La justice française a autorisé mercredi 5 décembre l’extradition de François Compaoré vers le Burkina Faso. Le frère de l’ancien président déchu Blaise Compaoré est mis en cause dans l’enquête sur l’assassinat du journaliste Norbert Zongo, tué en 1998.
La cour d’appel de Paris a donné son feu vert à cette extradition, à laquelle le parquet général s’était déclaré favorable. Mais le feuilleton judiciaire n’est pas terminé, car la défense de François Compaoré a indiqué qu’elle allait former un pourvoi en cassation. Et pour être effective, une extradition doit aussi faire l’objet d’un décret gouvernemental.
François Compaoré avait été arrêté à l’aéroport parisien Roissy-Charles-de-Gaulle en octobre 2017 sur la base d’un mandat d’arrêt émis le 5 mai 2017 par les autorités de Ouagadougou. Le Burkina Faso l’accuse d’être impliqué dans l’assassinat du journaliste Norbert Zongo, très critique à l’encontre du pouvoir de l’époque.
La cour d’appel de Paris avait refusé dans un premier temps, en juin dernier, de statuer sur la demande d’extradition du Burkina Faso et demandé des éléments matériels précis de nature à impliquer directement François Compaoré.
Satisfaction du gouvernement
Rémi Dandjinou, ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, se dit « vraiment satisfait de cette décision ». « Elle réjouit le Burkina, d’autant plus que le 13 décembre prochain, nous aurons une date anniversaire importante de ce triste évènement. Norbert Zongo a été assassiné le 13 décembre 1998. »
« L’autre aspect important c’est qu’on nous avait dit que c’était une affaire politique et nous disions à chaque fois que c’était un élément de droit, de justice, souligne Rémi Dandjinou. Et cette décision-là réconforte donc les Burkinabè, qui ont foi que cette justice-là sera rendue en faveur de la famille et du peuple burkinabè, qui a été fortement touché par ce quadruple assassinat. Il faut rappeler que ce sont quatre personnes qui ont été assassinées, le 13 décembre 1998. »
Alors qu’il enquêtait sur la mort de David Ouédraogo, chauffeur de François Compaoré, Norbert Zongo et trois personnes qui l’accompagnaient avaient été retrouvés morts calcinés dans leur véhicule le 13 décembre 1998 à Sapouy, dans le sud du pays.
Soulagement de la famille
« On a eu un « ouf » de soulagement », confie de son côté Robert Zongo, le frère du journaliste assassiné. « Monsieur Compaoré est un citoyen burkinabè, comme tout le monde, et ne saurait se soustraire à la justice de son pays. Nous remercions la justice française et nous demandons aux autorités françaises, d’accélérer la donne pour que François Compaoré puisse rentrer et se mettre à la disposition du juge, pour qu’on puisse définitivement clore le dossier Norbert Zongo. »
Bien que la défense dénonce « une affaire politique », Robert Zongo rétorque que « si c’était une affaire politique, c’est eux qui l’ont politisé ». « Pendant 16 ans, c’est eux qui étaient au pouvoir donc ils étaient assis sur le dossier », insiste le frère de Norbert Zongo.
RFI