Officiellement, 22 corps ont été retrouvés à Koumaga, dans le centre du pays, samedi 23 juin, a indiqué ce lundi le gouvernement malien. La plus importante association peule du Mali, Tabital Pulaaku, fait état d’au moins 37 civils peuls tués. Dans la localité de Koumaga, les témoins font état d’exactions commises par des dozos, confrérie traditionnelle de chasseurs qui regroupe différentes communautés. Certains s’interrogent cependant sur leur véritable identité et sur leurs objectifs. Comment en est-on arrivé à de tels bilans ?
Dans la région de Mopti, les conflits entre agriculteurs, éleveurs, pêcheurs et chasseurs dozos ne sont pas nouveaux, mais rarement les bilans ont été si lourds.
Une des raisons est certainement à chercher dans le contexte sécuritaire qui s’est terriblement dégradé dans le centre du pays. La présence des terroristes et les armes qui circulent ont entraîné une violence beaucoup plus grande, à chaque affrontement. L’Etat, absent localement, ne joue plus son rôle de régulateur. Un climat qui rend difficile, aujourd’hui, la définition des dozos, comme l’explique Ibrahim Maïga, chercheur à l’Institut d’études de sécurité, basé à Bamako.
« On pense savoir qui sont ces dozos-là, mais la situation est beaucoup plus complexe. Lorsque l’on parle de dozos, en principe on parle de gens qui sont initiés à des rites traditionnels. Ce n’est pas le cas pour tout le monde. Vous avez, dans les rangs de ces groupes dozos, des gens, des jeunes qui estiment être dans une logique d’autodéfense et ne pas nécessairement être des dozos, au sens rituel du terme », explique Ibrahim Maïga.
Dans cette logique d’auto-défense, certains dozos se seraient engagés dans la lutte contre les terroristes du Front de libération du Macina, un groupe à dominante peule qui agit dans le centre du pays. Cet engagement aurait justifié une certaine forme de tolérance et d’acceptation de la part des autorités, selon Ibrahim Maïga. Le chercheur ne parle cependant pas de collaboration, contrairement à l’association peule Tabital Pulaaku qui qualifie les dozos qui ont fait irruption à Koumaga ce week-end de mercenaires à la solde de Bamako.
RFI