Alors que sa feuille d’érable emblématique tremble sous les assauts du Coronavirus et à l’annonce de prévisions catastrophistes émises récemment par Theresa Tam, la responsable de la Santé publique – 11 000 à 22 000 personnes pourraient succomber à la pandémie – le Canada se prépare, malgré tout, à accueillir le Ramadan sur ses vastes étendues. Un Ramadan unique à bien des égards.
C’est au moment où le mois béni entre tous s’apprête à s’inviter dans les foyers musulmans que le Covid-19 frappe violemment aux portes de tous les pays. Ce télescopage brutal, qui provoque consternation et effroi, oblige les Canadiens de confession musulmane à réinventer, eux aussi, la célébration de cette parenthèse enchantée, à l’heure d’un confinement quasi universel.
Pour les musulmans de Calgary, la cité phare et métissée de l’Alberta, rien ne saurait les empêcher de vivre intensément ce mois sacré de la Révélation coranique, placé sous le signe de l’adoration, de la contemplation, du don et du partage.
A l’abri de l’ennemi invisible qui sévit dehors, et bien que pleinement conscients qu’il leur sera impossible d’accomplir ensemble, dans les mosquées, la prière nocturne de Tarawih, fortement recommandée et emplie de mérites, et de se rassembler autour d’iftars conviviaux, ils sont persuadés que ce Ramadan 2020 aura une portée hautement significative.
Et ce n’est pas Cheikh Fayaz Tilly, l’imam principal du Centre islamique Akram Jomaa Islamic, qui les démentira, puisqu’il en est lui-même intimement convaincu et qu’il ne cesse de conforter dans ce sens l’ensemble des fidèles. De cette épreuve de l’éloignement, la foi en Dieu en sortira revivifiée, les cœurs battront plus que jamais à l’unisson et les liens familiaux et intracommunautaires s’en trouveront resserrés comme rarement, tel est son credo.
« Je veux croire que ce Ramadan sera un grand Ramadan, malgré le virus et ses ravages, malgré le nécessaire confinement qui nous éloigne les uns des autres. Nous ne nous rassemblerons pas dans nos mosquées pour prier ensemble, nous ne nous attablerons pas autour de grands et alléchants iftars, mais nous resterons liés par une puissante communion de pensée et de cœur », a-t-il déclaré.
« Nos prierons les uns pour les autres, mais aussi pour toutes celles et ceux qui sont en première ligne dans le difficile et périlleux combat qu’ils livrent contre le virus, afin de sauver nos vies, qu’ils soient médecins, infirmières, aides-soignants ou employés dans des grandes surfaces et autres activités essentielles. Ce sera aussi l’occasion de mieux se connaître soi-même », a-t-il ajouté.
Le Covid-19 a beau poursuivre sa mortelle randonnée au pays de l’érable, il n’empêchera pas que l’esprit de Ramadan règne dans les foyers musulmans et les éclaire de sa chaude lueur, celle de la proximité renforcée avec le Très-Haut.
OUMMA