En Autriche, le gouvernement de coalition, alliance entre les conservateurs et l’extrême droite, veut interdire l’accès à l’apprentissage pour les jeunes demandeurs d’asile. C’est un dispositif auquel les demandeurs d’asile ont droit depuis 2012.
C’est le précédent gouvernement, une coalition entre les sociaux-démocrates et les conservateurs, qui avait décidé d’ouvrir l’apprentissage aux jeunes demandeurs d’asile dans les secteurs où il y a des besoins, comme la restauration. Mais aujourd’hui ce sont les conservateurs qui dirigent l’Autriche avec le FPÖ, le parti d’extrême droite et le ton a changé.
Dimanche dernier, Heinz-Christian Strache, le chef du FPÖ, également vice-chancelier, a critiqué ce dispositif dans une interview. Selon lui « quand on ne dispose pas d’un droit au séjour, on ne doit pas être autorisé à entamer un apprentissage ». Quelques heures plus tard, le porte-parole du gouvernement confirmait la volonté de l’exécutif de fermer l’apprentissage aux demandeurs d’asile. Décision qui n’est pas anecdotique, car l’apprentissage est une pratique très répandue en Autriche: 45 % des 15-19 ans sont apprentis et 1000 demandeurs d’asile sont actuellement formés par ce biais.
Pour l’opposition, c’est une décision incompréhensible
Il y a un fort besoin d’apprentis et d’ouvriers qualifiés en Autriche. Deux raisons principales à cela. D’abord, le taux de fécondité a fortement baissé : il est passé de 2,82 naissances par femmes en 1963 à 1,53 en 2016. Deuxième raison : de plus en plus de jeunes choisissent aujourd’hui l’enseignement supérieur.
Résultat : 12 500 places d’apprentissage restent vacantes actuellement. Pour l’opposition, cette décision est une erreur économique. Le chef du parti social-démocrate, Christian Kern, déplore ainsi une politique « complètement absurde », alors qu’il y a aujourd’hui « plus d’offres d’apprentissage que de demandes » selon lui.
Le gouvernement autrichien a expliqué qu’il aiderait les entreprises à trouver des apprentis, arguant que 8600 réfugiés de moins de 25 ans cherchent aujourd’hui un emploi, ils seront donc prioritaires pour les places en apprentissage.
Les associations dénoncent un climat délétère pour les demandeurs d’asile
Selon les organisations comme Volkshilfe, les demandeurs d’asile sont particulièrement ciblés par le gouvernement ces derniers mois. Les contrôles aux frontières restent soutenus et les policiers pourront même bientôt prendre l’argent liquide et le téléphone portable des demandeurs d’asile qui veulent entrer en Autriche, alors même que le nombre d’arrivées a très fortement chuté depuis 2015 : seules 8000 demandes d’asile ont pour l’instant été déposées pour l’année 2018.
Les associations pointent aussi les coupes budgétaires notamment pour l’enseignement de l’allemand. En somme une politique qui ne facilite pas, selon elles, l’intégration des demandeurs d’asile, alors même que leur demande peut mettre deux ans ou plus à être instruite.