Le procès de huit hommes accusés du viol et du meurtre d’une fillette de 8 ans s’est ouvert, lundi, en Inde. Un nouveau drame qui met à mal le parti nationaliste au pouvoir. Deux ministres ont dû démissionner après avoir soutenu les accusés.
En Inde s’est ouvert, lundi 16 avril, le procès de huit hommes soupçonnés d’être impliqués dans le viol en réunion, la séquestration et le meurtre d’une fillette de 8 ans. Un drame de plus qui a provoqué l’indignation du pays tout entier et a placé le parti au pouvoir sous le feu des critiques.
Le corps de la fillette, appartenant à une tribu nomade musulmane, a été découvert en janvier à Kathua, dans le sud de l’État indien du Jammu-et-Cachemire, une zone à majorité hindoue. Elle avait disparu, alors qu’elle était partie en forêt chercher des poneys égarés.
La victime a été enlevée par des individus de la région, qui l’ont droguée avant de la garder captive pendant cinq jours dans une cabane puis dans un temple hindou, selon l’acte d’accusation. Durant sa détention, plusieurs hommes – parmi lesquels un policier – l’auraient violée à tour de rôle. Elle a ensuite été étranglée, la tête fracassée avec une pierre.
D’après les enquêteurs, les huit prévenus, tous hindous, ont agi avec la complicité d’un villageois local pour terrifier les Bakerwals, communauté de bergers musulmans dont était issue l’enfant, et les dissuader de venir dans leur zone.
Démission de deux ministres
L’affaire a eu un retentissement national, notamment du fait de l’implication de deux ministres du parti au pouvoir, le Bharatiya Janata Party (Parti du peuple indien, BJP, droite nationaliste), poussés à la démission après avoir participé à un rassemblement de soutien aux accusés. Également issu du BJP, le Premier ministre Narendra Modi, très critiqué après être resté silencieux, s’est finalement exprimé vendredi 13 avril, assurant que les coupables ne seraient pas protégés.
Sa ministre chargée des Droits de la femme et des enfants, Maneka Gandhi, avait auparavant assuré sur Twitter qu’elle tenterait de faire modifier la législation en vigueur afin que soit infligée « la peine de mort pour le viol d’enfants de moins de 12 ans ».
Des manifestations ont été organisées mais sans générer pour l’instant un mouvement massif semblable à celui déclenché par le viol collectif et le meurtre d’une étudiante en médecine suppliciée dans un bus en sortant du cinéma à New Delhi en 2012. L’affaire avait choqué la planète.
Au terme de la première audience, lundi, le juge a reporté la suite du procès au 28 avril.
Environ 40 000 cas de viols sont signalés chaque année dans cette nation de 1,25 milliard d’habitants, selon les statistiques officielles. Les observateurs estiment cependant que ce chiffre n’est que la partie émergée de l’iceberg en raison de la forte culture du silence qui prévaut sur ce sujet dans la société indienne.
Avec AFP et Reuters