LE CONSEIL FRANÇAIS DU CULTE MUSULMAN (CFCM) A ORGANISÉ, MERCREDI 23 JANVIER, UNE CÉRÉMONIE DE VŒUX À LA GRANDE MOSQUÉE DE PARIS, UNE PREMIÈRE SOUS CETTE FORME.
« Vous êtes ici dans la maison de l’islam de France. » C’est par ces mots que le Recteur Dalil Boubakeur choisit d’accueillir son hôte de marque, le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner et son secrétaire d’Etat Laurent Nunez, à la Grande Mosquée de Paris, là même où a été inaugurée le 10 janvier dernier une exposition sur l’engagement historique des soldats musulmans pour la France.
Cette cérémonie s’est déroulée en présence du Préfet de Région et du Préfet de Police de Paris, des ambassadeurs des pays membres de l’OCI (Organisation de la Conférence Islamique) et de nombreuses personnalités à l’instar de l’ex-sénatrice Bariza Khiari, du président de l’Observatoire de la laïcité Jean-Louis Bianco, des représentants des mosquées et des fédérations musulmanes, ainsi que de divers cultes qui n’ont pas non plus manqué ce rendez-vous solennel comme Olivier Ribadeau Dumas, porte-parole de la Conférence des évêques de France.« L’année 2018 a été celle de la réflexion, 2019 sera celle de l’action », a assuré le président du Conseil français du culte musulman (CFMC), Ahmet Ogras face à l’assemblée. « Nous avons maintenant une nouvelle année devant nous pour persévérer dans nos travaux et aboutir à des résultats concrets », affirme-t-il, rappelant que le premier chantier de l’année – un défi de taille – est celui de la finalisation de la réforme du CFCM et la préparation des élections en juin.
« Dans une République où les mentalités et les aspirations ont évolué, il est nécessaire d’examiner le principe de laïcité », a déclaré le Ministre de l’Intérieur devant le Recteur de la Grande Mosquée de Paris Dalil Boubakeur. « Je suis convaincu qu’il faut répondre aux changements de la société et se questionner sur cet impensé français d’une loi de 1905 confrontée aux réalités de ce nouveau siècle et des débats que traverse l’islam. »
Dans l’esprit de la rencontre du 7 janvier avec les représentants du CFCM au Palais de l’Elysée, Christophe Castaner a tenté de rassurer les musulmans de France sur les intentions d’une réforme dont « le culte musulman n’est pas demandeur » et qui « ne doit nullement être entrepris contre une seule religion », comme l’a souligné Ahmet Ogras au cours de son allocution. Une inquiétude déjà formulée au cours de l’automne, motivée par la crainte que cette réforme ne conduise à une immixtion de l’État dans l’organisation interne des cultes.
« L’islam, comme chaque culte organisé, a toute sa place en France. Il n’y a pas d’incompatibilité entre prier Allah et aimer la République, a déclaré le ministre de l’Intérieur en préambule de son intervention. J’entends ceux qui ont peur d’une ingérence et affirment que l’État ne doit toucher ni à l’organisation ni aux principes des cultes. Je ne pense pas autre chose. »
« Il n’y aura aucun traitement différencié, ni traitement de faveur, ni stigmatisation », a-t-il poursuivi, avant d’affirmer que chaque culte s’inscrira dans le même cadre, et sera écouté et associé à cette réforme, dont l’objectif annoncé est triple : améliorer la transparence dans le financement des cultes, garantir le respect de l’ordre public, et renforcer la gouvernance des associations cultuelles.
D’après le ministre de l’Intérieur, d’autres aspirations auraient émergé au cours des assises territoriales de l’islam, consultation à l’échelle nationale tenues sur plusieurs semaines à la fin de l’été 2018 afin de préparer la réforme : améliorer la représentativité du culte musulman, et garantir la formation religieuse, académique et linguistique des imams. « Ce n’est évidemment plus le rôle de l’État, mais vous pourrez à chaque étape compter sur le soutien entier du ministère de l’intérieur », a nuancé Christophe Castaner.