Cette fois, l’ancien président angolais a décidé de répondre du tic au tac aux accusations de, Joao Lourenço, son successeur à la tête de l’Etat. Dans une sortie médiatique, mercredi 21 novembre au siège de sa fondation «Fesa», Jose Eduardo Santos a rejeté les accusations du président Lourenço, qui a déclaré avoir trouvé «les caisses de l’Etat vides», lors de sa prise de fonction, en septembre dernier. Les déclarations du chef de l’Etat angolais ont été publiées, le weekend dernier, par le journal portugais Expresso, en marge d’une visite d’Etat que Joao Lourenço a entamé, ce jeudi 22 novembre, à Lisbonne.
Face à la presse, et dans une déclaration liminaire, l’ancien président a répondu qu’il n’a pas laissé les caisses de l’Etat vides. «En septembre 2017, lors du passage de témoin, j’ai laissé environ 15 milliards de dollars à la Banque nationale d’Angola», a poursuivi Eduardo Dos Santos, ajoutant que «le budget général de l’Etat est adopté par l’Assemblée nationale, et tous les revenus et dépenses de l’Etat doivent y être obligatoirement inscrits». Selon lui, le budget 2017 avait enregistré un déficit de 6 %, et malgré la crise née de la chute des cours du pétrole en 2014, l’économie angolaise était en train de sortir de la conjoncture.
Tensions palpables
C’est l’une des rares sorties de l’homme qui a dirigé l’Angola pendant 38 années, avant de passer le témoin en septembre 2017, à l’actuel président, Joao Lourenço. Depuis cette date, les relations entre les deux hommes forts du MPLA, le plus grand parti du pays, n’ont cessé de se dégrader bien que le chef de l’Etat ne cesse d’occulter toute crise avec son prédécesseur.
Dès son accession au pouvoir, Joao Lourenço a pourtant entrepris une vaste campagne de «lutte contre la corruption et la dilapidation des biens publics». Elle s’est surtout traduite par une purge qui a particulièrement visé les proches de l’ancien président avec d’abord, le limogeage de Isabel Dos Santos, ex PDG de la Sonangol, puis l’inculpation récente de Jose Filomeno dos Santos, pour corruption alors qu’il dirigeait le fonds souverain du pays.
Malgré ces signaux forts qui permettaient surtout au chef de l’Etat de prouver son indépendance vis-à-vis de l’ancien président, les résultats sur le plan socio économique restent encore assez mitigés. A bien des occasions, Joao Lourenço n’a pas hésité à charger l’ancien régime, dont il a été pourtant l’un des principaux acteurs, pour justifier l’état de l’économie du pays, et demander de la patience pour que sa politique de relance puisse porter ses fruits. Avec ces échanges par médias interposés, les relations entre les deux hommes d’Etat risquent de se détériorer davantage, amplifiant par la même occasion, les tensions politiques dans le pays où l’ancien homme fort dispose toujours de soutiens dans les arcanes du pouvoir.
afrique.latribune.fr