’Oldham, Arooj Shah.
« Nous ne devons pas laisser la division, l’animosité et les ressentiments l’emporter, lorsque des problèmes surviennent. Nous devons au contraire nous efforcer de renforcer notre travail en partenariat pour parvenir à des résolutions équitables, intelligentes et pacifiques », a renchéri le Mufti Helal Mahmood.
OUMMA