Au Nigeria les paris sportifs en ligne sont en train d’exploser à la faveur du Mondial en Russie. C’est l’un des vecteurs susceptible d’accélérer le développement du paiement en ligne dans un pays encore faiblement bancarisé.
Avec l’enjeu du match prévu ce mardi soir, le match nul pourquoi pas la victoire des Super Eagles face à l’Argentine, il y a de quoi galvaniser l’ardeur des parieurs nigérians. Le gisement des partis sportifs sur le football a attiré de nombreuses sociétés de jeu en ligne. Des plateformes russe, slovaque, italienne sont déjà présentes sur ce grand marché africain. Le bookmaker britannique Betway est arrivé en janvier et a lancé une vaste campagne de promotion pour le Mondial en offrant un aller-retour et deux places pour assister au match prévu ce soir, même cadeau offert par le numéro un du marché, le Nigérian Bet9Ja. La start up Nairabet revendique deux millions de clients. Une activité qui participe à la promotion de l’inclusion financière auprès d’un public qui, parfois, n’a même pas de compte en banques.
Le Nigeria est un géant économique mais encore un nain en matière de finance digitale.
Le Nigeria fait partie des pays africains où moins de 10% des adultes disposent d’un compte mobile d’après le Global Findex, l’indice de la Banque mondiale sur l’inclusion financière. Quand le Kenya, le précurseur en la matière, a dépassé la barre des 40%. Le Nigeria est aussi l’un des pays les moins bancarisés, avec seulement 40% des adultes disposant d’un compte en banque. Ce retard s’explique en partie par les récentes difficultés économiques du pays et aussi en partie par l’absence de sécurité informatique, la lenteur de l’internet, la crainte des fraudes et des arnaques ont dissuadé les usagers. Une situation qui s’est beaucoup améliorée récemment grâce aux technologies de paiement proposées par des start ups locales, PayStack et Flutterwave.
Les services de ces deux start up ont très vite été adoptés par les sociétés de jeu en ligne et plébiscités par leurs clients
PayStack est le moyen de paiement le plus populaire pour ceux qui jouent sur le site de Nairabet. La start up fondée il y a deux ans par deux jeunes informaticiens nigérians grâce à un incubateur de la Silicon Valley est en plein essor. Elle a levé plus d’un million de dollar avec l’appui du Chinois Tencent et de l’Américain Comcast. Paystack ne sert pas qu’aux sites de jeu, c’est aussi une technologie appréciée par les compagnies nigérianes de transport et d’assurances. Fluterwave, l’autre jeune pousse locale, lancée au même moment, se développe aussi à vive allure avec un pied dans la Silicon Valley. Elle a levé dix millions de dollars pour assurer son développement futur.
Le marché des jeux en ligne représente une part importante des paiements digitaux?
Le chiffre d’affaires est estimé à un milliard de dollars aujourd’hui au Nigeria. Cette activité a décollé depuis l’an dernier. En témoigne le bond des recettes fiscales prélevées sur les paris sportifs, elles ont augmenté de 30 à 40% entre 2016 et 2017. Une trajectoire qui suit celle des paiements en ligne. D’une année à l’autre le nombre de transactions digitales a doublé. Le pari sportif est donc bien un des moteurs de l’inclusion financière au Nigeria. Il y a encore beaucoup à faire en la matière au Nigeria: 98% des flux monétaires sont encore effectuées en espèce.
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RFI
