(Agence Ecofin) – Le continent africain est actuellement au cœur d’une bataille de positionnement de la part de grandes puissances internationales, alors que le monde s’engage dans une nouvelle guerre qui cette fois est commerciale.
Offensive britannique en Afrique de l’ouest, de l’est et du sud
L’offensive a été donnée par Theresa May qui a débuté, le 28 août en Afrique du Sud, une première visite pour un chef de gouvernement britannique en Afrique depuis 5 ans. Dans son avion, une délégation d’hommes d’affaires et des acteurs financiers. La visite se poursuivra au Kenya et pour les premiers engagements annoncés, la paix, la prospérité et le développement mutuels sont évoqués. Tandis que Mme May porte l’offensive vers le sud et l’est du continent, sa collaboratrice Hariet Baldwin, ministre britannique en charge des questions africaines, est allé signer des contrats commerciaux pour 20 millions de Livres Sterling (monnaie britannique) au Ghana, en Afrique de l’ouest. La presse anglaise n’a pas manqué de voir dans ce déploiement, une façon pour les sujets de sa majesté la Reine Elisabeth II, d’ouvrir un front de bataille contre la France d’Emmanuel Macron et l’Allemagne d’Angela Merkel, alors que s’est engagé le processus du Brexit (retrait de la Grande Bretagne du marché unique européen).
Réplique allemande dans la CEDEAO
Angela Merkel justement n’est pas démeurée chez elle. Elle débute ce 29 août une tournée qui la portera dans trois pays de la CEDEAO dont le Sénégal pour la partie francophone, ensuite le Ghana et le Nigéria, deux moteurs de cette sous-région. L’influence allemande en Afrique continue de grandir et la chancelière allemande ne manquera pas de défendre la pertinence du projet « Compact with Africa », mais aussi de plaider pour plus d’investissements allemands dans la région. Au Nigéria, Angela Merkel s’entretiendra avec Muhamadu Buhari. Ce dernier redresse tant bien que mal son pays, qui est aussi l’économie la plus importante d’Afrique. Le même Buhari, était déjà le premier président à être reçu à la Maison Blanche. Et selon des médias britanniques il aurait été chahuté par Donald Trump et qui aurait dit ne plus vouloir rencontrer de dirigeants aussi affaiblis.
Les Américains ne sont pas en reste
Un souhait qui s’est réalisé lundi passé, lorsque le président américain a reçu le jeune fringuant et récemment reélu président kényan Uhuru Kenyata (56 ans). Pragmatique, Donald Trump ne s’est pas s’offusqué de recevoir un des « cousins » de son prédécesseur, Barack Obama. C’était le deuxième président d’Afrique subsaharienne reçu à la Maison Blanche depuis sa prestation de serment. Si le président américain a reproché à son invité des exactions dans la lutte contre les shebabs somaliens, le gros du sujet a été économique. Le Kenya recevra une mission de conseils américains, pour discuter du « Doing Business in Africa ». Mais surtout Trump n’a pas manqué de plaider la cause d’une entreprise américaine Betchel, qui est en course pour construire une autoroute au Kenya. Au total, des engagements et promesses de contrats évalués à 900 millions $.
Le président Kenyatta n’a pas trainé dans la capitale américaine, il est déjà sur le chemin de retour vers son pays, où il recevra demain Theresa May, avec qui les discussions seront intéressantes. Mais aussi, la première britannique devrait plaider pour le règlement d’une facture de 17 millions $ due par la commune de Nairobi à l’entreprise britannique SCF Holdings.
La Chine en grand maître
Mais juste après Mme May, Uhuru Kenyata rejoindra ses homologues africains en Chine, où s’organise une messe pour la coopération avec la région. Le pays est déjà le premier partenaire commercial du continent africain, qui lui offre un excédent confortable dans les échanges. Xi Jinping qui sort lui-même d’une tournée africaine, ne manquera pas de rassurer les Africains, friands de messages de soutien, agrémentés de promesse de milliards $ en infrastructures.
Ce ramdam diplomatique semble suivi de loin par les opinions et les élites africaines. Pourtant, elle se déroule au plus fort d’un moment tout aussi exceptionnel, celui d’une nouvelle guerre entre les grandes puissances. L’Amérique a ouvert le front contre tout le monde. Les Britanniques continuent de tourner le dos à l’Union Européenne. Cette dernière (UE) a signé un accord historique de libre-échange avec le Japon, et la Chine, quant à elle, se positionne progressivement dans un schéma où elle n’avait pas prévu l’arrivée cavalière de Trump.
Dans une récente analyse, l’agence de notation Moody’s a relevé un ensemble de chocs auxquels s’exposent les pays africains dans ce contexte d’affrotement des géants du monde. Le Gabon, premier exportateur de la CEMAC en 2017, le Ghana, économie prometteuse de la CEDEAO, l’Afrique du Sud, géant économique africain, et l’Egypte, leader économique au Moyen-Orient, sont en première ligne parmi les victimes collatérales de cette situation.
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