L’Afrique a été tardivement affectée par la pandémie de coronavirus, mais leur nombre a rapidement augmenté. On comptait, mardi 17 mars avant minuit, 462 cas sur l’ensemble du continent, dont 166 en Égypte. La prise de conscience s’accélère, de la part en tout cas des pouvoirs publics. Les mesures prises sont globalement similaires à celles prises dans les pays touchés dans l’hémisphère nord. Tour d’horizon non exhaustif.
■ Au Cameroun, le gouvernement a annoncé un train de mesures pour tenter de freiner la propagation du virus dans le pays. Des restrictions qui prennent effet dès ce mercredi. Dans une déclaration lue à la télévision nationale sur un ton grave et solennel, le Premier ministre Joseph Dion Ngute a indiqué les dispositions suivantes, en vigueur dès ce mercredi :
– les frontières terrestres, aériennes et maritimes du pays sont fermées
– la délivrance de visa d’entrée au Cameroun est suspendue
– les écoles – tous cycles confondus, de la maternelle au supérieur, du public comme du privé – sont désormais fermées.
– les rassemblements de plus de 50 personnes sont interdits sur le territoire nationale
– les lieux de loisirs, les bars et autres restaurants bénéficient quant à eux d’une forme de sursis mais ne peuvent être ouverts au-delà de 18h.
Si le gouvernement n’a pas instruit un confinement total des populations chez elles, il recommande que les déplacements urbains et inter-urbains soient réduits aux cas d’extrêmes nécessités. Il reste maintenant aux populations à s’approprier ce train de mesures, alors que le pays a vu ces dernières heures son nombre de malades comptabilisé à 10. (Correspondance Polycarpe Essomba)
■ S’il n y a aucun cas de virus Covid-19 connu au Niger, le gouvernement a tout de même pris dix mesures préventives. Car le pays n’est pas à l’abri de la contagion, a indiqué le président Issoufou dans une adresse à la nation.
Côté sanitaire, les diagnostics seront gratuits, tout comme la prise en charge des malades. Le plan d’urgence sanitaire sera révisé et sera financé à hauteur d’un milliard de francs CFA.
Le gouvernement ferme pour quinze jours renouvelables, à partir de jeudi 19 mars, les deux aéroports de Niamey et Zinder, à l’exception de vols domestiques militaires, sanitaires, et les avions cargos. Idem pour les frontières terrestres : fermeture deux semaines dès jeudi. Dans le domaine scolaire, tous les établissements, des écoles aux universités, seront closes, à partir du 20 mars minuit. Même topo pour les lieux de loisirs. Tout rassemblement de plus de cinquante personnes est prohibé.
Concernant les cultes, le gouvernement a initié des concertations avec les religieux, afin d’arrêter des mesures d’accès aux lieux de cultes. (Correspondance Moussa Kaka)
■ Aucun cas n’a été décelé non plus au Mali, contrairement à six des sept pays frontaliers. Mais Bamako préfère prévenir et un Conseil supérieur de défense s’est tenu mardi sous la présidence d’Ibrahim Boubacar Keita, avec des scientifiques, le Premier ministre et des ministres notamment ceux de la Défense et de la Santé.
Parmi les mesures annoncées : la suspension des vols commerciaux en provenance des pays touchés (sauf cargos), la fermeture des écoles publiques, privées et confessionnelles, y compris les medersas. Et ce pendant trois semaines.
Suspension également des regroupements publics de plus de cinquante personnes sur le territoire national. Rien ne précise, sur le communiqué officiel, que la campagne des législatives est suspendu.
IBK a ordonné la mise à disposition de 6 milliards de francs CFA pour faire face à la situation. (Correspondance Serge Daniel)
■ Au Soudan mardi 17 mars au soir, le ministre de la Santé a affirmé qu’il n’y avait pas de nouveau cas depuis le décès d’un homme d’une cinquantaine d’années la semaine dernière. Néanmoins 54 personnes sont sous surveillance. Ils rentrent de pays où le virus est présent, a expliqué le ministre, sans plus de précisions.
Khartoum, qui se relève doucement d’un changement radical de régime, a donc déclaré « l’état d’urgence sanitaire » pour lutter contre la propagation du virus. Les aéroports, les ports et les frontières terrestres du pays sont fermés jusqu’au 31 mars. La décision, effective dès son annonce lundi soir, a pris de court les Soudanais en voyage. Le gouvernement n’a pour le moment pas de solution pour ceux qui sont bloqués à l’étranger.
Le rythme de la vie quotidienne a ralenti depuis quelques jours, puisque les autorités avaient déjà choisi de fermer les écoles, les universités ainsi que tous les centres de formation. Les événements sportifs sont également interdits. Autant de mesures drastiques prises pour préserver son système de santé fragilisé par trente ans d’isolement.
■ Les mesures à prendre, c’est aussi faire face à la désinformation volontaire ou non, propice à ce genre d’évènements, ou aux actes délictuels comme les vols ou escroqueries. Le Kenya par exemple livre bataille. Le pays a recensé quatre personnes atteintes du Covid-19 au mardi 17 mars. Dans le même temps, les autorités ont interpellé une série d’individus accusés de profiter de la crise sanitaire pour se faire de l’argent ou créer un sentiment de panique. Dans son discours à la nation dimanche, le président Kenyatta avait averti : tous ceux qui profiteront de la crise pour se faire de l’argent ou susciter la panique seront sévèrement punis.
Ainsi un homme de 23 ans a été interpellé lundi dans l’est du pays après des messages sur Twitter. Il accusait le gouvernement d’avoir menti sur le premier cas de Covid-19 enregistré dans le pays. Il risque 50 000 dollars d’amende ou une peine jusqu’à dix ans de prison.
Dans la foulée, CKA, l’autorité régulant la concurrence, a ordonné à une chaîne de supermarchés de rembourser les clients, après avoir augmenté de 20% le prix du gel hydro-alcoolique. Un millier de clients sont concernés. CKA accuse Cleanshelf d’avoir « profité de sa position au détriment des clients ne pouvant plus marchander avec la découverte des premiers cas de coronavirus au Kenya ». L’entreprise s’est excusée tout en rejetant la faute sur un de ses salariés qui aurait pris une initiative sans consulter sa hiérarchie.
Enfin troisième cas en moins de deux jours : une clinique dermatologique a été fermée et plusieurs employés arrêtés après une publicité affirmant que l’établissement disposait de kit à diagnostic rapide pour le Covid-19.
Venu sur place pour enquêter, un représentant du comité des médecins affirme que la clinique n’a pas le droit de vendre ce type de kits. Les employés se sont retrouvés au tribunal hier matin. L’audience s’est tenue sur le parking de la Cour Milimani, à Nairobi, pour une demande de liberté sous caution, car les activités judiciaires sont suspendues pour au moins deux semaines. (Correspondance Sébastien Németh)
■ L’Afrique du Sud figure parmi les pays qui compte le plus de cas détectés sur le continent, 62 personnes infectées, derrière l’Égypte (166). Aussi la population commence-t-elle doucement à se préoccuper de l’épidémie. De plus de plus de magasins du pays voient défiler des clients qui font frénétiquement des provisions pour les prochaines semaines, dévalisant certains rayons. Un comportement qui n’est pas nécessaire selon les gérants de ces grandes surfaces.
Il y en a aussi que veulent faire de stocks de médicaments contre les rhumes ou la grippe, achetant tout cela de façon totalement non justifiée. Nous essayons de les informer, de leur conseiller de n’utiliser des masques que s’ils sont malades, pour éviter de contaminer les autres. Je ne conseille pas les gants, car la plupart des gens ne les utilisent pas correctement. Et pour le gel désinfectant, nous essayons d’encourager les gens à utiliser de l’eau et du savon à la place, et à n’utiliser le gel que dans les cas où ils n’y ont pas accès.
Cyril Ramaphosa entend intensifier la lutte contre le coronavirus en Afrique du Sud en fermant notamment les écoles à partir de ce mercredi 18 mars et en interdisant les rassemblements de plus de 100 personnes. (correspondance Claire Bargelès)
RFI