Mois de jeûne et de recueillement par excellence, purifiant à la fois l’âme et le corps, le Ramadan est aussi un mois bien rempli, voire même surchargé, pour la gent féminine musulmane, qui ne ménage pas sa peine tout au long de cette parenthèse hautement spirituelle.
Résidant respectivement à Edmonton et Halifax, les Canadiennes Rahma Mohamed et Hina Tareq font partie de ces mères de famille musulmanes qui, à chaque retour du mois béni, s’affairent activement, notamment derrière les fourneaux, pour faire de chaque Suhoor et Iftar un moment de délectation, entourées des êtres chers.
« C’est fatigant, je dois le reconnaître, mais le bonheur que j’éprouve en prenant place à table avec la famille et en mangeant nos plats préférés ensemble est inestimable», a déclaré Hina Tareq, cette maman comblée de trois enfants.
De l’aube au coucher du soleil, ces mères dévouées et débordantes d’énergie tentent d’être sur tous les fronts, dont celui du travail pour certaines d’entre elles, en sacrifiant souvent le temps qu’elles aimeraient consacrer pleinement à la prière, particulièrement nocturne.
Source d’un bonheur chaque année renouvelé, mais aussi d’une inquiétude ou encore d’un stress largement partagés, l’arrivée du Ramadan et sa gestion optimale par les femmes musulmanes ont conduit Rahma Mohamed et Hina Tareq à élaborer un « Programme de préparation au Ramadan pour Nous », fruit de leur expérience personnelle.
Ce recueil électronique prodigue de précieux conseils à leurs coreligionnaires sur la manière de concilier, sans s’oublier elles-mêmes, la préparation des repas pour toute la maisonnée, leur rôle de mère, leur vie active et l’accomplissement d’un devoir religieux des plus vivifiants en ce mois unique.
« Je dirais que les femmes doivent déployer de vraies compétences organisationnelles durant le Ramadan, pour qu’elles puissent disposer du temps nécessaire pour prier et concocter les repas, sans rien sacrifier et se sentir frustrées », a souligné Rahma Mohamed.
« Nous recommandons, tout en cuisinant, d’écouter certaines conférences. Pour les femmes qui travaillent, elles pourraient prendre deux semaines de congés pour mieux se consacrer au Ramadan. Elles s’épargneraient ainsi de la fatigue. Elles pourraient aussi suspendre les activités parascolaires de leurs enfants pour s’économiser davantage encore », suggère-t-elle, en précisant que leur ouvrage donne aussi quelques recettes alimentaires faciles et rapides à réaliser, recommandées par une nutritionniste de Toronto, Idil Farah.
Encouragées par le bon accueil réservé à leur « guide du Ramadan » par celles qui en sont le cœur de cible prioritaire, Rahma Mohamed et Hina Tareq ont décidé de créer un groupe Facebook afin de « consolider une fraternité virtuelle » qui, pour avoir vocation à fédérer les femmes musulmanes entre elles, n’exclut pas pour autant les hommes.
Bien au contraire, la gent masculine musulmane est vivement incitée à rejoindre cette grande chaîne de la solidarité, en faisant part de son point de vue et autres remarques constructives sur la gestion idéale du Ramadan au sein des foyers. « Mon mari est très coopératif et très serviable, car il voit que je suis une femme qui travaille et que j’essaie de gérer les choses au mieux à la maison », a précisé pour sa part Hina Tareq.
Sollicitées par les deux auteurs de l’ouvrage pour apporter son éclairage, l’imam Ibrahim Alshanti, qui officie au sein de la mosquée Al Barakah à Halifax, la capitale de la province canadienne de la Nouvelle-Ecosse, a appelé les hommes à prendre leur part de responsabilité au sein des foyers.
« Nous devons le dire clairement : il n’incombe pas exclusivement aux femmes de s’occuper du travail de la maison, notamment pendant le Ramadan », a-t-il clamé, avant de renchérir : « Nous ne sommes plus à une époque où les femmes restent à la maison. Certaines d’entre elles étudient ou travaillent, ici, au Canada. Les hommes doivent donc les seconder du mieux qu’ils peuvent et partager les tâches domestiques équitablement ».
Un appel vibrant dont Rahma Mohamed et Hina Tareq espèrent qu’il trouvera un large écho en ce début de Ramadan, et résonnera longtemps après sa célébration.