En attendant de savoir où débarquer les 58 migrants déjà à son bord, l’Aquarius s’est dérouté pour porter assistance à une centaine d’autres migrants dérivant sur une embarcation pneumatique. AFP
La France s’appuie sur le droit de la mer. En attendant de savoir où accoster, le bâtiment de SOS Méditerranée a repris le large pour aller secourir de nouveaux naufragés.
Le navire humanitaire Aquarius, qui va bientôt perdre le pavillon de Panama, a demandé à la France de pouvoir débarquer à Marseille, « à titre exceptionnel », les 58 migrants à son bord, dont 17 femmes et 18 mineurs. Et pour le moment, la France dit non.
« Si nous voulons avoir une politique migratoire cohérente, il faut respecter les règles européennes, a fait valoir Bruno Le Maire, invité mardi matin sur BFM TV. J’estime que la France prend une part de charge importante en accueillant beaucoup de demandeurs d’asile. Autant je pense que la France doit être fidèle à ses valeurs de droit d’asile pour protéger les plus menacés, autant je crois que nous devons dire non à la migration économique ».
Le ministre de l’économie a souligné que « c’est le président de la République, le Premier ministre et le ministre de l’Intérieur qui décideront. Je pense qu’il faut être fermes et clairs. »
Pour la France, c’est le droit de la mer qui doit s’appliquer : un bateau en difficulté doit être accueilli dans le « port sûr » le plus proche. « Or, le port le plus proche des côtes libyennes, on le sait tous, c’est l’Italie ou Malte », a expliqué de son côté la ministre des Affaires européennes, Nathalie Loiseau, invitée sur Sud Radio.
Sauf que, depuis cet été, avec la fermeture des ports italiens aux migrants, les navires portant secours aux migrants en danger en Méditerranée rencontrent de plus en plus de difficultés pour débarquer leurs passagers en Europe. Sur cette question, Paris veut une solution européenne.
« Depuis hier (NDLR. lundi), les ministres de l’Intérieur de l’Union européenne y travaillent dans cesse, j’espère qu’on aura une réponse dans la journée », a ajouté Nathalie Loiseau. Lors des précédentes crises, un accord avait été trouvé pour partager l’accueil des réfugiés entre plusieurs pays européens.
« L’Europe est dix fois plus solidaire qu’elle ne l’était précédemment, c’est la raison pour laquelle nous redisons à l’Italie, l’idée de fermer ses ports à des gens en détresse c’est contraire au droit, c’est contraire à l’humanité », a poursuivi la ministre.
En attendant, alors que l’Aquarius se dirigeait vers Marseille, il a été alerté ce mardi par un avion italien qui a repéré un canot avec une centaine de migrants à bord. Le navire humanitaire, indique Médecins sans frontières, a immédiatement changé de cap pour aller leur porter assistance.
leparisien.fr