Au Royaume-Uni, le débat autour du Brexit est loin d’être clos. La semaine a été particulièrement agitée pour Theresa May après l’accord passé entre Londres et Bruxelles sur les modalités de sortie de l’Union européenne. La Première ministre a dû faire face à la démission de quatre de ses ministres et à l’hostilité des députés conservateurs, les députés de son parti. Le week-end s’avère être une courte période de repos pour Theresa May avant une semaine qui s’annonce encore bien compliquée.
Le week-end va offrir quelques heures de répit à Theresa May qui a survécu à la crise de ces derniers jours grâce à une combativité impressionnante. Elle se battra jusqu’au bout d’ailleurs, elle l’a dit et redit, pour faire aboutir ce plan de sortie. Le fait que le ministre de l’Environnement, Michael Gove, soit finalement resté au gouvernement a aidé à calmer les esprits comme la nomination de Stephan Barkley, ministre du Brexit, un pro-Brexit comme c’est d’ailleurs la règle, ou celle d’Amber Rud, une fidèle de Theresa May qui rejoint le gouvernement.
Une Première ministre en sursis
Mais la semaine qui arrive va être décisive, car le risque de vote d’une mention de censure n’est pas écarté. C’est donc une Première ministre en sursis qui va préparer le conseil européen de dimanche prochain.
Dans les rues à Londres, les habitants oscillent entre défiance, colère et beaucoup de lassitude également. Mais dès qu’on s’adresse à des entreprises ou des institutions, parler Brexit devient compliqué. On sent que les gens sont sur leur garde et dans l’expectative face à une question qui divise profondément le pays.
Les travailleurs européens inquiets
Plus de trois millions d’européens vivent au Royaume Uni, la majeure partie à Londres, sans doute l’une des villes les plus cosmopolites de la planète. Dans la capitale britannique, les travailleurs européens sont donc partout, et certains employeurs redoutent les conséquences de la fin de la libre circulation des personnes.
Dans ce restaurant italien posé au bord d’un canal à Paddington, la gérante est polonaise, la serveuse aussi. Bernadetta constate déjà les effets du Brexit. « La restauration, vous savez, j’y travaille depuis 8 ans. Il n’y a pas beaucoup de Britanniques qui viennent bosser dans les restaurants, en cuisine, ni même dans le service. Ils cherchent sans doute d’autres types d’emplois. Donc Il se peut qu’il y ait des problèmes pour recruter parce que les gens ne vont plus venir s’installer ici, explique-t-elle. Je le constate déjà, il n’y a plus autant de personnes qui se présentent spontanément pour demander du travail. Il y a quelques années, ils étaient des centaines ! Beaucoup d’espagnols et d’italiens, maintenant on ne voit plus ça ».
Essentiels à l’économie du pays
L’accord que tente désespérément de sauver Theresa May prévoit que la plupart des européens installés depuis plus de cinq ans obtiennent un permis de séjour permanent. Ces travailleurs sont essentiels à l’économie du pays, que ce soit dans la restauration, les services, ou le bâtiment.
« On a une soixantaine de gars ici venus de pays différents, qui travaillent pour nous et font un super boulot. Donc évidemment on veut les garder. On a besoin du travail de ces gens, insiste Andy Sissle, un chef de chantier de 57 ans qui dirige la rénovation d’un vieil immeuble. Il n’y a pas assez de main d’œuvre anglaise sur les chantiers. Et tous ces gars qu’on a, des Roumains, des Polonais, ils s’inquiètent évidemment. Donc tout le monde s’inquiète de ce qui va se passer dans le secteur du bâtiment ».
La crise politique ne vient rien arranger. Un spectacle pathétique pour Andy Sissle, qui ne comprend toujours pas comment ses compatriotes ont pu voter en faveur du Brexit.
RFI