Libéré le 6 août en même temps que Simone Gbagbo, l’ancien ministre FPI Lida Kouassi a tenu des propos que certains jugent sectaires ou tribalistes.
Alors que les moindres gestes des cadres du Front populaire ivoirien (FPI) libérés le 6 août sont épiés et que, dans les cercles du pouvoir, certains s’inquiètent d’un possible retour des discours « ivoiritaires », les propos tenus le 14 août par Lida Kouassi sont pour le moins mal venus. Néanmoins, l’ancien ministre de Laurent Gbagbo les assume.
Ce jour-là, Lida Kouassi reçoit l’ancien député et responsable de la jeunesse du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), Kouadio Konan Bertin. Et s’exprime à la fin de leur entretien : « Je ne comprends pas pourquoi des personnes sont parachutées dans certaines localités pour être des élus de la Nation alors que le président Félix Houphouët-Boigny nous a appris la géopolitique. »
« Je ne peux pas comprendre, c’est personnel, le PDCI-RDA nous a dirigés pendant 42 ans. A Lakota (Centre-Sud), chaque fois que le PDCI-RDA voulait un candidat, pour le représenter et représenter le peuple Dida [le peuple issu de cette région, ndlr] à l’Assemblée nationale, il trouvait un Dida pour être le candidat du PDCI-RDA. Si on est Houphouëtiste on doit s’inspirer de cela. Aujourd’hui celui qui parle au nom des Dida de Lakota à l’Assemblée nationale s’appelle Kouyaté Abdoulaye. Je trouve inadmissible que celui qui parle au nom des Abbey à l’Assemblée nationale s’appelle Adama Bictogo, que celui qui parle au nom des Agni d’Aboisso s’appelle Sylla. »
La crainte du tribalisme
Ses propos, jugés sectaires et tribalistes, ont immédiatement suscité de nombreuses réactions. Joint par Jeune Afrique, Lida Kouassi assume, même s’il précise que « ce n’était pas le centre du débat. Je m’exprimais plus globalement sur la réconciliation nationale et la paix dans notre pays ».
Selon moi, celui qui représente une région à l’Assemblée nationale doit venir de cette région
« Mes propos ne s’appliquaient pas aux élections municipales, car les villes ivoiriennes sont aujourd’hui cosmopolitiques. Mais selon moi, celui qui représente une région à l’Assemblée nationale doit venir de cette région, c’est ce qui permet à toutes les communautés d’être représentées », explique-t-il.
« Aujourd’hui, notre Parlement est dominé par une seule communauté. Ça ne garantit pas la paix et la stabilité. Ce n’est pas une question de tribalisme. Il faut que toutes les régions de la Côte d’Ivoire soient représentées. A titre personnel, je ne comprends pas que le député d’Agboville s’appelle Adama Bictogo. Il n’est pas Abbey. Pareil à Lakota. Pourquoi le Rassemblement des républicains (RDR) n’a-t-il pas pu trouver un Dida pour représenter cette région ? »
Et de poursuivre : « Notre armée est mono-communautaire. Dans l’administration, c’est pareil. Mais dès qu’on ose en parler, on devient un ivoiritaire. Toute le monde sait que j’ai combattu l’ivoirité. »
Il y a aujourd’hui des courants politiques qui dont le discours est antagoniste
Applaudi par une partie de l’électorat du FPI, le discours de l’ancien ministre de Laurent Gbagbo inquiète certains observateurs. « Il y a aujourd’hui dans notre pays des courants politiques dont le discours est antagoniste, leur version du nationalisme tend à l’exclusion où il serait préférable de se réapproprier positivement la nation en étant plus ouverts et inclusifs », estime Franck Hermann Ekra, membre du bureau politique du PDCI.
Les dents grincent même au FPI. Le jour de leur libération, Lida Kouassi, Assoa Adou, lui aussi ex-ministre, et Simone Gbagbo, l’ancienne Première dame, ont tenu des discours offensifs que certains cadres du parti ont peu appréciés. « Nous comprenons qu’ils s’expriment ainsi après leur passage en prison. Mais nous n’avons pas totalement la même vision. Il faut faire attention à la forme », s’inquiète l’un deux.
Par jeuneafrique