CORONAVAC, LE VACCIN VIVANT ATTENUE DE LA CHINE, DEMONTRE SES CAPACITES IMMUNOGENES

 

CoronaVac, le vaccin contre le coronavirus élaboré par la Chine, se situe parmi les plus avancés. En attendant les premières annonces sur les essais cliniques de phase III en cours, les résultats des phases I et II viennent d’être publiés dans The Lancet. CoronaVac se base sur une stratégie historique : le vaccin vivant atténué.

La Chine travaille aussi d’arrache-pied à la confection d’un vaccin contre le coronavirus depuis ce printemps. Alors que Pfizer, la Russie et Moderna ont annoncé l’efficacité de leur poulain par voie de presse, le candidat-vaccin du laboratoire chinois Sinovac, qui commercialise déjà trois vaccins contre l’hépatite A, l’hépatite B et la grippe, avance aussi. Les résultats des phases I et II des essais cliniques de son CoronaVac viennent d’être publiés dans The Lancet Infectious Disease.

Évidemment, Sinovac n’a pas attendu la parution de ces résultats pour poursuivre sa route. La phase III a débuté en septembre dernier, notamment en Turquie et au Brésil. Par ailleurs, les essais avaient dû être interrompus à la suite d’un évènement sérieux inattendu ayant eu lieu en octobre parmi les participants de l’Institut Butantan, au Brésil. Le 11 novembre dernier, les autorités de santé brésiliennes ont autorisé la reprise des essais.

Le vaccin CoronaVac se base sur le même principe que les premiers vaccins de l’histoire, les vaccins vivants atténués qui consistent en l’injection d’une version affaiblie du SARS-CoV-2 pour stimuler le système immunitaire. Pasteur a utilisé cette méthode pour concevoir son vaccin contre la rage. Le vaccin BGC, qui protège contre la bactérie de la tuberculose (le bacille de Calmette et Guérin), est également un vaccin vivant atténué. Ces vaccins sont très immunogènes et confèrent une protection de longue durée, à tel point qu’ils sont parfois déconseillés chez les patients immunodéprimés, comme ceux atteints du Sida. Mais cela reste à confirmer dans le cas précis de CoronaVac.

Un essai clinique randomisé et en double aveugle

Les résultats parus dans The Lancet Infecitous Disease concernent à la fois la phase I et la phase II des essais cliniques. Les tests sont les mêmes, sauf que la phase II est menée sur un nombre plus important de personnes. Ici, une vingtaine pour la phase I dans chaque groupe, contre une centaine pour la phase II. Soit un total de 743 personnes, âgées de 18 à 59 ans, n’ayant jamais été contaminées par le SARS-CoV-2. Les scientifiques s’intéressent alors à la séroconversion induite par la vaccination, c’est-à dire l’apparition d’anticorps spécifiques au SARS-CoV-2 chez ces personnes autrefois naïves.

Deux doses vaccinales ont été testées : 3 et 6 µg de virus affaibli dans 0,5 millilitre d’hydroxyde d’aluminium. Un premier groupe a reçu une dose au jour 0 et au jour 14, et un second groupe au jour 0 et au jour 28. Chaque personne est assignée à un groupe au hasard (randomisation), et ni les médecins ni les patients ne connaissent le contenu de la seringue (double-aveugle). Enfin, les résultats obtenus sont comparés à un groupe placebo.

À l’issu de ce protocole de vaccination, les scientifiques ont étudié pour chaque groupe et chaque dose la tolérance, c’est-à-dire la survenue d’effets secondaires suite à l’injection, en plus de la séroconversion.

Les résultats de la séroconversion chez les différents groupes de l’essai clinique de phase 2. La présence des anticorps a été observée 14 et 28 jours après l’injection de la seconde dose du CoronaVac. La première colonne de résultats concernent la dose de 3 µg, la deuxième la dose de 6 µg, la troisième le groupe ayant reçu le placebo et la dernière les p-value. © Yanjun Zhang et al. The Lancet Infectious Disease

Un vaccin toléré et immunogène

Dans l’ensemble, la vaccination a été bien tolérée. Les effets secondaires les plus fréquents sont la douleur pour 20 à 25 % des participants, suivie de désagréments autour du site d’injection pour 25 à 30 % des participants, et cela qu’importe la dose injectée.

Concernant l’apparition des anticorps, les scientifiques ont suivi deux paramètres : les anticorps neutralisants et les anticorps spécifiques au RBD de la protéine S du SARS-CoV-2 14 et 28 jours après la seconde dose. Pour la centaine de personnes enrôlées dans la phase 2, la vaccination a produit des anticorps neutralisants chez plus de 90 % d’entre elles.

Réaliser une injection à J0, puis une seconde à J28 avec le vaccin concentré à 6 µg est la formule la plus efficace pour stimuler la production des anticorps : des anticorps neutralisants et des IgG anti-RBD ont été observés chez 100 % des personnes de ce groupe.

Ces essais cliniques ne se sont pas intéressés à la réponse immunitaire cellulaire (activation des lymphocytes T), mais cela sera étudié durant la phase III. À ce stade, impossible d’estimer l’efficacité du CoronaVac, il faudra attendre les premières conclusions de la troisième phase des essais cliniques.

Covid-19 : le vaccin testé sur le singe confirme les espoirs d’un traitement préventif pour l’humain

Les recherches sur un vaccin testé sur les singes se poursuivent. De nouvelles études semblent confirmer les premiers tests et sont prometteuses car ce sont les premières à démontrer que le singe développe une immunité protectrice contre le Sars-CoV-2. Encourageantes également parce qu’elles démontrent qu’un vaccin serait alors possible pour les humains.

Des singes vaccinés ou infectés par le nouveau coronavirus ont développé des anticorps leur permettant d’être protégés contre une nouvelle infection, selon deux études « prometteuses » malgré les grandes différences entre les macaques et les humains, publiées mercredi par le journal Science. « Nos découvertes accroissent l’optimisme qu’il sera possible de développer des vaccins contre le Covid-19», a souligné dans un communiqué Dan H. Barouch, le chercheur qui a mené les deux études au Beth Israel Deaconess Medical Center (BIDMC), à Boston.

« De nouvelles recherches seront nécessaires pour répondre aux questions importantes sur la durée de la protection » ainsi que les spécificités de vaccins contre le Sars-CoV-2 développés pour les humains, précise-t-il, tandis que la pandémie a déjà fait plus de 325.000 morts dans le monde depuis son apparition en décembre en Chine.

Ces études, « parmi les premières à démontrer que des primates non-humains peuvent développer une immunité protectrice contre le SARS-CoV-2, sont prometteuses », a salué la revue scientifique Science.

Prudence malgré ces résultats encourageants

Dans la première étude, neuf macaques adultes ont été infectés par un virus Sars-CoV-2. Après s’en être remis, ils ont été soumis à une seconde infection 35 jours plus tard. Tous n’ont alors montré que « peu ou pas de symptômes ».

« Ces données indiquent qu’une infection au Sars-CoV-2 a provoqué une immunité protectrice » chez les macaques, concluent ses auteurs tout en soulignant les « différences importantes » dans la contagion au coronavirus chez les macaques et les humains. Dans la seconde étude, les chercheurs ont donné des vaccins expérimentaux à 35 macaques adultes.

Lorsque ces singes ont été infectés par voie nasale par le Sars-CoV-2 six semaines plus tard, « ils présentaient des niveaux d’anticorps dans le sang suffisant pour neutraliser le virus en deux semaines », souligne Science.

Les réponses immunitaires seraient aussi très différentes

Ces niveaux étaient semblables à ceux détectés chez les humains en voie de rétablissement après avoir été contaminés par le nouveau coronavirus, d’après les chercheurs. « Ce sont des études très encourageantes », a réagi Lawrence Young, un chercheur à l’université de Warwick qui n’a pas participé aux travaux.

Mais les infections au nouveau coronavirus « seraient différentes chez les humains, notamment la capacité du virus à infecter de nombreux autres tissus et cellules chez les humains. Les réponses immunitaires seraient aussi très différentes », met-il en garde.

Coronavirus : un vaccin efficace testé chez le singe

Un puissant laboratoire chinois teste expérimentalement un vaccin chez le singe, affirmant qu’il est efficace. Ce sont, pour certains scientifiques, de sérieuses données pré-cliniques, mais il faut encore s’interroger sur l’efficacité à long terme de ce vaccin.

Un vaccin expérimental a, pour la première fois, « largement protégé » des singes contre le nouveau coronavirus, affirme un laboratoire chinois à l’origine de la recherche. Le vaccin, qui utilise des agents pathogènes inertes du virus à l’origine de la maladie Covid-19, a été administré à huit macaques rhésus, qui ont ensuite été artificiellement contaminés trois semaines plus tard, selon la recherche publiée par le géant pharmaceutique Sinovac Biotech.

Ce vaccin expérimental protège efficace les singes contre le nouveau coronavirus ou diminue fortement sa charge virale, d’après le laboratoire chinois.

Aucune trace détectable du virus

« Les quatre macaques qui ont reçu le vaccin à haute dose n’avaient aucune trace détectable du virus dans les poumons sept jours après leur contamination », assure le laboratoire qui a publié ces résultats le 19 avril sur le site bioRxiv. Quatre autres singes, à qui le vaccin a été administré à moins forte dose, présentaient une hausse de leur charge virale dans l’organisme mais parvenaient néanmoins à résister à la maladie. Ces résultats doivent encore faire l’objet d’une revue par les pairs avant d’être validés par la communauté scientifique.

Sinovac, une entreprise cotée au Nasdaq, a entamé des essais cliniques du même vaccin chez l’Homme depuis le 16 avril. Interrogé par l’AFP, le laboratoire s’est refusé à tout commentaire à ce sujet. « Il s’agit des premières données pré-cliniques sérieuses que je vois à propos d’un vaccin expérimental », a commenté sur Twitter le virologue Florian Krammer, de l’École Icahn de médecine à New York. « La question est de savoir si cette protection dure longtemps », observe l’immunologiste Lucy Walker, de l’University College à Londres.

Deux autres vaccins chinois expérimentaux en cours

Outre le projet de Sinovac, Pékin a approuvé deux autres vaccins expérimentaux lancés d’une part par l’École militaire des sciences médicales et le groupe de biotechnologie CanSino, coté à Hong Kong, et d’autre part, par l’Institut de produits biologiques et l’Institut de virologie de Wuhan, la ville où le coronavirus a fait son apparition à la fin de l’an dernier. Le laboratoire américain Moderna avait annoncé simultanément mi-mars procéder également à des essais cliniques pour un vaccin expérimental aux États-Unis.

Les groupes pharmaceutiques et les laboratoires de recherche à travers le monde se sont lancés dans une course contre la montre pour développer traitements et vaccins contre le Covid-19. L’épidémie a tué plus de 190.000 personnes avec près de 2,7 millions de personnes contaminées, en utilisant une variété de nouvelles technologies. Le délai estimé pour un vaccin est de 12 à 18 mois minimum.

Source : https://www.futura-sciences.com/sante/actualites/coronavirus-coronavac-vaccin-vivant-attenue-chine-demontre-capacites-immunogenes-80745/