Ce que les paiements internationaux nous enseignent sur l’état du commerce en Afrique

Un nouveau rapport publié par SWIFT montre une hausse de la compensation des paiements et des transactions commerciales intra-africaines.

Selon un nouveau rapport publié par SWIFT lors de la 25ème édition de la Conférence Régionale Africaine (ARC) à Kigali, « Paiements en Afrique : aperçu des flux de transactions africains », la compensation des paiements et les transactions commerciales intra-africaines ont une importance croissante.

Le rapport compare les flux de paiements commerciaux avec les flux financiers, montrant une augmentation de l’utilisation des devises africaines pour les paiements transfrontaliers et un recul de la prédominance des banques de compensation nord-américaines et de l’utilisation du dollar US. On constate aussi une diminution du nombre de relations avec des banques correspondantes étrangères dans la plupart des régions africaines. Le rapport identifie également les facteurs à l’origine de ce changement et leurs répercussions sur les banques représentées en Afrique.

Les données SWIFT mettent en évidence une augmentation importante des paiements commerciaux intra-africains. Environ 20 % de tous les paiements transfrontaliers étaient crédités à un bénéficiaire africain en 2017 contre 16,7% en 2013. Cela démontre que davantage de produits et de services sont achetés et vendus en Afrique. La compensation des paiements au sein de l’Afrique a également augmenté, passant de 10,2 % en 2013 à 12,3 % en 2017. Cela signifie qu’un nombre croissant de paiements transite par l’Afrique plutôt que par le biais d’une banque de compensation située hors du continent.

Tandis que l’Amérique du Nord reste la voie principale d’acheminement des paiements pour les flux financiers provenant d’Afrique, sa prédominance est en déclin. Les banques d’Amérique du Nord (principalement basées aux États-Unis) reçoivent maintenant 39,5 % de tous les paiements envoyés par l’Afrique, contre 41,7 % en 2013. La part du dollar US dans les paiements provenant d’Afrique a également diminué, passant de plus de 50 % en 2013 à 45,1 % en 2017.

L’utilisation de devises locales comme le franc CFA en Afrique de l’Ouest et le rand sud-africain augmente. Le franc CFA a dépassé le rand et la livre sterling dans les paiements transfrontaliers en Afrique, représentant 7,3 % des paiements en 2017 contre 4,4 % en 2013. Le rand a enregistré une hausse plus limitée passant de 6,3 % à 7,2 %.

Dans le même temps, l’importance de l’Europe en tant que partenaire de l’Afrique pour la compensation et le commerce s’accroît. Les flux commerciaux en direction de clients basés en Europe ont augmenté et sont passés de 26,4 % en 2013 à 28,6 % en 2017. À l’inverse, les données SWIFT indiquent que la livre sterling et les banques de compensation du Royaume-Uni perdent de leur importance en ce qui concerne les importations africaines, les flux commerciaux reculant de 10,4 % en 2013 à 9 % en 2017, et les flux financiers de 11,7 % à 9,3 % sur la même période. Entre l’Afrique et la région Asie-Pacifique, les flux financiers ne reflètent pas l’ampleur des flux commerciaux. Tandis que 21,7 % des flux commerciaux sont en destination de l’Asie-Pacifique, seulement 5 % des flux financiers transitent par cette région.

Depuis 2013, pratiquement toutes les régions africaines ont enregistré une baisse considérable du nombre de relations avec des banques correspondantes étrangères. On enregistre au Maghreb une baisse très importante de plus de 47% depuis 2013, tandis que la Communauté de l’Afrique de l’Est est la seule région où le nombre de relations est en hausse.

Il est à noter que les initiatives régionales africaines éliminent les obstacles au commerce par le biais de l’intégration et l’harmonisation, stimulant la transformation économique. Elles apportent plus de stabilité économique et de résilience et, selon les données SWIFT, sont un important catalyseur de l’évolution du commerce et des services bancaires transfrontaliers en Afrique. D’autres éléments comme un secteur des entreprises en plein développement et une pression réglementaire sur les marchés financiers, jouent également un rôle majeur comme moteur du changement en Afrique.

Facteurs d’évolution des paiements transfontaliers en Afrique 

 

En Afrique, le paysage des transactions bancaires évolue du fait de différents facteurs macroéconomiques. Ceux-ci continueront à façonner le secteur bancaire africain dans les prochaines années. La dématérialisation et l’innovation technologique joueront également un rôle de plus en plus important. Les acteurs panafricains devront surveiller attentivement l’évolution de ces leviers économiques afin de réussir la transformation de leurs activités.

Le rapport commence par un avant-propos rédigé par la Banque Africaine de Développement et inclut des contributions de la Fondation Bill et Melinda Gates, de la Banque centrale sud-africaine, d’Ecobank, de Standard Chartered Bank et de BankservAfrica.

JEUNE AFRIQUE