Arabie saoudite : une présentatrice de TV, critiquée pour sa “tenue indécente”, est accusée d’avoir “violé les lois du royaume”

Arborant une abaya blanche d’une grande fluidité que le vent léger qui soufflait ouvrait, dévoilant ses formes et ce qu’elle portait en dessous, ainsi qu’un voile tout aussi aérien qui laissait entrevoir sa longue chevelure brune, l’audacieuse présentatrice saoudienne Shireen Al-Rifaie, filmée dans les rues de Riyad lors du JT du soir, a été emportée par la bourrasque du scandale.

S’est-elle laissée griser par le souffle frais de la réforme impulsée par le prince héritier Mohamed ben Salmane, au point de croire qu’en s’invitant dans les foyers ainsi vêtue, aussi pure soit la couleur de sa tenue, elle échapperait au conservatisme ambiant et aux foudres de ses concitoyens ?

Prise dans la tourmente de la controverse houleuse,  la journaliste de la chaîne de télévision Al-Aan TV, basée à Dubaï, était loin d’imaginer que son intervention en direct, qui révéla le pantalon blanc et le t-shirt qu’elle peina à dissimuler au grand public, lui vaudrait une déferlante de critiques cinglantes sur les réseaux sociaux, sonnant comme un anathème.

Fustigée pour sa « tenue révélatrice indécente », Shireen Al-Rifaie a choqué jusque dans les allées du pouvoir, suscitant l’ire royale. Dès mardi soir, la Commission générale saoudienne de l’audiovisuel diligentait une enquête au sein de sa chaîne de télévision, afin de déterminer les responsabilités internes, tandis qu’elle était accusée publiquement d’avoir « violé les lois et les codes vestimentaires stricts du royaume ».

« Une enquête est actuellement en cours sur une présentatrice de télévision qui est apparue en direct portant une tenue impudique, violant les règles du royaume, dans le cadre d’un reportage consacré à l’autorisation de conduire accordée aux femmes saoudiennes », pouvait-on lire sur Twitter, sous la plume courroucée du responsable de la Commission de l’audiovisuel.

De son côté, le prince réformateur MBS enfonçait le clou en déclarant à CBS TV : « les lois sont très claires et stipulées dans la Charia. Les femmes doivent porter des vêtements décents et respectueux, comme les hommes ».

Etait-elle convaincue que les mentalités étaient prêtes à la voir apparaître à l’écran dans une abaya relookée, s’envolant facilement au vent, à l’heure où les femmes saoudiennes sont autorisées à passer derrière le volant ? Toujours est-il que Shireen Al-Rifaie, dépassée par l’ampleur du scandale, a tenu à s’exprimer à son tour, niant tout acte répréhensible. « Je portais des vêtements décents, et Dieu révélera la vérité de ce qui m’a été dit »,  s’est-elle défendue dans un post cité par le site d’information saoudien Ajel.

Echouant à faire taire ses nombreux détracteurs qui se sont indignés de plus belle, à travers le hashtag « une conductrice nue à Riyad », Shireen Al-Rifaie, frappée d’opprobre, a annoncé sur Snapchat qu’elle allait quitter le territoire saoudien.

oumma.com