« Un, deux, trois, Bismillah ! ». A Toronto, au signal de départ placé sous la bienveillante protection du Très-Haut, les joueuses musulmanes de l’équipe de Softball s’élancent, tous les dimanches, sur un terrain où elles brisent les barrières des préjugés avec de l’énergie à revendre.
Elles sont de plus en plus nombreuses, voilées comme non voilées, à s’adonner au jeu de la balle-molle, descendant direct du Baseball, en s’efforçant de donner un nouveau souffle à cette discipline née à Chicago, en 1887.
Membres de la Sisterhood Softball League, ces Canadiennes de confession musulmane qui n’ont pas peur de mouiller le maillot et éprouvent, chaque semaine, un réel plaisir à jouer ensemble, soudées par leur foi profonde et leur volonté commune de bousculer les mentalités, se heurtent toutefois au sexisme qui a la vie dure… Un sexisme qui n’épargne aucune femme.
Pas question de les considérer comme des sportives du dimanche, les joueuses de Softball chevronnées de Toronto ne l’entendent pas de cette oreille ! Parmi tous les stéréotypes auxquels elles s’attaquent sur le terrain, celui-ci est l’un des premiers contre lequel elles se sont dressées en démontrant une belle cohésion d’équipe.
« Il y a une forte stigmatisation des femmes musulmanes, même ici, au Canada. Nous sommes souvent perçues comme des femmes opprimées, sans personnalité, sans aspiration personnelle, sans compétences, c’est une forme de déshumanisation insupportable », déplore grandement Aisha Qureshi, l’une des meilleures lanceuses.
« J’espère vraiment que les gens, qui viennent nous voir jouer, porteront un autre regard sur nous. Nous sommes comme toutes les autres femmes. Nous, nous aimons le sport. Personne ne nous attendait sur ce terrain-là. Pour moi, le Softball, en plus de m’avoir permis de créer de solides liens d’amitié avec d’autres femmes, est le meilleur moyen de tordre le cou aux préjugés », s’est exclamée Hina Mirza, l’étoile montante de la balle-molle.
Lors d’un récent match, la Sisterhood Softball League n’a pas ménagé ses efforts pour recueillir des fonds pour les femmes en détresse, de toutes origines et confessions, et les laissés-pour-compte de la capitale de la province de l’Ontario, tout en ayant à coeur de faire évoluer les perceptions de l’islam et des musulmans.
Des perceptions, encore par trop négatives, que ces sportives musulmanes formidables s’emploient à démystifier tous les dimanches, dans la joie et la bonne humeur.