Au Parlement européen, Macron appelle à une « souveraineté réinventée » face à la tentation « autoritaire »

Le président français Emmanuel Macron s’est adressé, mardi, pour la première fois aux députés européens réunis à Strasbourg, afin de les mobiliser autour de son ambition de « refonder l’Europe ».

Emmanuel Macron s’est exprimé mardi 17 avril au Parlement européen, à Strasbourg. Dans un hémicycle bondé, le chef de l’État français a appelé à une « souveraineté réinventée » de l’Europe face à la tentation « autoritaire ».

« Si nous décidons d’abandonner notre attachement à la démocratie en Europe, nous ferons fausse route (…) La démocratie est notre meilleure chance », a-t-il notamment déclaré. « La réponse n’est pas la démocratie autoritaire. Elle est l’autorité de la démocratie », a-t-il ajouté.

« Je veux appartenir à une génération qui aura décidé de défendre fermement sa démocratie (…) Je ne céderai à aucune fascination pour les régimes autoritaires », a insisté Emmanuel Macron. « Je ne veux pas faire partie d’une génération de somnanbules. »

Pour Caroline De Camaret, l’envoyée spéciale de France 24, Emmanuel Macron a réalisé un discours « très europhile ». « C’était un grand discours sur les souverainetés européennes, qui ne sont pas incompatibles avec les souverainetés nationales. Elles les renforcent », a-t-elle décrit. « Il a beaucoup insisté sur le fait qu’il ne fallait pas être fasciné par les dérives autoritaires de certains régimes autour de nous. »

Un programme européen pour financer les collectivités accueillant des réfugiés

Le président français s’est aussi exprimé sur la question des réfugiés. Il a proposé de « créer un programme européen » pour financer les collectivités locales accueillant des réfugiés, afin de dépasser « le débat empoisonné » sur les quotas de répartition au sein de l’UE.

« Je propose de créer un programme européen qui soutienne directement financièrement les collectivités locales qui accueillent et intègrent les réfugiés », a-t-il expliqué.

Pour Emmanuel Macron, il s’agit d’un des dossiers sur lesquels « nous devons obtenir des résultats tangibles ». Pour cela, selon lui, il faut « débloquer le débat empoisonné sur le ‘règlement de Dublin’ et les relocalisations, mais aussi dépasser ce débat, en construisant la solidarité interne et externe dont l’Europe a besoin ».

Les États membres de l’Union européenne se sont donné jusqu’en juin pour s’accorder sur une réforme du « réglement de Dublin », qui désigne quel pays a la responsabilité de traiter une demande d’asile faite en Europe. Ce dispositif décrié la confie presque toujours à ceux de première entrée dans l’UE, faisant peser une charge démesurée sur des pays comme la Grèce et l’Italie, mais sa réforme est enlisée depuis près de deux ans.

La Commission européenne, soutenue notamment par Berlin, propose de partager l’accueil par des quotas de « relocalisation », qui ne seraient toutefois déclenchés qu’en cas de crises comparables à celle de 2015, quand 1,26 million de personnes ont demandé l’asile dans l’UE. Mais plusieurs pays, la Pologne et la Hongrie en tête, refusent catégoriquement toute idée de répartition obligatoire, faisant notamment valoir l’opposition de leurs opinions publiques à de telles mesures.

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