Le président de l’Assemblée nationale centrafricaine Abdou Karim Meckassoua a été destitué ce vendredi 26 octobre, après le dépôt d’une pétition la semaine dernière l’accusant notamment de détournements de fonds et de favoritisme.
Après plusieurs heures de débat dans l’hémicycle, les députés centrafricains ont finalement voté à bulletin secret. Les chiffres ont été égrainés dans le silence. Il fallait 93 voix pour faire tomber le président de l’Assemblée nationale Abdou Karim Meckassoua ; 98 se sont finalement exprimées en faveur de sa destitution.
La question d’une perte de confiance en Abdou Karim Meckassoua a été à plusieurs reprises formulée. On lui reproche notamment d’avoir conservé des rapports, détourné des fonds et d’avoir fait du favoritisme. Abdou Meckassoua a répondu aux questions qui lui ont été posées pendant plus d’une heure, calmement, principalement en langue sango et avec des éléments concrets. Il a notamment répondu à celles concernant les soupçons de détournements de fonds liés aux kits électoraux. Mais sans réussir à retourner la situation.
Quelques applaudissements ont salué cette destitution, accueillie par quelques larmes dans le camp Meckassoua. Certains députés se sont félicités de ce moment historique de démocratie. D’autres se sont interrogés sur la suite.
Critiques
Député du PK5, Abdou Karim Meckassoua était la figure musulmane des hautes institutions. Certains de ses détracteurs n’hésitaient d’ailleurs pas à affirmer qu’il devait sa place à son appartenance à la communauté musulmane.
Il a essuyé des critiques, ses détracteurs le considérant comme trop proche des Français. Ses derniers propos concernant la France avaient aussi été vivement critiqués par les initiateurs de la pétition. Au cours de son allocution du 1er octobre dernier, Abdou Karim Meckassoua avait appelé à appuyer les pays « partenaires prioritaires » qui ont soutenu « inlassablement [le] pays dans la tempête ». Beaucoup y ont vu une critique de la récente alliance du président Touadéra avec la Russie.
C’est la première fois en Centrafrique qu’un président de l’Assemblée nationale est destitué. Selon le règlement intérieur, un nouveau président doit être élu en plénière dans les trois prochains jours.
Le porte-parole du gouvernement, Ange-Maxime Kazagui, a déclaré vendredi soir avoir pris note du vote du Parlement et espérer ne pas voir cette décision instrumentalisée à des fins de désordre.
RFI