Dans la rigoriste Arabie saoudite où l’interdiction de la mixité hommes-femmes n’est pas prête d’être assouplie et encore moins levée, la lutte contre le harcèlement sexuel, au demeurant fort louable, est étonnamment inscrite à l’ordre du jour de la monarchie absolue.
Un paradoxe de prime abord saisissant, qui a toutefois débouché sur l’adoption d’une loi récente criminalisant cet abus de pouvoir au masculin et ses dérives violentes, tout en inspirant au ministère du Travail et du Développement social un ensemble de réglementations visant à protéger ses propres employées, réparties dans les différents départements qui le composent.
Parmi les douze mesures phares qui s’inscrivent dans ce qui est appelé « l’accord sur le harcèlement sexuel au travail », l’une d’elles a défrayé la chronique. A l’origine de la vive controverse qui n’a cessé d’enfler, la recommandation adressée aux femmes pour les inciter à « porter des vêtements amples et modestes sur leur lieu de travail » afin de se protéger des harceleurs en puissance, a embrasé les esprits sur les réseaux sociaux.
Cette préconisation a fait couler beaucoup d’encre et de salive, jusqu’à mettre Twitter en ébullition… Si certains internautes saoudiens n’ont pas mâché leurs mots pour la critiquer, estimant que la femme n’a rien à voir avec le harcèlement sexuel dont elle est, hélas, la proie facile, d’autres ont rappelé avec force que seule la criminalisation des violences faites aux femmes permettra de les éradiquer.
Mais, sans grande surprise, ces points de vue minoritaires ont été engloutis sous l’avalanche de commentaires désobligeants et éminemment sexistes à l’égard de la gent féminine.
En effet, l’écrasante majorité des twittos saoudiens ont accusé les femmes qui travaillent d’être de redoutables séductrices, attirant les hommes dans leur filet « à travers leurs vêtements et maquillage impudiques ». Ou comment inverser allègrement les rôles, en rendant responsables les victimes des agressions portant atteinte à leur intégrité morale et physique qu’elles subissent !Contre ces mentalités saoudiennes figées dans un schéma de pensée archaïque, aucune loi ne pourra rien, pas même celle pénalisant le harcèlement sexuel.